Végétation

Une mosaïque de natures variées

Le couvert végétal de la montagne a beaucoup changé au fil du temps. On ne connaît pas la composition exacte de la forêt primitive du mont Royal, mais on peut la deviner par des comparaisons avec les autres Montérégiennes et par les témoignages des premiers explorateurs.

Des frênes et des ormes colonisent les sols riches de la plaine avant que l’agriculture ne les transforme. Alors que des vergers occupent les terres bien drainées du piémont, l’érable à sucre et le caryer cordiforme croissent sur les versants. Les hauteurs des versants sont habituellement couvertes de feuillus et parsemées de groupes de pruches. Dans les pentes rocheuses, les bouleaux abondent. Sur les sommets, le chêne rouge et le pin blanc dominent, accompagnés par l’érable à sucre.

Au temps de la colonie, la forêt de la montagne est une source d’approvisionnement en bois de chauffage et de construction, entre autres pour les Sulpiciens et les autres communautés religieuses. Le défrichement ouvre de nouvelles terres pour l’agriculture et pour l’établissement de grands domaines.

Le mouvement pittoresque du 19e siècle suscite la création de vastes domaines où les villas et résidences prestigieuses s’agrémentent de jardins et de parterres fleuris. Des arbres sont coupés pour ouvrir des vues et, selon l’esthétique recherchée, une sélection de plantes exotiques s’intègre au paysage. Cette illustration représente la villa de sir Hugh Allan, Ravenscrag, sur l’avenue des Pins, en 1872.

Une composition végétale modifiée

L’aménagement des deux cimetières et du parc du Mont-Royal modifie de manière radicale la composition végétale et les ambiances de la forêt en y introduisant une grande diversité d’espèces horticoles. Toujours au 19e siècle, l’Université McGill acquiert le sommet de Westmount à des fins de botanique et d’horticulture. Transféré à la ville de Westmount en 1940, le sommet demeure une réserve faunique et ornithologique.

À l’époque moderne, on continue d’agrandir, de déboiser et de faire des plantations dans les cimetières. Les « coupes de la moralité » des années 1950, en éliminant la végétation des sous-bois, causent d’importantes dégradations aux sols et aux arbres. Pour réparer les dégâts, 60 000 nouveaux arbres, dont 40 000 épinettes, sont plantés au cours des années 1960. Des espèces envahissantes, dont l’érable de Norvège, le nerprun et le persil sauvage, accaparent plusieurs friches. L’automobile envahit la montagne; chemins, rues, boulevards et stationnements minéralisent de vastes surfaces.

Une forêt à protéger

Dans les années 1980, l’expansion du cimetière Mont-Royal amène le déboisement d’un lot sur le sommet de la colline d’Outremont pour ouvrir un nouveau secteur d’inhumation. La coupe d’arbres matures sur la crête modifie la silhouette de la montagne et la population réagit. La Ville désigne alors le mont Royal site du patrimoine, en 1987, et instaure un règlement sur l’abattage des arbres qui régit les coupes et les espèces pouvant être plantées sur la montagne.

Le grand verglas de 1998 crée de nombreuses trouées dans les bois et le frêne en profite, comme d’autres espèces invasives. Chaque année, des efforts de naturalisation permettent de planter plusieurs centaines d’arbres et d’arbustes. Ces efforts, tout comme les préoccupations des citoyens, traduisent bien l’évolution de la perception de la forêt de la montagne de « forêt ressource » à celle de « milieu important pour la biodiversité, la biomasse et le paysage ».

 

Portrait actuel

La mosaïque végétale du mont Royal contemporain résulte de l’interaction constante entre les éléments naturels et l’activité humaine au fil des siècles. Ces espaces, aménagés ou naturels, riches en arbres, en arbustes et en plantes herbacées, façonnent le paysage de la montagne. Ils créent une forte empreinte verte en occupant plus de 70 % de la superficie du mont Royal (à l’exclusion des quartiers résidentiels et du domaine public).

