1793-1840
La ville se rapproche de la montagne
Entre 1750 et 1840, la population montréalaise décuple : elle passe de 4 000 à 40 000 personnes. De plus en plus d’artisans et de journaliers quittent la cité fortifiée exiguë et s’installent dans les faubourgs. En 1792, la ville est dotée de nouvelles limites territoriales qui englobent une bande d’environ 2 000 mètres à partir des murs de fortifications, ce qui inclut les faubourgs et une zone rurale, mais pas encore la montagne. La démolition des murs de la ville, entre 1801 et 1817, facilite la circulation à l’extérieur de la ville.
La campagne se peuple rapidement. À Côte-des-Neiges, un noyau villageois se forme. Plusieurs artisans du cuir s’y regroupent. Leurs maisons s’alignent le long du chemin de la côte, près de la ressource indispensable pour l’industrie des tanneries, l’eau, amenée par le ruisseau Raimbault à partir de la montagne.
Parallèlement à l’implantation graduelle de villages comme Côte-des-Neiges, on assiste à la diversification des modes d’habitation autour du mont Royal. Les agriculteurs résident sur leurs terres dans les côtes rurales; la maison Simon-Lacombe témoigne encore aujourd’hui de cet héritage agricole. Les artisans se regroupent dans le noyau villageois. De nouveaux venus, des notables, font du flanc nord du mont Royal leur lieu de villégiature.
Le paysage de la montagne et de ses environs change
Les Sulpiciens, dans leur grand domaine de la Montagne, procèdent au tournant du 19e siècle à des travaux d’aménagement et d’embellissement à ce qui est devenu leur maison de campagne. À partir de 1807, les étudiants du Collège de Montréal, et plus tard ceux du Grand Séminaire, pourront passer leurs vacances d’été à la montagne dans un nouvel édifice de pierre construit au nord-ouest du domaine, la Ferme-sous-les-noyers.
Dans le dernier tiers du 18e siècle, des hommes d’affaires et des barons de la fourrure, dont James McGill, Simon McTavish, John Ogilvy, François Trottier Desrivières, se tournent aussi vers la montagne et y acquièrent des domaines ruraux. La plupart d’entre eux engagent des agriculteurs pour exploiter leurs propriétés.
Au tournant du 19e siècle, ces familles aisées font construire des résidences d’été sur leur domaine. Leur séjour estival annuel à la montagne contribue à induire des changements dans les pratiques horticoles, notamment la production de plantes d’agrément et la culture de jardins ornementaux. Les nouveaux résidents construisent des clôtures qui s’ajoutent au paysage, avec les fontaines, les étangs, les pelouses. Les vergers de pruniers, de cerisiers et autres se multiplient sur les flancs ensoleillés du sud.
Ces nouveaux propriétaires auront besoin d’avoir un accès facilité à leur résidence du versant sud de la montagne. Ils pourront notamment utiliser la rue Sherbrooke qui est prolongée vers l’ouest entre les rues De Bleury et Guy. Le réseau viaire accompagne l’implantation humaine sur le mont Royal.
La montagne et la qualité de vie des habitants de Montréal
En 1801, la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal demande aux Sulpiciens de pouvoir s’approvisionner en eau potable à partir de la source située sur leur domaine. À l’aide de conduites en bois, l’eau s’écoule par gravité vers un réservoir à la place d’Armes à partir de 1805. Ce réseau d’aqueduc privé vend ses services à un petit nombre d’abonnés fortunés; les autres familles vont recueillir l’eau directement dans le fleuve, un ruisseau, une rivière ou un puits ou font appel à des porteurs d’eau. La technologie demeure tout de même ici embryonnaire. La Ville se portera acquéreur de la Compagnie en 1845, afin de municipaliser ce service.
L’accès à l’air pur de la montagne et à un vaste domaine pour construire une maison devient un attrait pour l’élite, en plus des charmes indéniables du cadre champêtre du mont Royal.
L’un des notables influents établis sur la montagne est James McGill, un commerçant d’origine écossaise. Celui-ci met en place une dotation foncière et financière qui permet, à son décès, de léguer son domaine rural et sa villa de campagne, Burnside, en vue d’en faire une institution d’éducation. L’université qui porte son nom, McGill College, est inaugurée en 1821. La montagne amorce ainsi sa vocation de lieu d’éducation, qui n’aura de cesse de se développer.
Études sur le site patrimonial déclaré du Mont-Royal
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. 2005.
POITRAS, Claire. L’arrondissement historique et naturel du Mont‐Royal, une montagne dans la ville. Une identité façonnée par les interactions entre les activités humaines et un milieu naturel. Rapport présenté au Bureau du Mont‐Royal et au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Montréal, juillet 2011.
Publications
FOUGÈRES, Dany. L'approvisionnement en eau à Montréal : du privé au public, 1796-1865. Québec, Septentrion, 2004.
LINTEAU, Paul-André. Brève histoire de Montréal. Montréal, Boréal, 1992.
RÉMILLARD, François. Demeures bourgeoises de Montréal : le Mille carré doré, 1850-1930. Montréal, Éditions du Méridien, 1986.
ROBERT, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Montréal, Art Global, Libre Expression, 1994.
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1792
Modification des limites territoriales de la ville pour englober les faubourgs avoisinants – mais pas la montagne.
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1801-1805
Mise en place d’un premier réseau d’aqueduc privé à partir des sommets de la montagne.
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1821
Fondation de l’Université McGill.
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1833
Incorporation de la Ville : Montréal obtient un statut de municipalité pour la première fois.
Très peu de traces concrètes subsistent de cette période dans les limites du Site patrimonial du Mont-Royal. L’Université McGill témoigne de l’héritage d’une des familles bourgeoises installées à flanc de montagne, qui a donné l’élan à la vocation éducative du mont Royal. À part les traces du domaine des Sulpiciens, en dehors du Site patrimonial du Mont-Royal, l’Université McGill
Montréal en quartiers : Côte-des-Neiges Héritage Montréal
Musée McCord
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Renseignements généraux : 514 398-7100
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