Réputé pour son service exemplaire, sa fine cuisine et ses cocktails chics, le Ruby Foo’s était fréquenté par les célébrités et les quidams en quête de faste.
Ruby Foo’s - soir
Rendez-vous galant ou tête-à-tête entre amants, l’ancien barman du Ruby, « Benny » Lajoie, a été témoin de bien des rencontres amoureuses lors de ses 33 ans de carrière, qu’il a décrite dans un article de ScottishVoice.org. En voyant un habitué passer la porte du restaurant au bras de sa maîtresse, Benny raconte qu’il s’est précipité pour l’avertir que son épouse était assise au bar!
Renommé pour son service exemplaire, sa fine cuisine et ses cocktails chics, le Ruby Foo’s était le lieu idéal pour impressionner sa cavalière. « On ne compte plus le nombre de vedettes qui ont daigné y poser leurs fesses célèbres », clame le guide Optimun en 1980. Avec un peu de chance, vous pouviez voir à la table voisine des acteurs hollywoodiens comme Edward G. Robinson, bien connu pour ses rôles de gangster, ou encore la blonde actrice, Zsa Zsa Gabor. Même le hockeyeur Maurice Richard, ayant coutume d’entrer par la porte arrière pour passer inaperçu, y avait ses habitudes. Quant à Pierre Elliott Trudeau, il allait y manger le fameux canard à l’orange presque tous les dimanches. Malgré plusieurs requêtes, le chef ne lui donna jamais le secret de sa recette!
Des plats chinois à la cuisine française
Ruby Foo’s - intérieur
Dans un décor rouge et noir, les cigarettes girls en kimono circulaient dans le lounge où la clientèle écoutait musiciens et chanteurs, tels que Charles Aznavour. Ouvert en 1945 dans un ancien bar laitier, le restaurant gagne rapidement en popularité. « Succès oblige, on n’en finit plus depuis 25 ans d'agrandir ce labyrinthe sino-décarien », peut-on lire dans le guide Optimum en 1980. Lors de sa fermeture en 1984, le restaurant de 6000 pieds carrés pouvait accueillir jusqu’à 1300 personnes! Démoli en 1988, le restaurant a été remplacé par un complexe qui perpétue le nom de Ruby Foo’s, évoquant ainsi encore ce lieu gastronomique qui attirait aussi bien les vedettes que les foodies de son époque. Quant au motel ouvert dans les années 1960, il est agrandi et rénové au même moment, devenant un hôtel quatre étoiles de 200 chambres.
Cet article est paru dans la chronique « Montréal, retour sur l’image », dans Le Journal de Montréal du 14 février 2016.
ARSENAULT, Roxanne. Les commerces kitsch exotiques au Québec : reconnaissance et sauvegarde d’un nouveau patrimoine, Mémoire (M.A.) (étude des arts), Université du Québec à Montréal, 2011, 180 p. [En ligne].
https://archipel.uqam.ca/4403/1/M12174.pdf