Cinq grandes catégories d’ambiances composent la mosaïque végétale de la montagne selon la proportion et l’agencement des arbres, des arbustes et des surfaces vertes :

  • Les bois
  • Les espaces verts du domaine public
  • Les cours et jardins de quartiers résidentiels
  • Les pelouses et prairies
  • Les pelouses plantées

Le couvert végétal procuré par les arbres est important, avec un indice de 35 % de recouvrement de l’ensemble de la surface du Site patrimonial déclaré du Mont-Royal (Mont-Royal). Les sommets et les versants boisés constituent une permanence à travers les multiples transformations du mont Royal. Des érablières, des frênaies et des chênaies habillent la montagne et changent de coloris au gré des saisons. La présence d’érables à sucre au pied du mont Royal et de chênaies rouges au sommet est une caractéristique originale significative des bois typiques des Montérégiennes. Les études récentes démontrent cependant que les proportions relatives des espèces dominantes d’arbres ont changé, modifiant l’équilibre écologique et le caractère ambiant des bois.

Aujourd’hui, le verger des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph constitue le principal témoin de l’époque agricole prospère de Montréal. La diversité horticole et l’art d’aménager les jardins privés, les parcs publics et les cimetières sont des legs importants de la période pittoresque. Des alignements d’arbres caractéristiques embellissent des rues et des chemins privés des grandes propriétés institutionnelles. Plusieurs arbres anciens et remarquables sont répertoriés dans les deux cimetières et dans le parc du Mont-Royal. Les cours privées aménagées, petites et grandes, mettent en valeur de nombreux terrains résidentiels et créent un cadre de vie agréable pour les propriétaires. La végétation actuelle de la montagne garde des traces du passé tout en continuant d’évoluer.

Légende : Répartition des ambiances végétales du mont Royal.
Credit : Ville de Montréal, Direction des grands parcs et du verdissement, 2011

 Les bois

Les bois couvrent environ 34 % de la superficie du Mont-Royal. Ils comprennent une diversité de milieux : des bois témoins matures (représentatifs de la forêt primitive), des bois reconstitués (ayant subi des interventions importantes), des friches et des milieux humides. Ils offrent des ambiances intimistes et sont recherchés pour leur fraîcheur en été et pour leurs riches coloris en automne. Ils sont synonymes de valeur écologique et de paysage de qualité. Ils couvrent les trois sommets de la montagne et forment un croissant continu sur la colline du Mont-Royal. Sur le versant nord de la colline d’Outremont, les bois se morcellent et s’amenuisent, alors que les bois des flancs sud et ouest de la colline de Westmount sont troués par les implantations résidentielles. On trouve aussi des îlots boisés ailleurs sur la montagne.

Légende : Le sommet d'Outremont, vu depuis l'ancienne piste de ski de l'Université de Montréal.
Credit : © Daniel Chartier

 Les espaces verts du domaine public

Les arbres de rues et les plantations dans les îlots de verdure, situés dans l’emprise de la rue, structurent l’espace du domaine public et contribuent à la diminution des îlots de chaleurs urbains. Ils créent de l’ombrage le long des rues et des trottoirs, caractérisent des quartiers résidentiels, renforcent les axes visuels vers et depuis la montagne et soulignent les principales voies de circulation. Certains tronçons de rue se distinguent par des alignements d’arbres matures ou des aménagements végétaux particuliers. Ces plantations contribuent à la valeur paysagère de la montagne par leur âge, leur originalité et leur diversité. Les talus plantés du chemin de la Côte-Sainte-Catherine et les alignements d’arbres aux abords du cimetière Notre-Dame-des-Neiges en sont de bons exemples.

Légende : L’avenue de l’Esplanade avec alignement d’arbres.
Credit : © Jean Landry, 2012

Les cours et jardins de quartiers résidentiels

Les terrains aménagés et plantés d’arbres dans les quartiers résidentiels, sur les flancs et au pied de la montagne, représentent une multitude d’espaces verts de taille variable. Collectivement, ils participent au rôle écologique du mont Royal par leur apport à la diversité biologique, par leur contribution au rafraîchissement estival de la ville et par la présence d’arbres matures qui crée une continuité avec les zones plus boisées, surtout sur les flancs sud et ouest de la montagne.

