1870-1930

Légende : Plan du parc du Mont-Royal réalisé par Frederick Law Olmsted en 1877.
Source : Ville de Montréal, Service des parcs
Credit : Frederick Law Olmsted

L’inauguration du parc du Mont-Royal, en 1876, consacre l’accessibilité publique de la montagne. Ce geste concrétise une idée apparue dans les années 1840 et renforcée par une mobilisation citoyenne due à l’abattage d’arbres sur un domaine de la montagne. La Ville de Montréal acquiert les terrains nécessaires à la constitution de ce parc public et en confie l’aménagement au grand architecte paysagiste américain Frederick Law Olmsted.

L'expérience paysagère du parc

L’expérience paysagère qui résulte de la création du parc permet aux promeneurs de découvrir la nature en cheminant sur des sentiers qui serpentent jusqu’au sommet. Au cours de la montée, ils peuvent observer la ville dans un cadre pittoresque mettant en scène une grande variété de paysages : Côte Placide, Piedmont, Pente Rocheuse, Escarpement, Serpentin, Fougeraie, Clairière, Sommet. La montagne est également un lieu de rendez-vous pour les membres de clubs sportifs qui y pratiquent diverses activités, comme la raquette, le golf, le criquet, la promenade en traîneau, le toboggan, etc.

L’offre d’activités récréatives s’intensifie sur la montagne, d’abord à l’endroit de l’actuel parc Jeanne-Mance, autrefois appelé Fletcher’s Field. On y trouve entre autres un golf et un hippodrome. Durant le carnaval d’hiver, on y construit un imposant palais de glace qui attire de nombreux visiteurs.

De nouveaux aménagements sont réalisés, notamment le grand belvédère en hémicycle, en 1906. Ce belvédère porte aujourd’hui le nom de Kondiaronk, en l’honneur du chef de la nation huronne-wendate qui fut l’un des principaux artisans de la Grande Paix de Montréal de 1701. Dès sa création, le belvédère devient un endroit de prédilection pour observer la ville, le fleuve et la Rive-Sud de Montréal.

Une présence institutionnelle accrue

En réponse aux besoins croissants de la population, plusieurs institutions choisissent de poursuivre leur développement sur la montagne et prennent de l’expansion. Sur le flanc sud, l’Hôpital Royal Victoria s’agrandit jusque dans une partie du parc du Mont-Royal qui a été cédée par la Ville à l’institution.

Sur le flanc nord de la montagne se trouve l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Des foules immenses viennent s’y recueillir, si bien qu’on commence durant cette période la construction d’une imposante basilique. À cette époque, la présence institutionnelle s’affirme surtout sur ce flanc nord, avec le Collège Notre-Dame, la maison mère des Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, le Collège Jean-de-Brébeuf et l’Université de Montréal.

La construction de l’Université de Montréal, qui a été ralentie par la crise économique, s’est échelonnée de 1928 à 1943. Le pavillon de brique beige et sa tour iconique se démarquent dans le paysage et y introduisent la modernité architecturale. 

Intensification de la fonction résidentielle

Le mont Royal est de plus en plus habité. Sous l’effet de la construction de nouveaux réservoirs, qui à certains endroits créent des plateaux, le tissu résidentiel se densifie et se consolide. Les villages s’urbanisent et se transforment en quartiers résidentiels.

Avec l’ouverture de nouvelles rues et l’amélioration des moyens de transport reliant les différents points d’intérêt sur et autour de la montagne, la fonction résidentielle s’étend. Les villes d’Outremont et de Westmount sont créées, sur la base de plans comportant un tracé de rues curvilignes qui tirent parti de la topographie et des vues, et qui offrent un cadre de vie résidentiel verdoyant. De style château, l’ensemble Trafalgar-Gleneagles est construit en 1929-1930. Il représente les premières conciergeries sur le mont Royal.

En 1885, la mise en service d’un funiculaire permet une ascension plus directe jusqu’au sommet de la montagne. Plusieurs changements s’opèrent au fil des années qui suivent. Le réseau de transport collectif donnant accès au parc du Mont-Royal est amélioré. Une tranchée est d’ailleurs percée dans le roc afin que le tramway puisse se rendre au cœur du parc depuis l’avenue du même nom.

En 1910, la compagnie de chemin de fer Canadien du Nord, qui deviendra plus tard le Canadien National, entreprend au nord de la montagne la réalisation d’un ambitieux projet : la Ville de Mont-Royal. Cette ville se veut une véritable cité modèle, aménagée suivant les plans conçus par Frederick Gage Todd, premier architecte paysagiste au Canada. Elle est située à l’aboutissement d’un tunnel ferroviaire percé sous la montagne.

Durant cette période, de grands monuments commémoratifs sont érigés, notamment le monument sir George-Étienne Cartier. Haut de plus de 30 m, il est le plus imposant monument classique de Montréal. La croix du mont Royal, autre figure iconique du paysage de la métropole, s’illumine dans le ciel nocturne depuis 1924. Elle se dresse sur le sommet de la colline du Mont-Royal, le point le plus élevé de la montagne.

La montagne urbanisée