Pour Expo 67, le Québec redéfinit son identité face au monde. Loin d’une vision folklorique de la culture québécoise, le pavillon du Québec présente une nation moderne et tournée vers l’avenir.
Pavillon du Québec - CAN_MT1967-PH-3299
C’est sur l’île Notre-Dame, entre les pavillons de la France et de l’Ontario, qu’est érigé le pavillon du Québec. S’inspirant du flottage de cages et de radeaux de bois équarri qui a marqué l’histoire économique de plusieurs régions du Québec, le pavillon est constitué d’un grand cube de verre supporté par quatre piliers, le tout posé sur une plate-forme entourée d’eau. L’édifice est accessible par une passerelle surélevée. Le jour, les murs vitrés inclinés reflètent le ciel, alors que, le soir, on aperçoit à travers ceux-ci l’intérieur éclairé du pavillon. L’intérieur est composé d’une grande salle d’exposition située en hauteur, accessible par quatre ascenseurs aux parois vitrées. Au-dessus se trouve le restaurant, d’une capacité de 200 places.
Jean Octeau, le commissaire du pavillon, est chargé de définir l’image du Québec que le pavillon doit donner aux visiteurs. On souhaite alors présenter le Québec comme une nation à part entière, engagée dans une transition caractérisée à la fois par des éléments traditionnels et modernes. Après de vifs débats entre les architectes et les différents ministères impliqués, un scénario d’exposition est finalement établi.
Défi, combat et élan
Pavillon du Québec de nuit
De l’intérieur des ascenseurs, les visiteurs peuvent observer une représentation stylisée de la forêt québécoise évoluant au rythme des saisons, qui représente le défi.
À l’étage principal, le combat occupe la plus grande surface de l’exposition. Axé principalement sur l’exploitation des ressources naturelles, le développement industriel et l’urbanisation, il se divise en sept sous-thèmes : la conquête (du territoire), l’eau, la forêt, le sol, le sous-sol, l’industrie et la ville. Si la conquête du territoire est avant tout illustrée par des outils et véhicules ayant marqué l’histoire québécoise (ancres de bateau, traîneaux inuits, canots d’écorce, raquettes, pneus de camions géants, motoneiges), le défi est surtout représenté par des éléments liés à l’exploitation des ressources naturelles et au développement industriel (fourrures, cylindres suspendus symbolisant la production de papier, cubes de minerais, seaux à sève d’érable, rouleaux d’acier, photographies illustrant l’industrialisation des campagnes).
Pavillon du Québec - intérieur
Projections et sons électroniques
Pavillon du Québec - entrée (CAN_MT1967-PH-3933)
Pour sa part, le restaurant offre une cuisine inspirée de la gastronomie québécoise. Son conseiller principal est Abel Benquet, chef propriétaire du restaurant Chez Pierre. On y offre notamment du filet de sole à la crème, des timbales de filet de veau aux truffes, des palourdes Cherrystone au gratin, du homard de Gaspé belle aurore, du faisan d’Oka en chartreuse et de la tourtière du Québec sauce bigarade. Chaque soir, de 20 h 30 à 22 h, des spectacles de chanson populaire y sont présentés. D’avril à octobre, Tex Lecor, Louise Forestier, Renée Claude, Nicole Perrier, Monique Gaube, Les Cabestans, Gaétane Létourneau, Christine Charbonneau et Claude Forestier se succèdent sur la scène.
Pavillon du Québec (CAN_MT1967-PH-3633)
Résolument moderne, tant dans son architecture que dans son exposition, le pavillon reçoit essentiellement des critiques positives. Le New York Times le qualifie notamment de révélation, saluant son architecture audacieuse, la pertinence de son exposition et l’utilisation habile de jeux de lumières et de sons électroniques. Certains lui reprochent en revanche sa trop grande sobriété et son exposition jugée trop conceptuelle, voire froide. La Société des artistes professionnels du Québec dénonce pour sa part la faible place accordée à l’art au détriment des aspects économiques et industriels. Alors que la presse tend à faire l’éloge du pavillon, de l’avis des hôtesses, bon nombre de visiteurs québécois le critiquent sévèrement.