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Saint-Gabriel et Saint-Charles, deux églises coude à coude

02 octobre 2017
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Ces deux imposantes églises, érigées l’une à côté de l’autre dans la rue du Centre, témoignent de la présence des communautés irlandaise et canadienne-française dans Pointe-Saint-Charles.

Lieu : 2157 et 2111, rue du Centre

Vers 1875 : Première chapelle catholique, installée sur la rue du Centre

Église Saint-Charles

Photo couleur de la façade de l'église Saint-Charles
Photo de Denis-Carl Robidoux. Centre d'histoire de Montréal.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le quartier Pointe-Saint-Charles est en expansion. Dès les années 1840, de nouvelles manufactures s’installent le long du canal de Lachine. En 1853, la compagnie de chemin de fer du Grand Tronc fait construire ses ateliers au sud de la rue Wellington. Le développement résidentiel de Pointe-Saint-Charles est bien amorcé dans les années 1860 : les anciennes terres agricoles de la congrégation de Notre-Dame sont cédées et subdivisées en lots afin d’accueillir les nouvelles familles du quartier.

Dans les années 1870, Pointe-Saint-Charles est traversé par le chemin de fer du Grand Tronc, séparant le quartier en deux. Outre la division géographique, ces deux espaces sont associés à différents groupes culturels. Au nord, Irlandais et Canadiens français catholiques sont majoritaires; au sud, se trouvent davantage de protestants.

Une chapelle pour chaque groupe

Églises Saint-Gabriel et Saint-Charles

Photo ancienne d'un bâtiment coiffé d'un clocher de chapelle.
Dans Le diocèse de Montréal à la fin du XIXe siècle (p. 365), Archives de l'Archevéché de Montréal.
En 1873, la paroisse Saint-Gabriel est érigée pour satisfaire les nombreuses familles irlandaises arrivées à Pointe-Saint-Charles après les années 1850. C’est la troisième paroisse irlandaise de la ville, après la paroisse Saint-Patrick et la paroisse Sainte-Anne, dans Griffintown. Certains documents mentionnent toutefois la création d’une nouvelle paroisse dans Pointe-Saint-Charles vers 1875, dirigée par l’abbé John-James Salmon. Quoi qu’il en soit, dans les années 1870, la paroisse Saint-Gabriel dessert toute la population catholique de Pointe-Saint-Charles, Irlandais comme Canadiens français. Ceux-ci se réunissent d’abord dans une petite chapelle située dans la rue du Centre, qui aurait été construite vers 1875. Sous la gouverne de l’abbé Salmon, la messe y est célébrée en anglais.

Église Saint-Charles - 1925

Intérieur d'une église.
Archives de la Ville de Montréal. VM94-Z1636.

Au début des années 1880, la population catholique du secteur a largement augmenté et la chapelle devient trop étroite pour les nombreux paroissiens. On suggère donc aux francophones de faire construire leur propre église pour remédier à la situation. Le 27 avril 1883, on crée une nouvelle paroisse, la paroisse Saint-Charles-Borromée. Une seconde chapelle en bois, elle aussi située dans la rue du Centre, est construite la même année et sera fréquentée par les Canadiens français jusqu’en 1890. La chapelle des francophones aurait été construite et financée grâce à l’aide de 200 familles du quartier.

Imposantes églises

Églises Pointe-Saint-Charles

Les églises Saint-Gabriel et Saint-Charles dans la rue Centre.
2017. Photo de Denis-Carl Robidoux, Centre d'histoire de Montréal.
Dans les années 1890 et au début du XXe siècle, les communautés irlandaise et canadienne-française vont remplacer leurs petites chapelles par de grandes églises qui seront érigées côte-à-côte dans la rue du Centre, entre les rues Island et Laprairie. En 1891, les Canadiens français y font construire l’église Saint-Charles, d’inspiration byzantine. Les Irlandais, quant à eux, font construire l’église Saint-Gabriel en 1890. En 1900, un livre décrivant le diocèse de Montréal donne une description de l’intérieur de cette église, mentionnant la contribution des paroissiens et le caractère irlandais de la décoration : « L’intérieur de l’église est magnifiquement décoré. Les fenêtres sont en verre dépoli. Le maître-autel, en chêne sculpté, est surmonté d’un tableau représentant saint Patrice. Les stations du Chemin de la Croix, en terra cotta, sont du plus bel effet. Elles coûtent cent (100 $) piastres chacune, et ont été données par les dames de la paroisse. »

Au courant du XXe siècle, les deux églises deviennent le centre de la vie communautaire pour chacun des deux groupes. Chaque paroisse a ses écoles, ses académies, ses confréries et ses associations. Les deux églises vont également connaître plusieurs incendies majeurs. En juillet 1913, l’église Saint-Charles est complètement détruite par les flammes. Un autre incendie, en 1956, détruit une bonne partie de l’église Saint-Gabriel. Ainsi, les deux bâtiments ont été maintes fois modifiés et reconstruits au courant de leur histoire.

Contribution à la recherche : Société d’histoire de Pointe-Saint-Charles.