Parcellaire

Des lots grands et petits

Le parcellaire d’origine se compose majoritairement de longues et étroites parcelles, orientées selon un axe nord-sud par rapport au fleuve, sur les flancs sud des collines de Westmount et du Mont-Royal et sur le flanc nord de la colline d’Outremont. Des lots sont orientés est-ouest sur le flanc nord de la colline de Westmount, de part et d’autre du ruisseau Raimbault à la côte des Neiges, à cause de l’obstacle créé par la montagne et de la présence de ruisseaux. On retrouve aussi quelques grands domaines, dont le plus vaste et le mieux situé est le Domaine de la montagne des Sulpiciens. Ces domaines englobent généralement les plans sommitaux des trois collines.

La parcelle originalement boisée est défrichée peu à peu pour l’agriculture. Certains lots sont voués à la culture potagère et fruitière, notamment par la plantation de vergers sur le flanc sud du mont Royal.

Depuis la création du cadastre au milieu du 17e siècle jusqu’à 1780, le lotissement demeure stable. Entre 1780 et 1840, outre la permanence du domaine des Sulpiciens, un grand domaine issu de la concession du notaire Pierre Raimbault englobe le mont Royal. Les parcelles d’origine se morcellent pour former des lots très étroits et profonds. Ces nombreuses subdivisions illustrent un paysage rural en mutation.

L’iconographie ancienne nous indique que les parcelles sont marquées par des clôtures de bois (perches horizontales et verticales), des murs et murets de pierre (comme au Domaine de la montagne), des alignements d’arbres (peupliers de Lombardie), des massifs d’arbres et des bois.

Au cours des 30 années suivantes, l’appropriation du territoire à des fins de villégiature fait en sorte que l’on observe à la fois des démembrements sur le flanc sud et des remembrements progressifs de lots au cœur de la montagne avec l’implantation des cimetières.

De 1870 à 1930, le parc du Mont-Royal et les deux cimetières englobent l’ensemble des parcelles à leur périphérie, alors que le Domaine de la montagne ne cesse d’être subdivisé. Avec l’accélération de l’urbanisation au 20e siècle, les parcelles se densifient de plus en plus autour de la montagne, particulièrement sur le Plateau Mont-Royal.

Les institutions religieuses, hospitalières et universitaires, de même que les vastes propriétés bourgeoises des sommets de Westmount et d’Outremont, occupent les plus grands lots. Les dernières grandes propriétés le long du chemin de la Côte-des-Neiges se lotissent. De petits parcellaires atypiques en lien avec la topographie apparaissent au nord de l’avenue des Pins, dans le secteur de la rue Redpath-Crescent. D’autres remembrements se poursuivent avec la construction de l’Oratoire Saint-Joseph et de l’Hôpital Général, et avec la consolidation des grandes institutions universitaires, hospitalières et religieuses. De 1930 à aujourd’hui, on observe peu de changements majeurs au cadastre.

Portrait actuel

Le parcellaire actuel se caractérise par une trame dominante de grands lots ceinturée de petits lots. Les grands lots se concentrent dans l’entre-monts au cœur de la montagne, sur les trois sommets et particulièrement sur les versants des collines du Mont-Royal et d’Outremont. Les petits lots ceinturent la montagne; plus on en descend, plus le morcellement s’accentue. Une trame de petits lots borde également le chemin de la Côte-des-Neiges.

Plusieurs traces subsistent encore du premier plan de subdivision cadastrale. Le patron d’urbanisation de la montagne est fortement orienté par cette première organisation de l’espace. Outremont, le « Mille carré doré », Westmount et Côte-des-Neiges ont été constitués à partir des côtes Sainte-Catherine, Saint-Joseph, Saint-Antoine et des Neiges.

Les lots perpendiculaires au fleuve selon l’orientation nord-sud typique du système cadastral implanté en Nouvelle-France se reflètent dans :

  • des rues définies par ce parcellaire, comme l’avenue du Parc, la rue University et son prolongement dans l’entrée à l’Hôpital Royal Victoria, et l’avenue Vincent-D’Indy;
  • des formes de propriétés, comme l’échancrure du parc du Mont-Royal dans le secteur de la rue Redpath;
  • une partie de la limite entre les cimetières Mont-Royal et Notre-Dame-des-Neiges;
  • une partie des anciennes limites municipales entre Montréal et Outremont.

Des lots parallèles au fleuve selon une orientation atypique, témoin de l’influence de la montagne sur le parcellaire, sont aussi associés au cadastre d’origine de l’ancienne côte des Neiges. En témoignent :

  • des sections de rues comme le chemin de la Côte-des-Neiges entre le chemin Gage et l’avenue Forest-Hill, le chemin Queen-Mary et le chemin de la Côte- Sainte-Catherine jusqu’à l’avenue Vincent-D’Indy;
  • une partie de la limite de propriété entre le cimetière Notre-Dame-des-Neiges et l’Université de Montréal, la limite entre le cimetière Mont-Royal et les cimetières Shaerith Israel et Shaar Hashomayim, la limite entre l’Oratoire Saint-Joseph et le secteur résidentiel au sud dans Westmount;
  • des parties de limites municipales entre Montréal et Westmount.

La présence de clôtures au périmètre des cimetières, d’alignements d’arbres et de massifs boisés souligne plusieurs de ces anciens lots. Le remembrement progressif des lots au cœur de la montagne pour former les cimetières et le parc du Mont-Royal fait en sorte qu’en ne tenant pas compte des quelques zones de développement résidentiel et des clôtures de cimetières, l’entre-monts forme une entité et un tout cohérent à l’image forte soutenue par un ensemble paysager exceptionnel.

Légende : Le parcellaire actuel.
Credit : Ville de Montréal, 2009

Traits dominants

  • La montagne comme obstacle exprimé dans le premier plan de subdivision cadastrale, qui oriente la localisation des premières côtes et l’organisation de l’espace urbain typique à Montréal.
  • Une orientation nord-sud typique des lots du Régime français et une orientation est-ouest atypique conditionnée par la topographie et les ruisseaux.
  • Une trame de grands lots ceinturés de petits lots.
  • Les grandes parcelles institutionnelles.
  • Les grands lots se concentrant au cœur de la montagne, sur les trois sommets et sur les flancs des collines du Mont-Royal et d’Outremont.
  • La présence de divers témoins soulignant le lotissement d’origine : rues, limites de propriétés, anciennes limites municipales, alignements d’arbres, parties de mur, clôtures.

Consultez la version intégrale de la section Parcellaire de l'Atlas du paysage du mont Royal.

 

Légende : De 1642 à 1780, La montagne au coeur d'un espace agricole.
Source : "Analyse du réseau viaire et du système parcellaire de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal". Ministère de la culture et des Communications, 2011.
Credit : Urban Soland: paysages urbains, 2011
"Esquisse panoramique de Montréal, Canada, depuis la montagne".