Maire de Montréal pendant 17 ans, Houde est connu notamment pour sa détention due à son opposition à l’enregistrement national et pour sa tolérance envers certaines activités illicites.
Camillien Houde
Alors qu’il travaille dans le secteur bancaire, Houde rencontre Bertha-Andréa Bourgie qu’il épouse en 1913. La lune de miel est de courte durée puisque la jeune madame Houde décède lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918. L’année suivante, Camillien Houde épouse en secondes noces Georgianna Falardeau. C’est cette dernière qui lui fait quitter les banques pour la vente et le commerce. Il sera, entre autres, employé de la biscuiterie J. Dufresne, vendeur de charbon et importateur de vins pour la Commission des liqueurs, avant de devenir vendeur d’assurances pour La Sauvegarde.
En 1922, la carrière politique de Camillien Houde débute. D’abord secrétaire du club conservateur du comté provincial de Sainte-Marie, il sera envoyé dans la fosse aux lions l’année suivante. En effet, le parti décide de présenter Houde comme candidat face à la redoutable machine libérale. Contre toutes attentes, le secrétaire de 34 ans est élu avec une mince majorité de 533 voix. Bien qu’il ait d’abord été élu au provincial et qu’il ait fait quelques incursions au fédéral, Camillien Houde est surtout connu pour sa participation à la scène politique municipale. « Monsieur Montréal » sera à la tête de la Ville pendant 17 ans, entre 1928 et 1954, moment où il quitte la vie active à cause d’ennuis de santé. Il remporte sept des neuf élections pour le poste de maire auxquelles il se présente.
Camillien Houde, le politicien
Camillien Houde par Nincheri
Lorsque débutent les conflits de la Seconde Guerre mondiale, Houde se prononce farouchement contre l’enregistrement national qu’il voit comme une forme de conscription. Cette prise de position lui vaut d’être arrêté par la police fédérale en 1940 et mis en détention. Le prisonnier numéro 694 est d’abord écroué au camp Petawawa en Ontario avant d’être transporté au camp 70 près de Fredericton au Nouveau-Brunswick en 1942. Libéré le 16 août 1944, Camillien Houde débarque à Montréal le lendemain et est accueilli en héros.
Dès lors, sa popularité ne se dément plus. Maire populiste, il est également reconnu pour sa tolérance envers certaines activités illicites, notamment les maisons de jeu et de paris. Lors de l’arrestation d’Harry Ship en 1946, les policiers découvrent le nom et le numéro de téléphone du maire dans le carnet d’adresses du mafieux. Bien que le politicien soit critique au sujet de l’enquête Caron, Pacifique Plante et Jean Drapeau ne le mettent pas au banc des accusés.
Ralenti par des ennuis de santé, Houde prend sa retraite en 1954. Sa carrière municipale aura été marquée par les grands événements du XXe siècle : crise économique, conflits armés, mais aussi seconde mise sous tutelle de la métropole québécoise quelques décennies après la première. Après avoir quitté la vie active, il se consacre à son rôle de grand-père. Il décède le 11 septembre 1958 à l’âge de 69 ans.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
LAPOINTE, Mathieu. Nettoyer Montréal : les campagnes de moralité publique, 1940 1954, Québec, Septentrion, 2014, 395 p.