Le boulevard Saint-Laurent abrite la salle de spectacle montréalaise, la Sala Rossa. Alors que ses murs résonnent au rythme de la musique, les échos de son histoire restent à découvrir.
4848 boulevard Saint-Laurent - 2016
Le 4848 boulevard Saint-Laurent, aujourd’hui connu comme la Sala Rossa, cache une histoire qui illustre magnifiquement les installations successives des gens arrivés dans la métropole au XXe siècle. Construite dans les années 1930, cette bâtisse est l’initiative d’une société fraternelle socialiste juive à une époque où les synagogues, les associations et les syndicats juifs animent le secteur.
Repère des militants juifs
4848 boulevard Saint-Laurent
Ouvriers, tailleurs, presseurs, les juifs sont reconnus pour leur implication syndicale, politique et communautaire. Inspirés par les idéaux révolutionnaires européens, ils fondent différents organismes de défense de droits, dont le Workmen’s Circle, aussi connu sous le nom d’Arbeiter Ring. Fondé en 1907 par des immigrants russes et polonais militants du parti est-européen, le Bund, le Workmen’s Circle fait la promotion de la social-démocratie, d’une culture séculière et de la langue yiddish. Le regroupement, qui compte plus de 1000 membres dans les années 1920, fait l’acquisition de terrains sur le boulevard Saint-Laurent.
4848 boulevard Saint-Laurent - vers 1940
L’arrivée d’une nouvelle vague d’immigrants européens marque la période de l’après-guerre. De nombreux Montréalais d’origine juive désertent progressivement le boulevard Saint-Laurent et se dirigent vers l’ouest de l’île. Le Workmen’s Circle suit le mouvement dans les années 1960. Déménagé dans le quartier Snowdon, il fête son 110e anniversaire en 2017.
Repère des danseurs
Ludmilla Chririaeff - 1955
Cette institution, aujourd’hui célèbre internationalement, est l’initiative d’une immigrante russe arrivée à Montréal en 1952. Comme des millions d’Européens, Ludmilla Chiriaeff doit quitter l’Europe à la suite du conflit mondial. Elle s’installe dans un Montréal qui profite de la prospérité d’après-guerre pour alimenter et développer sa scène culturelle. Danseuse de ballet professionnelle et passionnée, Ludmilla est très tôt recrutée par la télévision de Radio-Canada pour l’émission L’heure du concert. Elle crée la compagnie des Ballets Chiriaeff en 1954, renommée, quelques années plus tard, les Grands Ballets Canadiens de Montréal.
En 1966, à la demande du ministère des Affaires culturelles du Québec, Ludmilla fonde le premier établissement de la province voué à la formation professionnelle des danseurs, l’Académie des Grands Ballets Canadiens. Cette institution, appelée à devenir l’École supérieure de danse du Québec, fait ses premiers pas au 4848 Saint-Laurent.
Repère des Hispano-Montréalais et de la scène culturelle alternative
Danseuse flamenco
Depuis le début des années 2000, le Centre social espagnol collabore avec la Casa del Popolo, située juste en face, pour l’organisation de spectacles dans la grande salle de l’étage supérieur, nommée la Sala Rossa (le Salon rouge). Désormais mythiques, ces lieux ont vu naître des groupes de renommée internationale, comme Arcade Fire et The Dears.
Au rythme des vagues migratoires, le 4848 boulevard Saint-Laurent s’est ainsi animé de la présence de Montréalais de diverses origines : juive, russe, espagnole et bien d’autres. Et plus tard, qui prendra le relais?
Maxwell Myron Kalman (1906-2009) nait à Montréal en 1906 dans une famille juive d’immigrants roumains. Il grandit dans le quartier juif de la ville, aux abords du boulevard Saint-Laurent.
En 1931, il est diplômé du programme d’architecture de l’Université McGill. Sa carrière prend rapidement son envol. Il est reconnu pour ses constructions simples, fonctionnelles et solides. Il conçoit notamment l’épicerie Steinberg sur l’avenue Bernard (en 2017, l’épicerie Les 5 saisons), le 4848 boulevard Saint-Laurent (aujourd’hui la Sala Rossa) et l’école Jewish People’s School (l’actuel Collège Français).
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