1930-1980

Légende : Lac aux Castors vers 1967.
Source : Collection de cartes postales Daniel Chartier
Credit : Inconnu

Pendant la crise économique des années 1930, dans le cadre d’un programme mis sur pied pour engager des chômeurs, d’importants travaux sont exécutés sur la montagne. Le chalet du Mont-Royal, le lac aux Castors, le Central d’alarme du Service d’incendie et le belvédère du parc Summit, sur le sommet de Westmount, en sont des exemples. Le parc Summit est créé en 1940 par la Ville de Westmount lorsque l’Université McGill lui cède sa propriété, à la condition qu’il demeure un lieu où les oiseaux et les végétaux sont protégés.

Au cours des années 1950 et 1960, dans un contexte de modernisation, la montagne subit de grands changements avec la construction d’infrastructures mises en place pour répondre à l’utilisation accrue de l’automobile. La présence des voitures sur la montagne suscite de grands débats.

S’ajoutent ainsi dans le paysage, dans le cadre d’un plan directeur produit par la firme new-yorkaise d’architectes paysagistes Clarke et Rapuano, une voie panoramique (Camillien-Houde et Remembrance), de vastes stationnements, ainsi que des échangeurs aux carrefours des avenues du Parc et des Pins, du Parc et du Mont-Royal, et des chemins de la Côte-des-Neiges et Remembrance. Ces interventions ont comme résultat de rendre la circulation automobile fluide sur le pourtour de la montagne, mais ont souvent l’effet contraire sur l’accessibilité piétonne et cycliste au parc du Mont-Royal.

Une physionomie qui change

Dans ce même contexte de modernisation, on assiste à la construction du pavillon du Lac-aux-Castors et au déroulement d’un symposium international de sculptures. Au cours de cet événement, des artistes d’une dizaine de pays créent des sculptures qui sont exposées en nature, dotant le parc de plusieurs œuvres d’art.

D’autres changements modifient la physionomie du parc du Mont-Royal. Les « coupes de la moralité » réalisées dans les années 1950 éliminent beaucoup d’arbres et tous les arbustes d’une grande partie du parc. La montagne hérite alors du surnom de « mont Chauve ». Quelque 60 000 arbres sont plantés pour contrer l’érosion résultant de ces coupes intensives. Autre changement important à l’aspect de la montagne : des tours de télécommunication et de radiodiffusion sont érigées et s’imposent dans le paysage.

Plusieurs institutions procèdent à des travaux d’agrandissement, à l’aménagement d’aires de stationnement ou à la construction de nouveaux bâtiments. L’Hôpital Royal Victoria, l’Université McGill et l’Université de Montréal sont du nombre, mais l’intervention la plus marquante est réalisée par l’Hôpital général de Montréal qui, en 1955, construit son imposant édifice de l’avenue Cedar.

Dix ans plus tard, juste en face de l’Hôpital Général, une intervention d’une tout autre nature a lieu : les pavillons de l’hôpital Children Memorial sont démolis après le déménagement de l’institution au Square Cabot. La propriété est intégrée au parc du Mont-Royal, ce qui explique aujourd’hui la présence d’une clairière à cet endroit.

Des interventions marquantes dans le paysage résidentiel

Le développement de la fonction résidentielle contribue également à l’évolution du paysage de la montagne. Certaines interventions sont particulièrement notables : d’imposants immeubles sont construits, notamment sur les avenues des Pins et du Docteur-Penfield, et le complexe du RockHill est érigé en bordure du chemin de la Côte-des-Neiges.

Plusieurs gratte-ciel se construisent au centre-ville, certains tirant parti de la relation qu’ils établissent avec la montagne. C’est le cas de la Place Ville-Marie, inaugurée en 1962. Henry N. Cobb, qui a travaillé à la conception l’édifice, en dit ce qui suit, en faisant référence au mont Royal : « On ne peut sous-estimer l’importance pour Place Ville-Marie de cette qualité unique de notre site : sa très forte relation avec la principale caractéristique topographique de Montréal. » 

L’ajout de plusieurs tours consolide de plus en plus le massif du centre-ville. Les vues vers et depuis la montagne s’en trouvent fractionnées. Des préoccupations émergent et on craint que la construction de hauts bâtiments ne masque complètement la vue du mont Royal. En réaction à ces développements, la Ville de Montréal adopte un règlement établissant des plafonds de hauteur afin, selon les termes du Service d’urbanisme, « d’assurer la perception de la couronne de la montagne ».

La montagne moderne