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L’Université McGill, une pionnière montréalaise

02 mai 2024

Fondée il y a plus de deux siècles grâce à un don de James McGill, l’université McGill est alors précurseure dans bien des domaines. Son expansion lui a assuré une notoriété internationale.

James McGill (1744-1813) est une figure connue de l’histoire de Montréal. Toutefois, les historiens ne savent pas avec exactitude quand il immigre au Canada. Selon les sources, il est présent dans la ville en 1766, avant d’en faire son lieu de résidence permanent en 1775. Homme d’affaires aguerri, il fait fortune dans le commerce des fourrures, notamment.

En 1776, il convole en justes noces avec Charlotte Trottier Desrivières avant d’acquérir, peu après, une première résidence, la maison Bécancour, située près de l’ancienne maison du gouverneur Claude de Ramezay. Vingt ans plus tard, en 1797, il devient propriétaire d’une ferme de 46 acres dans la campagne montréalaise, à proximité du mont Royal : Burnside Place. Cette propriété joue un rôle fondateur dans l’établissement de l’Université McGill, pionnière de l’enseignement supérieur à Montréal.

La fondation de l’Université McGill

Université McGill 1860

Gravure sur laquelle deux bâtiments sont visibles au bout d’une allée bordée d’arbres. Le bâtiment à l’avant-plan est surmonté d’une coupole. Une carriole est à droite, vers le centre de l’image.
John Henry Walker, McGill College, Montreal, BAnQ numérique.
L’année 1801 marque la fondation de la Royal Institution for the Advancement of Learning, c’est la genèse de ce qui deviendra l’Université McGill. En 1813, James McGill meurt. Son testament prévoit un don de 10 000 livres sterling et le legs de Burnside Place pour la création d’un établissement d’enseignement. Selon les modalités prévues, c’est la Royal Institution qui a le mandat d’administrer cette entreprise qu’elle doit mettre sur pied dans la décennie suivant le décès de McGill. Rapidement, une voix s’oppose à ce legs, celle de Francis Desrivières, neveu du défunt. Ce n’est qu’en 1835 que la justice donne raison à la Royal Institution. Entre-temps, cette dernière s’attèle à la tâche de mettre sur pied l’école prévue par McGill.

Le 31 mars 1821, le University of McGill College est officiellement créé alors qu’il obtient une charte royale l’autorisant à opérer en sol montréalais. Si le projet existe bel et bien sur papier, la réalité est autre. En effet, la chose prend du temps à se mettre en branle, et un directeur n’est nommé que trois ans plus tard : le révérend George Jehoshaphat Mountain, futur évêque anglican de Québec. On profite également de l’occasion pour embaucher les quatre premiers enseignants de McGill.

La première faculté du collège est celle de médecine alors que la Montreal Medical Institution, d’abord affiliée à l’Hôpital général de Montréal, est rattachée à McGill. Le 24 juin 1829, les premiers étudiants entrent à Burnside Place. En 1833, William Leslie Logie est le premier titulaire d’un diplôme de McGill qui lui décerne, par la même occasion, le premier doctorat en médecine du Canada. Il faut attendre près de 15 ans pour qu’une seconde faculté voie le jour, celle des arts. Elle logera dans le premier bâtiment institutionnel de l’université, situé sur la rue Sherbrooke Ouest, encore bien reconnaissable grâce à sa coupole et à son entrée à colonnade. Il remplace Burnside Place devenue trop étroite pour la communauté étudiante. Le 6 septembre 1843, ce sont 20 étudiants qui y commencent leurs études. Burnside Place sera démolie en 1860.

L’Université McGill est une institution anglophone, non confessionnelle et qui, tout au début, n’accepte que des étudiants masculins. Les premières femmes, les Donaldas, sont admises en 1884. Elles sont alors une vingtaine d’étudiantes. Parmi elles, huit recevront leur diplôme quatre ans plus tard. Encore une fois, McGill fait figure de pionnière en étant le premier établissement à institutionnaliser l’enseignement supérieur des femmes à Montréal.

Le développement urbain depuis la fondation

Université McGill vers 1873

Photographie en noir et blanc montrant un espace parsemé de plusieurs bâtiments d’envergure. À droite, vers le centre, un grand bâtiment est composé de deux ailes latérales. Le corps central est surmonté d’une coupole. Une montagne est à l’arrière-plan.
Musée McCord Stewart, MP-0000.106.1
L’Université McGill constitue l’un des pôles d’attraction de l’urbanisation au pied du mont Royal. Au fil du temps, elle viendra à marquer la frontière entre le Mile carré doré (Golden Square Mile) et le quartier Milton Parc. C’est au cours de la seconde moitié du XIXe siècle que le campus se développe et que de nouveaux bâtiments sont construits. On doit l’épanouissement de McGill à cette époque à son directeur, sir John William Dawson, qui occupe cette fonction de 1855 à 1893. C’est Dawson qui stimule le premier rayonnement de l’université à l’extérieur de Montréal. Grâce à son travail, il attire des professeurs étrangers, mais aussi des étudiants venus des États-Unis et d’outre-Atlantique.

Cette phase de croissance dure jusque dans les années 1920. Une seconde phase de construction a lieu dans l’après-guerre puis une autre dans les années 1990. La rue Burnside, en hommage à la propriété de James McGill, est intégrée au boulevard de Maisonneuve en 1966.

Références bibliographiques

COOPER, John Irwin. « McGill, James », Dictionnaire biographique du Canada, volume 5, 1983. (Consulté le 18 février 2023).

FROST, Stanley B. « Université McGill », Encyclopédie canadienne, 2012 (mis à jour en 2016). (Consulté le 18 février 2023).

« McGill College », The Montreal Gazette, lundi 29 juin 1829, p. 2-3.

UNIVERSITÉ MCGILL. « Naissance d’une université », Histoire en vedette, À propos de McGill, sans date. (Consulté le 18 février 2023).