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La maison William-Notman

21 janvier 2016

Parmi les magnifiques villas du XIXe siècle qui subsistent à Montréal, figure la maison William-Notman. De style néoclassique, elle fut achevée en 1845 selon les plans de John Wells.

William Notman - Résidence sur Sherbrooke

Façade de la maison Notman en 1893.
1893, Résidence de William Notman, 557, rue Sherbrooke Ouest, Montréal, QC, 1893, par Wm Notman & Son, Musée McCord, II-102142.
Localisation : 51, rue Sherbrooke Ouest

Au XIXe siècle, entre les rues Saint-Laurent et Clark, s’étendait dans un axe nord-sud (de la rue Sherbrooke au Vieux-Montréal) un quartier de « nouveaux riches ». Les Molson, les Mackenzie et de nombreux autres hommes d’affaires riches et prospères y étaient établis. Somptueuses demeures et luxueuses villas se succédaient donc dans ce secteur encore aux limites de la campagne.

Toutefois, avec le grand krach boursier de 1929, plusieurs de ces richissimes propriétaires durent se départir de leurs demeures. Certaines des habitations aboutirent aux mains d’organismes divers (Université McGill, hôpitaux, etc.). Malheureusement, la grande majorité fut démolie, de sorte qu’aujourd’hui, très peu de ces magnifiques villas subsistent encore.

Doyenne et rescapée

William Collis Meredith

Portrait de William Collis Meredith à la fin du XIXe siècle.
Sir William Collis Meredith, Archives de la Ville de Montréal, BM1-5P1460.
Parmi celles qui ont échappé au pic démolisseur, figure la maison William-Notman, la plus ancienne des demeures dans ce secteur. Son histoire commence en 1844, quand un illustre juriste, William Collis Meredith, achète un terrain à l’angle des rues Sherbrooke et Clark (jadis Côte-à-Baron) et décide d’y faire bâtir une résidence majestueuse, dont les plans furent confiés à John Wells (celui-là même à qui l’on doit l’architecture du siège social de la Banque de Montréal et du marché Sainte-Anne, anciennement sur la place D’Youville). Meredith n’a d’ailleurs exigé que ce qu’il y avait de meilleur pour sa future résidence : pierre grise sans veines ni taches noires, pin bien sec et sans nœuds, etc.

Les résultats furent concluants et la maison, de style néoclassique, fut achevée en 1845. Au premier regard, c’est sans doute sa grande symétrie qui frappe l’œil et qui en fait une demeure magistrale. Ses murs en pierre taillée, son porche à quatre colonnes, ses motifs classiques et ses fenêtres magnifiquement ouvrées, complètent une façade principale plus travaillée que les côtés ou encore les annexes, qui furent rajoutées au XXe siècle. À l’intérieur, Meredith, qui voulait une demeure du dernier cri, fit bâtir un hall d’entrée dont l’imposant escalier central constitue sans doute la pièce maîtresse de cette demeure. De plus, nombre de foyers de marbre, de moulures, d’appliques de plâtre et un puits de lumière contribuent à sa qualité architecturale.

Meredith n’eut pas le loisir de jouir longtemps de sa nouvelle demeure. En effet, nommé juge à la Cour supérieure à Québec en 1849, il la loua un certain temps, pour finalement la vendre au fils de John Molson, Alexander. En 1876, encore une fois, la maison changea de propriétaire et son nouvel acquéreur, sans doute le plus célèbre, William Notman, allait dès lors lui laisser son nom.

Un illustre propriétaire

William Notman

Portrait de William Notman.
Photo du photographe William Notman, Bibliothèque et Archives Canada, C-001153.
Parti d’Écosse pour arriver à Montréal à l’été 1856, William Notman avait étudié la photographie dans son pays d’origine. La même année, il ouvrit son premier studio, aujourd’hui disparu, sur la rue Bleury à Montréal. Le succès de Notman fut immense, surtout en raison de la qualité artistique de ses images et de sa maîtrise de l’art de la photographie composite. Il n’en fallait pas plus pour donner naissance à une tradition de renom qui allait laisser une vingtaine de studios, dont 13 aux États-Unis, et surtout une magnifique collection de photos, propriété du Musée McCord Stewart depuis 1956.

Après la mort de Notman, en 1891, la maison fut achetée par George Drummond qui la légua aux Sœurs Sainte-Margaret, une communauté anglicane. Pour des raisons pratiques, l’habitation subit alors une série de modifications. Classée monument historique par le gouvernement du Québec en 1979, elle sert d’hôpital jusqu’au départ des religieuses en 1991. Dans les deux décennies suivantes, l’avenir de la maison William-Notman reste en suspens. Le bâtiment est entièrement restauré durant les années 1990, mais on peine à lui trouver une vocation durable pendant les années 2000. Un projet innovateur lui redonne vie en 2011 : en collaboration avec Vidéotron, le bâtiment patrimonial devient la Maison du Web, qui offre des espaces de travail pour les jeunes entrepreneurs en technologie. En 2021, cet espace s'appelle La Maison Notman. Elle se présente comme une plateforme communautaire pour le développement des entreprises innovantes. Elle abrite des espaces de travail, des salles de réunions et d'événements ainsi que le café OSMO qui s'est associé à Marusan comptoir japonais. 

Cet article est paru dans le numéro 38 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.