1980 - aujourd’hui

Légende : Vue du mont Royal depuis l'avenue McGill College.
Source : Ville de Montréal, collection Plan de développement
Credit : Ville de Montréal

À partir des années 1980, des projets, des interventions et des démarches de conscientisation et de reconnaissance retiennent l’attention des citoyens et des groupes de défense du patrimoine, induisant une valorisation de la montagne. Une lutte est menée, notamment par Héritage Montréal et la Chambre de commerce, afin de préserver la perspective offerte sur la montagne depuis l’avenue McGill College, qui se trouve menacée par un projet immobilier. Le projet est abandonné.

Peu après, une forte contestation empêche l’érection dans le parc du Mont-Royal d’une tour de communication couplée à des infrastructures. Cet événement contribue à la création de deux organismes sans but lucratif dédiés à la montagne : Le Centre de la montagne, qui poursuit une mission d’éducation à l’environnement, et Les amis de la montagne, un groupe voué à la conservation et la mise en valeur du mont Royal. Les deux organismes ont uni leurs équipes en 2006 et portent désormais le nom Les amis de la montagne.

Des événements précédents découle une sensibilité accrue quant à la valeur emblématique et à la protection du mont Royal, comme en font foi plusieurs gestes publics :

  • le Site du patrimoine du mont Royal est constitué sur le territoire de la Ville de Montréal (1987);
  • un accord est signé par les municipalités d’Outremont, de Westmount et de Montréal et par Les amis de la montagne pour collaborer à la mise en valeur du mont Royal (1989);
  • le Plan directeur d’aménagement et de développement de l’arrondissement Ville-Marie reconnaît l’importance de la montagne dans la silhouette de Montréal (1990);
  • un premier Plan de mise en valeur du mont Royal est élaboré (1992);
  • la Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels désigne le mont Royal un « écoterritoire » (2004);
  • le mont Royal est décrété « arrondissement historique et naturel » par le Gouvernement du Québec (2005);
  • la Table de concertation du Mont-Royal est créée (2005);
  • le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal est adopté (2009).

L'empreinte humaine

Les institutions, notamment l’Université McGill et l’Université de Montréal, poursuivent la construction de leurs propriétés par l’ajout de bâtiments d’expression résolument contemporaine. L’Oratoire Saint-Joseph entame la réalisation d’un projet de consolidation de son site. Dans les cimetières, de nouvelles pratiques conduisent à l’apparition de mausolées et de columbariums qui contrastent nettement avec les monuments traditionnels. On voit également apparaître sur la montagne des plateaux sportifs à surface artificielle et aux couleurs vives.

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L’ancienne Ferme-sous-les-noyers des Sulpiciens. Photographie aérienne.

En bordure de l’avenue Atwater, le développement domiciliaire de la propriété de l’ancienne Ferme-sous-les-noyers des Sulpiciens lui fait perdre son appartenance historique au Domaine de la montagne et sa signification à l’égard de la valeur paysagère du mont Royal. Le développement domiciliaire, qui entoure le bâtiment de l’ancienne ferme, apparaît dans la partie inférieure de la photographie ci-haut.

En janvier 1998, la montagne est durement touchée par une tempête de verglas. Près de 80% de ses arbres sont abîmés, les branches jonchent le sol. À cause de sa hauteur, le mont Royal, plus froid, est davantage affecté et le verglas y persiste plus longtemps qu’en ville. Au cours des années qui suivent, des milliers d’arbustes et d’arbres sont plantés dans le parc du Mont-Royal.

D’autres changements s’opèrent, souvent sous l’effet d’interventions humaines, et ont un impact sur le paysage de la montagne. On assiste à la prolifération d’espèces végétales envahissantes, comme l’érable de Norvège. Cet érable aux teintes automnales jaune et ocre menace l’érable à sucre qui domine toujours l’érablière de la montagne avec ses teintes rouge et orange.

