Le quartier Milton Parc : théâtre d’une vie urbaine en mutation
Des espaces verdoyants du mont Sainte-Famille du XIXe siècle aux luttes citoyennes pour l’accès au logement du XXe siècle, découvrez les multiples visages d’un quartier montréalais hors du commun.
Le quartier Milton Parc s’étend de la rue Sherbrooke au sud à l’avenue des Pins au nord et de la rue University à l’ouest au boulevard Saint-Laurent à l’est. Il est aujourd’hui un secteur urbain et peuplé, hôte du plus grand parc de coopératives d’habitation au Canada. Ces coopératives, et les différents organismes à but non lucratif gérant des maisons de chambres notamment, sont le fruit d’une longue lutte citoyenne qui s’est étalée sur près de deux décennies au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Avant cette mobilisation d’une échelle jamais vue auparavant, le quartier Milton Parc est à l’image de bien d’autres de la métropole montréalaise. En périphérie de la vieille ville, près du mont Royal, il est couvert de terres agricoles dès le XVIIIe siècle. Les Sœurs hospitalières de Saint-Joseph y ont un terrain : le mont Sainte-Famille qui accueille l’Hôtel-Dieu de Montréal lors de son ultime déménagement en 1861. Grâce à la présence, entre autres, de cette institution se développe une vie urbaine. Des établissements de divertissement, comme le jardin Guilbault, viennent amuser les nouveaux résidents.
Au fur et à mesure que les gens peuplent les rues de ce nouveau quartier, des lieux de culte, des commerces de proximité et des établissements scolaires s’y installent afin de desservir la population. Le High School of Montreal et l’École des beaux-arts de Montréal sont des témoins de l’histoire scolaire du secteur et des exemples impressionnants d’architecture civile dans la ville. À travers ces institutions émergent aussi des voix humaines comme celle d’Anne Molson et de ses collègues de la Montreal Ladies’ Educational Association qui se dévouent à l’instruction supérieure des femmes montréalaises au XIXe siècle.
Les bourgeois du XIXe siècle, les communautés religieuses, les élèves et les étudiants, mais aussi les nombreux immigrants et les familles des classes moyenne et ouvrière du XXe siècle ont laissé en legs un quartier montréalais bigarré dont le tissu social est, au XXIe siècle, une mosaïque sociale à l’image de la ville. Niché entre le mont Royal, le centre-ville, le Quartier latin, le Mille carré doré et l’effervescence de la Main, Milton Parc est en mouvement et se renouvelle au fil des générations qui y habitent et y laissent leurs traces.
L’élaboration de ce dossier a bénéficié du soutien du Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal de l’Université du Québec à Montréal, notamment grâce à l’expertise de l’historien Dany Fougères et au contrat de recherche alloué à Emilie Girard, de même que de la collaboration de la Communauté Milton Parc.