Viaire

Les voies et les parcours publics

Un premier sentier amérindien, parcours plus facile dicté par la topographie, franchissait la montagne par les seuils de l’entre-monts. Un autre la contournait au nord par l’est. On imagine ces premiers parcours étroits, sinueux, d’un sol bien battu et entretenu par le va-et-vient des Amérindiens.

Vers la fin du 18e siècle, les premiers chemins, antérieurs au lotissement, empruntent ces tracés amérindiens. Le passage à travers la montagne devient le chemin de la Côte-des-Neiges et le contournement au nord, le chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Voies d'accès à la montagne

Dans les années 1870, la trame orthogonale des rues, rectiligne et structurée, basée sur le parcellaire, rejoint progressivement la montagne. Les rues sud-nord de la ville se terminent sur l’obstacle naturel de ses flancs. Apparaissent alors de nouveaux chemins d’accès à la montagne : le chemin de la Forêt et l’amorce du boulevard du Mont-Royal vers le cimetière Mont-Royal, ainsi que Shakespeare Road (plus tard renommé chemin Remembrance) vers la maison Smith.

Une voie publique vers le parc du Mont-Royal s’ajoute aussi avec le chemin des calèches conçu par Olmsted. Ce chemin donne accès à la montagne à tous les citoyens dans une parfaite intégration à la topographie et au paysage, du piémont au sommet.

Au début du 20e siècle, le réseau se développe sur les flancs sud et est de la montagne. D’autres voies qui contournent la montagne sont tracées : au sud, les avenues Cedar et des Pins, à l’est, l’avenue du Parc, et au nord, le boulevard Édouard-Montpetit. À l’ouest, les avenues Sunnyside et Summit Circle donnent accès au sommet de Westmount selon un tracé adapté à la topographie. Les rues complétées du Plateau Mont-Royal s’alignent vers la montagne.

Dans les années 1950, le développement du réseau viaire rejoint le flanc nord de la colline de Westmount avec l’ouverture de l’avenue curviligne Ridgewood et le flanc sud avec les chemins McDougall, Saint-Sulpice et le prolongement de l’avenue Atwater. Le boulevard du Mont-Royal est bouclé jusqu’à Vincent-D’Indy, alors que des interstices collés à la montagne sont comblés avec les rues Hill Park Circle et Redpath-Crescent.

L'impact de l'automobile

L’âge d’or de l’automobile introduit les véhicules au cœur de la montagne avec les chemins Camillien-Houde et Remembrance. Ce nouvel accès au parc du Mont-Royal amène les visiteurs par la porte arrière, dans une approche située à mi-parcours du concept initial prévu par Olmsted. Il conduit à l’implantation de stationnements surdimensionnés près de la maison Smith et du lac aux Castors.

La réalisation de l’avenue du Docteur-Penfield à travers le Mille carré doré achève le contournement de la montagne par le sud. Si les échangeurs Parc – des Pins et Côte-des-Neiges – Remembrance ont marqué la modernisation des infrastructures sur la montagne dans les années 60, leur reconfiguration actuelle et projetée ancre son réseau viaire dans une expérience paysagère qui rallie histoire et nature.

Portrait actuel

Les voies publiques offrent différentes ambiances paysagères selon leur type de tracé, leur largeur et leur position par rapport à la montagne. Elles appartiennent à trois types de parcours en fonction de leur ancienneté dans l’évolution du réseau viaire : les parcours fondateurs, d’implantation et de raccordement.

Le parcours fondateur relie les premiers lieux d’occupation du territoire. Il est associé aux plus anciennes voies de circulation et se caractérise souvent par sa sinuosité qui compose avec le relief et les obstacles naturels. Il précède généralement le lotissement des terres et les premières habitations y sont installées. Le parcours d’implantation est aménagé spécifiquement pour accueillir les lotissements. Il s’agit habituellement d’une voie rectiligne avec des parcelles réparties de chaque côté. Quant au parcours de raccordement, il correspond à une voie de circulation qui relie deux autres voies, dont des parcours fondateurs et des parcours d’implantation.

Deux types de tracé expriment une permanence structurale sur la montagne : les tracés rectilignes soulignant le parcellaire orthogonal typique de Montréal et les tracés curvilignes adaptés à la topographie de la montagne. Des rues rectilignes du centre-ville et du Plateau Mont-Royal butent sur la montagne et forment des axes uniques vers elle.