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Ruisseau Springgrove aujourd’hui dans le cimetière du Mont-Royal.

En raison des travaux de canalisation réalisés au cours des deux derniers siècles, on ne perçoit plus que des tronçons du ruisseau Springgrove dans Outremont. Dans le parc du Mont-Royal, des changements dans les pratiques d’entretien entraînent la perte de grandes surfaces gazonnées ouvertes. De plus, la végétation qui envahit les abords de certains points d’observation obstrue plusieurs vues.

La montagne se fait belle

De nombreuses réalisations dans le parc du Mont-Royal permettent de mieux en apprécier les attributs : pôle central d’accueil et d’information dans la maison Smith, sentiers, passerelles et escaliers aménagés, dont celui de l’escarpement, travaux de gestion de l’eau et contrôle de l’érosion, réaménagement des belvédères Kondiaronk et Camillien-Houde, pavillon au parc Jeanne-Mance, patinoire artificielle aux abords du lac aux Castors et réfection de son pavillon.

Autre réalisation fort appréciée, l’aire de jeu La salamandre attire les familles avec des équipements novateurs, incluant des jeux d’eau, qui s’insèrent dans la silhouette de l’animal sortant de terre. La salamandre à points bleus, amphibien du mont Royal, est l’élément vedette de cette aire d’intervention qui privilégie une sélection de matériaux naturels.

Le réaménagement de l’entrée de la rue Peel, principal accès au parc du Mont-Royal depuis le centre-ville, permet de procéder à la réfection des sentiers et des escaliers, ainsi qu’à la gestion des eaux de ruissellement, le tout dans le respect de l’approche d’Olmsted. Une œuvre d’art public, Give Peace a Chance, trouve sa place à mi-parcours de la montée.

Le belvédère du parc Summit est lui aussi réaménagé. La vue qu’il offre sur la ville est restaurée par la coupe des arbres qui l’obstruaient. Le tronçon nord de la boucle de Summit Circle présente un intérêt accru pour la promenade depuis sa fermeture temporaire à la circulation automobile en 2010. À cet endroit, les vues vers le cimetière Notre-Dame-des-Neiges et la rive nord de l’île sont à présent limitées par la végétation, surtout en période estivale.

Dans le cadre d’un projet de renaturalisation mené par Les amis de la montagne et la Ville de Westmount, avec l’appui du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, deux terrains bordant le chemin de la Côte-des-Neiges près du chemin Remembrance sont acquis et l’édifice abandonné qui s’y trouvait est démoli.

Un paysage contrasté : la rencontre du milieu construit et de la partie naturelle

Le paysage qui s’offre à la vue lors des déplacements le long des voies de circulation périphériques à la montagne permet toujours de bien percevoir le contraste à la rencontre du milieu construit et de la partie haute plus naturelle des versants de la montagne. Ces voies de circulation sont l’avenue du Parc, les boulevards du Mont-Royal et Édouard-Montpetit, le chemin de la Côte-des-Neiges, les avenues Cedar et des Pins. Une des améliorations les plus marquantes est d’ailleurs réalisée avec le réaménagement de l’intersection des avenues des Pins et du Parc, après la démolition de l’échangeur qui s’y trouvait.

Les travaux sont déjà en bonne partie exécutés pour la réalisation du chemin de ceinture de la montagne. Lorsqu’il sera complété, ce chemin en poussière de pierre, ponctué de haltes de repos, permettra aux piétons et aux cyclistes de faire le tour du mont Royal à la découverte de paysages et de lieux d’intérêt. Parmi ceux-ci, on note le parc en voie de réalisation sur le sommet d’Outremont.

Aujourd’hui, la montagne domine toujours la ville. Avec son aspect changeant et ses nombreux attraits qui varient au fil des saisons, elle demeure un lieu où les gens viennent marcher, jouer, s’instruire, se faire soigner et se reposer.

La montagne mise en valeur