Légende : Les cours et jardins de quartiers résidentiels.
Credit : © Air Imex

Les pelouses et prairies

Formant 18 % de la superficie du Mont-Royal, elles sont principalement dans l’entre-monts. On les trouve aussi au pied de la montagne sur la Côte Placide, au parc Jeanne-Mance, sur des plateaux sportifs, sur les réservoirs, dans les parcs périphériques et sur le campus de l’Université McGill. Elles côtoient généralement des pelouses plantées. Parce qu’elles sont dépourvues d’arbres, elles offrent souvent des vues dégagées de la montagne, des lieux propices aux rassemblements, ainsi qu’un support à une biodiversité particulière. Ce type d’espace ouvert est en diminution.

Légende : La côte Placide dans le parc du Mont-Royal en hiver.
Credit : © Jean Landry

Les pelouses plantées

Ces grandes étendues occupent 18 % de la surface du Mont-Royal. Elles comprennent des terrains gazonnés et plantés d’arbres, sans ou avec peu de couvert arbustif. On les observe souvent en lisière des bois et aux abords des aires ouvertes. Les arbres y sont plantés de diverses manières : isolés, regroupés ou organisés en alignements.

Ces derniers, caractéristiques de certaines rues et des chemins privés des grandes propriétés institutionnelles, créent des effets de perspectives et de voûte. Les pelouses plantées sont appréciées pour leur caractère esthétique, symbolique et patrimonial, leur ambiance semi-ombragée, la variété des espèces d’arbres et leurs transformations saisonnières. Elles caractérisent les cimetières, les parcs publics et les propriétés institutionnelles. On les trouve aussi à l’intérieur ou en périphérie des bois sous forme de clairières.

Légende : Un talus gazonné couronné d’un alignment d’arbres à l’Oratoire Saint-Joseph.
Credit : © Jean Landry, 2007

Traits dominants

  • Une mosaïque végétale variée créant des milieux naturels et aménagés avec une multitude d’ambiances scéniques et sensorielles.
  • Une forte empreinte végétale comprenant des bois, des pelouses et prairies, des pelouses plantées, des espaces verts du domaine public et des jardins privés contribuant à la diversité biologique, écologique et paysagère, de même qu’au rafraîchissement urbain.
  • La présence de bois témoins des peuplements d’origine.
  • Une montagne aux sommets et aux flancs sud et est boisés composant l’image identitaire de Montréal et l’arrière-scène du centre-ville.
  • La présence d’arbres sur les sommets et les flancs de la montagne, une permanence et une valeur paysagères ayant conduit à la création du parc du Mont-Royal et à l’encadrement réglementaire de l’abattage et de la plantation des arbres sur la montagne.
  • De grands espaces verts, situés au cœur de la métropole, largement accessibles à la population.
  • La présence de vastes aires ouvertes permettant d’embrasser du regard et d’apprécier la montagne.
  • Une végétation exprimant sa relation avec le relief et l’eau, qui dramatise et renforce l’expérience du lieu et le caractère « montagne ».
  • L’intérêt et l’influence du caractère saisonnier, vivant et changeant de la végétation à l’échelle de la ville, de la montagne et de ses unités topographiques.
  • La variété des peuplements, la diversité des espèces et la représentativité des aménagements paysagers comme témoins des différentes époques et des regards portés sur le paysage.
  • La présence d’arbres et de bois remarquables pour leur âge, leur unicité et leur qualité esthétique.

Consultez la version intégrale de la section Végétation de l'Atlas du paysage du mont Royal.

Légende : Le mont Royal partage avec les autres Montérégiennes beaucoup de similarités en ce qui a trait à la végétation. Ces montagnes ont en commun plusieurs communautés forestières typiques du sud du Québec, comme l’érablière à tilleul et la chênaie rouge.
Credit : © Air Imex
Vue vers le sud de l’entre-monts montrant les nuances et les textures de la végétation des deux cimetières et de la clairière du parc du Mont-Royal, avec vue partielle des trois sommets boisés. Photographie aérienne.