Parcourir la montagne

Plus les parcours se trouvent au cœur de la montagne ou s’approchent des flancs et des sommets, plus leur tracé devient sinueux. La rue Summit Circle, avec son accès par le chemin Belvédère, se révèle un exemple très éloquent d’une rue tortueuse parfaitement adaptée à la topographie de la montagne.

Deux grandes voies aux caractères très différents traversent la montagne et permettent d’en découvrir le cœur. Le chemin de la Côte-des-Neiges, un parcours fondateur devenu une artère principale, draine, avec l’avenue du Parc et le chemin Queen-Mary, les flots les plus importants de véhicules sur la montagne sur un des plus vieux tracés de Montréal. Le chemin Remembrance/Camillien-Houde, une voie collectrice, donne accès au parc du Mont-Royal et aux cimetières et sert aussi de transit entre l’est et l’ouest dans une ambiance de parcours de promenade.

Les voies de contact avec la montagne se concentrent surtout au sud, ainsi qu’à l’est. L’avenue du Parc, le chemin de la Forêt prolongé par le boulevard du Mont-Royal, les avenues des Pins, Cedar, Atwater et Le Boulevard s’inscrivent comme parcours de raccordement. Tout en contournant la montagne, ils permettent d’en saisir l’esprit en longeant des bois, des alignements d’arbres, des talus gazonnés, des parois rocheuses, des murs de maçonnerie et un bâti varié. S’y ajoute l’avenue du Docteur-Penfield, qui a permis de restructurer le secteur. Les rues qui longent la montagne créent une expérience forte, particulièrement l’avenue du Parc, grâce au dégagement offert par la Côte Placide et le parc Jeanne-Mance, de même que l’avenue des Pins pour la découverte d’une proximité unique avec la montagne.

Quant à l’autre parcours fondateur, le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, il se trouve éloigné des flancs nord et est de la montagne par plusieurs rues locales. Ces dernières ont servi de parcours d’implantation aux quartiers d’Outremont et de Côte-des-Neiges, ainsi qu’à l’Université de Montréal. Une trame plus souple de plusieurs rues locales complète le réseau sur les flancs de la colline de Westmount.

Accroître l'accès public

Dans l’optique d’agrandir l’accès public aux multiples attraits et paysages de la montagne, de nouvelles sections de chemins de ceinture et de traverse s’implantent sur des terrains publics et privés pour éventuellement faire le tour de la montagne. Lorsqu’il sera complété, un chemin de ceinture polyvalent sera ancré aux principaux points d’accueil de la montagne et connecté aux cheminements et sentiers existants du parc et du domaine public (dont le chemin Olmsted). Sa réalisation permettra un cheminement public en boucle sur la montagne, en passant notamment à travers des propriétés institutionnelles.

L’ensemble du réseau viaire de la montagne offre une grande richesse dans la diversité des parcours et permet la découverte progressive du paysage et de ses différentes échelles. La multitude d’ambiances et d’expériences visuelles qu’il présente constitue une des caractéristiques importantes de la valeur paysagère du mont Royal.

Légende : Typologie du réseau viaire.
Source : "Analyse du réseau viaire et du système parcellaire de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal". Ministère de la culture et des Communications, 2011.
Credit : Urban Soland: paysages urbains, 2011

Traits dominants

Deux types de tracés révélateurs d’une permanence structurale : les tracés droits issus du parcellaire orthogonal d’origine et les tracés sinueux adaptés à la topographie.
Une forte trame de rues qui convergent vers la montagne.
Le chemin de la Côte-des-Neiges, un parcours unique comme ancien sentier amérindien, parcours fondateur et voie qui traverse la montagne.
Le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, autre parcours fondateur témoin des premières côtes du Régime français.
Les avenues du Parc, des Pins, Cedar, du Docteur-Penfield, les boulevards du Mont-Royal et Édouard-Montpetit, des parcours qui contournent la montagne.
Les chemins de la Côte-des-Neiges et Summit Circle, les avenues du Parc et des Pins et le boulevard du Mont-Royal, des parcours qui offrent un contact avec la montagne.
Les chemins de ceinture et de traverse, des parcours offrant de nouveaux accès et de nouvelles expériences de découverte de la montagne.

Consultez la version intégrale de la section Réseau viaire de l'Atlas du paysage du mont Royal.

 

Légende : 1642-1780, La montagne au cœur d’un espace agricole.
Source : "Analyse du réseau viaire et du système parcellaire de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal". Ministère de la culture et des Communications, 2011.
Credit : Urban Soland: paysages urbains, 2011
L’avenue McGill College, avec sa vue sur la montagne. Photographie.