Vues

À l’époque amérindienne, le regard porté vers ou depuis la montagne révèle un territoire presque complètement naturel. La montagne sert de repère. Elle se profile dans la plaine, ses teintes changent au fil des saisons, et la nuit, par temps clair, elle se découpe contre un ciel étoilé.

Progressivement, avec le découpage des côtes, les chemins et l’organisation du territoire ouvrent de nouvelles perspectives. La forêt est défrichée, le couvert végétal modifié par l’agriculture, de longues bandes de terres sont délimitées et des bâtiments sont construits. Le plus imposant de ces bâtiments demeure longtemps celui du Fort dela Montagne.

À l’échelle de la région, de la ville et de la montagne, le caractère naturel du mont Royal demeure dominant dans le paysage au 19^e siècle, comme en font foi les aquarelles de l’époque. Mais il s’estompe peu à peu avec le développement de la ville. Des constructions, des aménagements et des alignements d’arbres continuent de s’ajouter et les vues se complexifient.

Perspectives et panoramas

Au cours de l’époque pittoresque, une grande attention est portée à l’appréciation et à la mise en valeur des vues. Les résidences ponctuent de plus en plus le flanc sud de la montagne. Les institutions s’implantent en créant des mises en scène marquantes et de façon à tirer profit des perspectives. L’île Sainte-Hélène et le bord du fleuve correspondent aux principaux lieux choisis par les artistes pour illustrer la montagne et la ville en développement. La plupart des aquarelles mettant en scène le pied de la montagne, la ville, le fleuve et les Montérégiennes adoptent une perspective vers le sud à partir de villas ou du sommet de la montagne.

Les cimetières transforment l’entre-monts par le nivellement de vastes sections, le traçage de chemins et la plantation d’arbres. De nouvelles vues peuvent même y être appréciées depuis un observatoire.

Avec l’aménagement du parc du Mont-Royal et du parc Summit, les promeneurs profitent des panoramas sur la ville depuis les belvédères aménagés et les percées offertes le long des sentiers. Dans les nouveaux quartiers résidentiels, les rues et les parcs mettent en scène des vues sur la montagne. Depuis la ville, les vues vers le mont Royal se raréfient, sont encadrées de façon plus serrée ou disparaissent. Plusieurs points de repère s’ajoutent dans le paysage, comme le dôme de l’Oratoire Saint-Joseph, la tour de l’Université de Montréal et la croix du mont Royal.  

Au cours de la période moderne, les « coupes de la moralité » et les tours de télécommunication et de radiodiffusion modifient la silhouette de la montagne. L’Hôpital général de Montréal de même que les immeubles Trafalgaret Gleneagles s’ajoutent comme points de repère. Désormais, la densification urbaine se traduit par la construction en hauteur. À la suite de la construction dela Place Ville-Marie, plusieurs gratte-ciel se dressent au centre-ville, offrant de nouvelles vues en hauteur sur la montagne, mais fractionnant de plus en plus les vues sur le fleuve.

De nouveaux angles d'observation

En contrepartie, les vues dans l’entre-monts ont peu changé, bien que, depuis les années 1980, la réalisation de mausolées et de columbariums ait modifié le paysage perçu depuis les hauteurs. La végétation a obstrué et même, dans certains cas, éliminé certains points d’observation dans ce secteur.

Plus récemment, une coupe d’arbres a permis de restaurer le panorama du belvédère du parc Summit. L’aménagement prévu d’un parc sur le sommet d’Outremont confirme un nouvel accès collectif au paysage du côté nord de la montagne. Des changements s’opèrent aussi sur les vues nocturnes de la montagne avec l’éclairage du pavillon Lassonde de l’Université de Montréal et celui du stade Molson