Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, une richesse insoupçonnée
Reflet de l’histoire, le caractère urbain de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve est fortement hétéroclite. De cette diversité, tant sociale que géographique, l’arrondissement construit son identité.
Hétérogène, l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve recoupe deux réalités géographiques et historiques différentes : d’un côté, le secteur Hochelaga-Maisonneuve, plus rapidement intégré au tissu urbain montréalais, et de l’autre, celui de Longue-Pointe (aujourd’hui Mercier) qui a plus longtemps gardé son caractère villageois et des liens très étroits avec le fleuve.
Territoire majoritairement anglophone au début du XIXe siècle et comptant une bonne proportion d’artisans et de marchands, Hochelaga reçoit progressivement une population d’ouvriers agricoles francophones. Ceux-ci vont constituer les premières cohortes de travailleurs dans les manufactures qui s’installent dans cette zone à partir de la création de la ville en 1870. Parallèlement à ce phénomène, des marchands et des professionnels de Montréal s’établissent sur la rue Notre-Dame à Hochelaga et à Longue-Pointe, et font construire de magnifiques villas avec vue sur le fleuve.
Hochelaga est rapidement annexée à Montréal en 1883, sauf la partie est qui devient la ville de Maisonneuve. Littéralement créée par des promoteurs fonciers, Maisonneuve attirera de nombreuses manufactures qui en feront la seconde ville industrielle au Québec en 1911. Une bourgeoisie francophone y fera ériger la plus grande concentration de bâtiments publics de style Beaux-Arts à Montréal en s’inspirant du mouvement urbanistique City Beautiful.
À partir de 1960, la population chute dramatiquement à cause de la désindustrialisation et des démolitions liées au projet de l’autoroute est-ouest. Originellement quartier ouvrier, Hochelaga-Maisonneuve change et, à la fin du XXe siècle, son activité est basée sur l’économie sociale. S’y côtoient aujourd’hui une population ancienne et généralement défavorisée et une population plus jeune, plus riche et plus éduquée qui cherche à marquer le territoire de son empreinte.
De son côté, au début du XXe siècle, Longue-Pointe est séparé du reste de l’arrondissement par des voies ferrées et des usines situées à l’ouest du quartier. Des promoteurs fonciers vont tenter d’imiter l’exemple de Maisonneuve, mais avec beaucoup moins de succès. Le cœur du village, en harmonie avec le fleuve, vit en quasi-autarcie et disparaît avec la construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui apparaît comme une plaie béante au milieu de ce qui est devenu le quartier Mercier. Cependant, le Village Champlain, aménagé aux débuts des années 1950, constitue un bel exemple de banlieue à l’américaine avec services intégrés.
De plus en plus conscient des richesses de son patrimoine, l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve cherche une nouvelle identité en ce début de XXIe siècle.
Ce dossier de Mémoires des Montréalais portant sur l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve est issu d’une collaboration avec l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Au cours des semaines à venir, d’autres textes l’enrichiront.