À la fin du XIXe siècle, les divertissements se démocratisent. À un point tel que les manifestations populaires et culturelles font maintenant partie intégrante du paysage estival de Montréal.
Ernest Lavigne - Parc Sohmer
Dès le début du XIXe siècle, les panoramas, sorte de grande fresque historique ou paysagère, provenant d’Angleterre et des États-Unis, sont présentés au public. Par exemple, les Montréalais peuvent admirer en 1809 le panorama de la bataille d’Alexandrie. Les aristocrates et les bourgeois ne sont donc plus les seuls à pouvoir s’offrir un peu d’exotisme.
Les théâtres, dangereux et immoraux
Sarah Bernhardt dans le rôle d’Hamlet en 1899
Toutefois, au milieu du XIXe siècle, un type de divertissement est toléré par le clergé : le cirque! Bien avant l’avènement du Cirque du Soleil, le cirque est le divertissement le plus couru durant l’été à Montréal. Provenant des États-Unis, des cirques s’installent temporairement dans des parcs ou sur des places publiques : jardin Guilbault, parc Sohmer, Champ-de-Mars. Les cirques s’annoncent en ville par une parade qui les mène de la gare jusqu’au lieu où ils se produisent. Les animaux défilent dans les rues et des acrobates font des numéros pour attirer la foule, comme cet acrobate qui tend son fil de fer sur la place d’Armes au-dessus de la rue Notre-Dame en 1830.
Du jardin horticole au parc récréatif
Divertissement - Jardin Guilbault, publicité cirque
Au jardin Guilbault, d’abord voué à la culture des plantes et des fleurs, on organise dès 1835 des fêtes populaires inspirées de la mode européenne : feux d’artifice, illumination du jardin, concert et envol de ballons. Successivement situé près du Champ-de-Mars, puis de la place d’Armes et finalement au sud de la rue Sherbrooke entre les rues De Bleury et Saint-Urbain, le jardin Guilbault devient le premier parc d’amusement de Montréal. On y expose des curiosités animales et botaniques, en plus d’y recevoir de nombreux cirques américains. À la mort de Joseph-Édouard Guilbault, en 1882, le projet de création d’un parc populaire incluant des éléments de botanique se concrétise par la création du parc Sohmer.
Le 1er juin 1889, l’ouverture du parc Sohmer bouleverse le monde musical de Montréal. En effet, les petites fanfares de quartier sont délaissées depuis qu’Ernest Lavigne, le propriétaire du parc Sohmer, propose aux Montréalais un programme musical quotidien. Lui-même musicien et chef d’orchestre, il vise à partager sa culture musicale avec le public. Grâce à l’orchestre professionnel du parc Sohmer, Ernest Lavigne initie les Montréalais à l’opéra, ainsi qu’à la musique de Mozart, Schubert et Chopin. C’est le premier véritable orchestre symphonique à Montréal!
Célébration de la puissance de la colonie
Grande Exposition Agricole et Industrielle de la Puissance du Canada
Les expositions, les cirques et les autres loisirs populaires ont donc fait une apparition timide au début du XIXe siècle dans la métropole québécoise. Cependant, l’engouement des Montréalais pour les manifestations populaires et culturelles n’a cessé de croître, à un point tel qu’elles font maintenant partie intégrante du paysage estival de la ville.
Cet article est paru dans le numéro 18 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
Divertissement - Jardin Guilbault, 1852