Dans les années 1940, Pacifique Plante, à la tête de l’escouade de la moralité, entreprend de nettoyer en profondeur le Montréal interlope. Après son scandaleux renvoi, il riposte avec brio.
Scandale - descente maison de jeu
La ligue de vigilance sociale
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La Ligue réclame aussi la tenue d’une enquête publique sur le comportement de la police et des autorités municipales, mais ces requêtes échouent par deux fois. Elles se butent aux exigences très rigoureuses de la Loi sur la fraude et la corruption dans les affaires municipales, qui avait été modifiée au lendemain de l’enquête Coderre (en 1924) afin justement de rendre plus difficile l’obtention de telles enquêtes! Fragilisée par ces échecs, la Ligue de vigilance disparaît vers la fin de 1946.
Pax Plante
Scandale - Affiche Libérons Montréal de la pègre
En effet, si le nettoyage que fait Pax plaît à beaucoup de gens, son zèle intransigeant en dérange bien d’autres. Ni ses actions ni son style ne font l’unanimité. En mars 1948, le chef de police Albert Langlois le suspend et obtient du comité exécutif son congédiement sous prétexte d’insubordination et de publicité non autorisée. Cette décision scandalise ceux qui avaient applaudi l’action de Plante et qui soupçonnent plus que jamais les autorités policières et politiques de relations avec la pègre.
Montréal sous le règne de la pègre
Montréal sous le règle de la pègre
Ces révélations sensationnelles déclenchent une nouvelle vague de mobilisation citoyenne. En mars 1950, des représentants de diverses associations catholiques et nationalistes fondent le Comité de moralité publique des citoyens de Montréal, qui canalise l’agitation en faveur d’une enquête publique. Il soutient le travail de Plante et du jeune avocat Jean Drapeau, qui, à la cour municipale, dépouillent l’ensemble des archives judiciaires pertinentes sur une période de 10 ans (depuis 1940) pour monter un solide dossier d’accusation. La requête judiciaire longue d’environ 1100 pages qu’ils déposent à la Cour supérieure compte près de 5000 accusations précises à l’endroit d’officiers de la police et de politiciens (aucun simple policier n’est accusé). Convaincu de la nécessité d’aller au fond des choses, le juge en chef ordonne en mai 1950 la tenue d’une enquête judiciaire et désigne le juge François Caron pour la présider.
Ce texte de Mathieu Lapointe est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 205-208.
DE CHAMPLAIN, Pierre. Histoire du crime organisé à Montréal de 1900 à 1980, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2014, 502 p.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
LAPOINTE, Mathieu. Nettoyer Montréal : les campagnes de moralité publique, 1940-1954, Québec, Septentrion, 2014, 395 p.
PLANTE, Pacifique. Montréal sous le règne de la pègre, Montréal, Éditions de l’Action nationale, 1950, 96 p.
STANKÉ, Alain, et Jean-Louis MORGAN. Pax, lutte à finir avec la pègre : un portrait-robot du célèbre incorruptible Pacifique Plante, Montréal, La Presse/Messageries internationales du livre, 1972, 254 p.