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Les États-Unis et l’URSS face à face à l’Expo 67

26 avril 2017

En 1967, la rivalité États-Unis–URSS oriente les relations internationales, accapare les esprits et s’impose jusqu’à l’Exposition de Montréal, où les pavillons des deux pays fascinent.

Expo 67 - pavillons USA et URSS

Le monorail devant les pavillons de l’Union Soviétique et des États-Unis
Don des Sœurs Grises, Centre d’histoire de Montréal, no 86.
En 1967, la relation entre les États-Unis et l’URSS nourrit les manchettes internationales. D’une part, les deux pays sont en guerre froide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et, parallèlement, ils sont engagés dans une même course pour la conquête de l’espace. Qui foulera le sol lunaire en premier, affirmant ainsi sa suprématie? Nul ne le sait encore.

Les deux grandes puissances exercent alors une fascination partout sur la planète. Pas surprenant que, parmi les 61 pays présents à l’Expo 67, leurs pavillons soient les plus visités, mis à part celui du Canada. Associés l’un à l’autre dans l’imaginaire collectif, les pavillons des deux pays ont été placés à proximité sur le site par les organisateurs de l’Expo. Mais, vu la précarité des relations des deux pays, ils sont séparés par un cours d’eau, qu’enjambe la bien nommée passerelle du Cosmos.

Le pavillon de l’URSS est le plus fréquenté, avec 13 millions d’entrées. Les visiteurs font la file durant des heures pour tenter de percer le mystère de ce pays méconnu, qui suscite la curiosité, mais inspire aussi la peur. Créé par l’architecte Mikhaïl Posokhine, l’immense bâtiment vitré est fort imposant de par sa forme et son envergure.

Honneur au premier homme dans l’espace

Expo 67. Pavillon URSS

Vue extérieure du pavillon de l'Union soviétique avec une foule qui circule devant.
Photo de Bill Cotter, collection privée.
À l’intérieur, le pavillon montre les innovations récentes réalisées par l’URSS, et son cinéma de 600 places présente des dizaines de documentaires. Parmi plusieurs sujets abordés, le cirque de Moscou et la troupe de ballet Bolchoï. Le pavillon comprend aussi le plus grand restaurant de l’Expo, avec 1100 places assises.

Mais c’est la présence de nombreux satellites, première génération d’engins placés en orbite autour de la Terre, qui impressionne petits et grands. Le visiteur s’attarde particulièrement devant le module de descente de Vostok 1, ce petit vaisseau qui a conduit le premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, en 1961. La mission a été couronnée de succès, et Youri a réussi à faire le tour de la Terre en un temps record de 89 minutes! Fiers de cet exploit, les Soviétiques profitent de l’Expo 67 pour le mettre en lumière. Mais le clou de leur exposition est sans aucun doute une reproduction de la surface de la Lune, qui permet au visiteur de faire comme s’il « marchait » sur l’astre lunaire. Comme dépaysement, on ne peut demander mieux.

Expo 67. Pavillon URSS intérieur

Vue intérieure du pavillon de l'URSS
Photo de Roger La Roche, collection privée.
De l’autre côté de la passerelle du Cosmos, le plus grand dôme géodésique au monde abrite le pavillon des États-Unis. D’une hauteur équivalente à un édifice de 20 étages, sa structure domine l’Expo 67. Créé par Richard Buckminster Fuller, ce pavillon révolutionne l’architecture moderne. Un total de neuf millions de visiteurs franchira ses portes.

À l’intérieur, tout est surdimensionné. D’immenses peintures, mesurant jusqu’à 28 mètres, sont l’œuvre de jeunes artistes qui redéfinissent l’art moderne, dont Roy Liechtenstein et Andy Warhol. Le visiteur peut aussi y admirer plusieurs photographies géantes de vedettes de cinéma, approcher une voiture taxi jaune sortie tout droit des rues de New York et découvrir de nombreux objets du Far West. La culture américaine y est étalée grandeur nature.

Objectif Lune

Expo 67 - pavillon USA

Vue extérieure sur le pavillon des États-Unis avec son environnement et des gens qui se promènent
Photo de Clément Brillant, collection privée.
L’excitation débute en empruntant l’escalier roulant le plus long au monde, qui mène sur la plate-forme Objectif Lune. Cet espace à aire ouverte, d’une hauteur de neuf étages, est réservé à l’exposition d’objets cultes appartenant aux fameux programmes spatiaux Apollo, Gemini et Mercury, dont la mission ultime est de réussir un vol habité vers la Lune. Des vaisseaux spatiaux sont suspendus à d’immenses parachutes qui les font flotter dans les airs, au-dessus des têtes des visiteurs. La vision est surréaliste.

Parmi les découvertes se trouvent des combinaisons d’astronautes et des repas servis dans l’espace. Mais ce qui rend l’expérience encore plus fascinante, ce sont les enregistrements sonores de communications entre la NASA et les astronautes lors des secondes qui précèdent le lancement d’un vaisseau, ainsi que les conversations avec les contrôleurs au sol.

Expo 67 - pavillon USA intérieur

Vue sur le module lunaire à l'intérieur du pavillon des États-Unis
Photo de Roger La Roche, collection privée.

Est-ce un pied soviétique ou américain qui se posera en premier sur la Lune? Allez savoir. Dans un discours historique prononcé en septembre 1962, le président des États-Unis John F. Kennedy promet que les Américains marcheront sur la Lune avant la fin des années 1960. Le pavillon des États-Unis veut convaincre les visiteurs de l’Expo 67 que leur président a raison. De même que l’approche présentée au pavillon de l’URSS démontre une confiance inébranlable envers le génie soviétique.

Le 20 juillet 1969, deux ans après la tenue de l’Expo, le vaisseau Eagle, de la mission Apollo 11, alunit en douceur sur la mer de la Tranquillité. Les astronautes Neil Armstrong et Edwin « Buzz » Aldrin marchent sur la Lune. La télévision transmet ces premiers pas historiques. Les images relèvent d’une scène de science-fiction.

Expo 67 célèbre en 2017 son 50e anniversaire. Malgré les années, les deux pavillons mythiques ont survécu au temps qui passe. Celui des États-Unis trône toujours sur l’île Sainte-Hélène; il abrite maintenant la Biosphère, un musée voué à l’environnement. Quant au pavillon soviétique, il a été démantelé l’année suivant l’Expo, puis reconstruit à Moscou, où il fait désormais partie du Centre panrusse des expositions.