Au début du XIXe siècle, le modeste port de Montréal est inadapté aux ambitions commerciales de la métropole grandissante. Il sera pourtant le principal port céréalier nord-américain en 1926.
Port - plan de la ville 1717
Sur les berges du havre
Port - vue 1800
Le port, en tant qu’institution, n’existe que depuis 1830. Auparavant, c’est à peine si le terme de port pouvait être utilisé pour désigner le ramassis de petits quais de bois qui se détachaient de la berge malpropre. D’ailleurs cette berge boueuse empêchait tout navire ayant un tirant d’eau raisonnable de s’approcher de la rive. Notamment, les bateaux à vapeurs, qui fréquentaient Montréal depuis 1809, ne pouvaient que s’ancrer au large de l’île du Marché (ou îlot Normant). Le déchargement et l’embarquement des marchandises s’effectuaient donc à l’aide de radeaux. Cette situation rudimentaire et anarchique est vite devenue intolérable pour les marchands réunis depuis 1822 au sein du nouveau Board of Trade.
Port - vue Montréal 1889
L’ouverture du canal de Lachine en 1825 amène un nombre encore plus important d’embarcations dans le port, où la marchandise et les passagers des navires les plus imposants doivent être transbordés vers les bateaux plus petits qui emprunteront le canal pour continuer leur voyage. Des transformations majeures s’imposent! Fondée le 8 mai 1830, la Commission du havre naît donc du désir des marchands de doter Montréal d’installations portuaires dignes de l’importance commerciale grandissante de la métropole canadienne.
L’évolution du port
Port - silo
Port 1966
Le domaine du vrac, et plus particulièrement du grain, connaît aussi un essor considérable : en 1926, Montréal est le principal port céréalier en Amérique du Nord avec une exportation annuelle de 135 millions de boisseaux de grain (1 boisseau = 36,36 litres) contre 75 millions à New York. Ce développement pousse les commissaires à faire bâtir d’importants élévateurs à grain. Le premier a été ouvert en 1904 et le dernier en 1982. Seulement trois de ces élévateurs subsistent encore de nos jours, dont un seul est encore en activité : le silo no 4, situé près de la rue Notre-Dame dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. L’emblématique élévateur à grain no 5, construit à partir de 1903 près de l’entrée du canal de Lachine, a quant à lui cessé ses opérations en 1995.
Depuis 1983, le port de Montréal fait partie d’une structure nationale appelée « Ports Canada » qui gère les principaux ports canadiens. Si Montréal perd sa place de principale porte d’entrée maritime du pays au profit de Vancouver durant le dernier quart du XXe siècle, elle demeure quand même la championne du transport conteneurisé. Port de mer à plus de 1500 km de l’océan, le port de Montréal reste la porte d’entrée privilégiée pour le cœur de l’Amérique.
Cet article est paru dans le numéro 21 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il a été mis à jour en 2015 par Charles Turgeon.
Face à la place Royale dans le Vieux-Montréal, il y a, non pas un trésor englouti, mais plutôt une petite île submergée qui sert aujourd’hui de fondation au quai Alexandra. Connue généralement sous le nom d’îlot Normant, du nom de Louis Normant de Faradon, supérieur des Sulpiciens au XVIIIe siècle, elle se trouve sur divers plans anciens du port de Montréal, portant plus de 15 noms différents. Tantôt appelée île du Marché ou encore île aux Huîtres, cette île est certes un morceau englouti de l’histoire de Montréal...
DESJARDINS, Pauline. Le Vieux-Port de Montréal, Montréal, éditions de l’Homme, 2007, 266 pages.