Du fortin de l’époque française à la forteresse britannique, l’histoire militaire de l’île Sainte-Hélène est séculaire. Et aujourd’hui encore, sa vocation muséale est liée à son passé guerrier.
Île Sainte-Hélène - 1801
À la suite de la guerre canado-américaine de 1812-1814, les autorités britanniques jugent prudent de restructurer le système de défense de la colonie. Pour ce faire, on élabore un réseau de fortifications, non seulement sur le bord du Saint-Laurent, mais aussi le long de la rivière Richelieu, une voie d’invasion souvent empruntée par les Américains. C’est dans ce contexte que le gouvernement britannique se porte acquéreur, en 1818, de l’île Sainte-Hélène, jusqu’alors une possession de la famille Lemoyne.
Sous les recommandations du duc de Wellington, à l’époque grand maître de l’artillerie britannique, le lieutenant-colonel Elias Walker Durnford, ingénieur militaire, conçoit un ensemble fortifié sur l’île. De même nature que la citadelle de Québec, il s’agit essentiellement d’une forteresse entourée d’une batterie de canons. Elle se compose d’un arsenal (dépôt de munitions), d’une poudrière, d’une armurerie et de casernes pouvant loger jusqu’à 274 soldats. Les travaux commencent en 1820 et dureront quatre ans. Les militaires s’en serviront jusqu’en 1870, année où l’armée britannique remet l’île au gouvernement canadien.
Séculaire fonction militaire
Île Sainte-Hélène
Outre sa fonction de garnison, le fort de l’île Sainte-Hélène a connu des utilisations diverses au cours des ans. En raison de son isolement, il est converti en hôpital lors de l’épidémie de choléra de 1830. Pendant la Première Guerre mondiale, bien que l’île soit devenue un parc municipal depuis 1905, les installations retrouvent leur vocation première de dépôt de munitions. Le fort de l’île Sainte-Hélène a aussi été fréquemment utilisé en tant que prison. D’abord en 1845, on transforme le corps principal de l’arsenal en prison militaire pour desservir tout l’est du pays. Ensuite, lors de la Deuxième Guerre mondiale, le fort sert de camp de prisonniers. Entre 1939 et 1945, près de 250 prisonniers politiques y sont incarcérés, pour la plupart des sympathisants présumés des dictatures fascistes d’Europe.
Reconversion et continuité
Île Sainte-Hélène - musée Stewart
Hormis cet ensemble, la poudrière de la Vallée des Ormes (aujourd’hui abandonnée) et un petit cimetière militaire composent le reste des vestiges de l’utilisation militaire de l’île, le blockhaus ayant été détruit pour la troisième fois par un incendie en 1997. Quant à la tour de Lévis, construite en 1936-1937 comme réservoir d’eau d’une capacité de 4500 hectolitres, elle n’a de militaire que son style architectural!
Cet article est paru dans le numéro 35 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.