Les Européens de l’Ouest et du Sud : petite histoire d’une immigration séculaire
Qu’ils soient parmi les fondateurs de la ville ou arrivés au XXIe siècle, les immigrants de l’Ouest et du Sud de l’Europe colorent Montréal de leur présence séculaire.
Port 1830
Après avoir contribué de manière indélébile à établir une population en Amérique du Nord, l’immigration française est interrompue par la prise de pouvoir anglaise (1763). Aux côtés des Français se trouve une immigration marginale principalement composée de gens de souches européennes, dont des Portugais, Allemands, Irlandais et Écossais. Montréal, qui n’est alors qu’une petite ville coloniale, est composée de ces migrants qui restent ou qui passent.
Les îles Britanniques à l’honneur
Inondation Griffintown 1873
Les Irlandais se démarquent particulièrement par leur arrivée massive à partir de 1815. En 1831, ils représentent le quart de la population de Montréal. Majoritairement catholiques et d’origine modeste, ils s’installent dans les quartiers ouvriers de l’ouest et de l’est de Montréal, comme Goose Village, Griffintown, Pointe-Saint-Charles et Frontenac.
Une minorité d’Irlandais, souvent de confession protestante, vit aux côtés des Écossais et des Anglais qui appartiennent généralement aux classes plus aisées, allant de l’ouvrier qualifié au grand commerçant. Plusieurs se démarquent par leur héritage, tels que l’Écossais James McGill qui lègue un terrain et l’argent nécessaires à la construction d’un collège appelé à devenir une université de renom.
McGill 1871
Boum industriel et migratoire
À la fin du XIXe siècle, le Canada connaît un boum industriel et une expansion territoriale sans précédent. Face au besoin de main-d’œuvre, le gouvernement fédéral met en place un vaste programme d’immigration et élargit son bassin d’immigrants à certains pays européens, tout en conservant une préférence assumée pour les régions à prédominance caucasienne. Entre 1896 et 1914, le Canada accueille plus de trois millions d’immigrants. Durant cette période, les nouveaux arrivants gagnent par milliers le port de Montréal. Beaucoup sont de passage, en attendant de continuer leur voyage vers l’ouest, mais plusieurs décident de s’établir sur l’île.
Travailleurs 1913
Place à la diversité
Les deux conflits mondiaux, accompagnés de crises économiques, ralentissent l’immigration. Il faut attendre la période de prospérité de l’après Seconde Guerre mondiale pour observer une reprise substantielle des arrivées. Les pays européens, souvent dévastés par la guerre, représentent toujours la source principale d’immigrants au Canada, spécialement l’Europe du Sud.
Vasilios Karagiannidis
Dans les années 1960 et 1970, le Canada et le Québec modifient leurs politiques discriminatoires au profit d’une plus grande ouverture sur le monde. Les immigrants européens sont alors détrônés en faveur des nouveaux arrivants des pays du Sud, comme Haïti, de l’Afrique du Nord, particulièrement les régions du Maghreb, ou de l’Orient, comme les Vietnamiens. Bien que moins importantes, les arrivées en provenance d’Europe demeurent stables. Au début des années 2000, les pays affligés par la crise ou le recul économique, tels que la Grèce, le Portugal et la France, connaissent un regain d’émigration vers le Canada et ses grands centres urbains.
En 2011, le gouvernement du Québec a réalisé une enquête auprès des ménages de la province. Sur une base volontaire, les gens ont témoigné de leur origine. Selon les résultats de cette enquête :
- environ 78 500 Montréalais se déclarent d’origine allemande;
- environ 29 000 Montréalais se déclarent d’origine belge;
- environ 114 000 Montréalais se déclarent d’origine écossaise;
- environ 63 000 Montréalais se déclarent d’origine espagnole;
- environ 7500 Montréalais se déclarent d’origine galloise;
- environ 67 000 Montréalais se déclarent d’origine grecque;
- environ 224 000 Montréalais se déclarent d’origine irlandaise;
- environ 264 000 Montréalais se déclarent d’origine italienne;
- environ 15 000 Montréalais se déclarent d’origine néerlandaise;
- environ 4000 Montréalais se déclarent d’origine norvégienne;
- environ 48 000 Montréalais se déclarent d’origine portugaise;
- environ 4000 Montréalais se déclarent d’origine suédoise;
- environ 12 000 Montréalais se déclarent d’origine suisse;
- environ 46 540 Montréalais sont dénombrés à titre d’immigrants nés en France;
- environ 11 740 Montréalais sont dénombrés à titre d’immigrants nés au Royaume-Uni.
BERTHIAUME, Guy et al. (dir.). Histoires d’immigrations au Québec, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2012, 256 p.
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA. « Histoire de l’immigration : groupes ethniques et culturels », [En ligne], 13 novembre 2015. (Consulté le 06 juin 2016).
http://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/immigration/histoire-ethniques-cu...
LINTEAU, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération, 2e édition, Montréal, Boréal, 2000, 627 p.
LINTEAU, Paul-André. « Quatre siècles d’immigration française au Canada et au Québec », dans JOYAL, Serge, et Paul-André LINTEAU, (dir.), France-Canada-Québec. 400 ans de relations d’exception, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2008, p. 165-181.
LINTEAU, Paul-André. « Les grandes tendances de l’immigration au Québec (1945-2005) », Migrance, no 34, 2009, p. 30-42.