Depuis sa création, le parc La Fontaine est l’un des parcs montréalais les plus populaires. Inauguré en 1874, en pleine époque victorienne, il s’inscrit dans la phase d’aménagement des grands parcs naturels de la ville, comme le
parc du Mont-Royal et l’ile Sainte-Hélène. Ilot de verdure et de loisirs, ce parc est fortement ancré dans l’âme des habitants du Plateau-Mont-Royal et est devenu un lieu de rassemblement familial et populaire.
Le parc La Fontaine est situé sur les terrains de l’ancienne ferme Logan. Cette terre, cédée en 1845 au gouvernement du Canada, sert alors de site militaire. Les soldats de la garnison britannique y logent et s’y entraînent en pleine nature. À partir de 1874, la ville loue une partie de la ferme Logan pour créer un parc. Les premiers grands travaux d’embellissement et d’aménagement sont entrepris en 1888. Deux ans plus tard, on y déménage les serres du square Viger. C’est là que sont produites, jusqu’en 1952, toutes les fleurs qui ornent la ville. En 1900, deux bassins sont creusés au centre du parc. On y ajoute aussi une fontaine illuminée (en 1929) qui fera l’admiration de tous. Bien que dans les faits le parc La Fontaine ne soit plus utilisé à des fins militaires depuis 1874, le gouvernement fédéral a conservé jusqu’en 1991 un droit d’utilisation militaire dans la partie est du parc.
Un parc canadien-français
Occupant une place de plus en plus importante dans le cœur de la population canadienne-française, le parc Logan est rebaptisé La Fontaine en hommage au premier ministre francophone du Canada-Uni. Le « baptême » se fera lors de la parade de la Saint-Jean-Baptiste de 1901. Cette appropriation du parc par les résidants de l’Est montréalais va se refléter dans son utilisation comme lieu de rassemblement lors des fêtes populaires et par l’érection de différents monuments : Adam Dollard des Ormeaux, sir Louis-Hippolyte La Fontaine et, plus récemment, Félix Leclerc et Charles de Gaulle sont mis à l’honneur. L’écrivain Michel Tremblay évoque fréquemment cette appartenance du parc à la culture canadienne-française de Montréal dans ses
Chroniques du Plateau-Mont-Royal. Dans le roman
La grosse femme d’à côté est enceinte, il écrit : « Le parc était immense...mais pour “jouer”, selon les critères de Marcel, il fallait entrer dans l’aire de verdure qui longeait la rue Calixa-Lavallée... là où se trouvaient tous les jeux, cette partie du parc La Fontaine qu’on appelait aussi “le parc”. »
Cet article est paru dans le numéro 18 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.