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La mission de la Montagne et le fort des Messieurs

22 août 2016
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Deux belles tours rondes sur la rue Sherbrooke Ouest sont les derniers vestiges d’une grosse mission autochtone située sur le versant sud du mont Royal à la fin du XVIIe siècle.

Tours du fort de la montagne

Tours du fort de la Montagne sur la rue Sherbrooke Ouest, derrière les murs du Grand Séminaire de Montréal
Photo de Normand Rajotte. Centre d’histoire de Montréal.
Le promeneur attentif remarquera, sur le côté nord de la rue Sherbrooke Ouest, vis-à-vis de la rue du Fort, deux tours rondes en maçonnerie, percées de meurtrières et coiffées de toits en poivrière couverts de bardeaux de cèdre, juste derrière les murs du Grand Séminaire de Montréal. Il s’agit là des derniers vestiges du fort des Messieurs, aussi connu sous le nom de fort de la Montagne, qui faisait jadis partie de la mission de la Montagne, l’une des plus anciennes missions autochtones de la région de Montréal.

Pour en comprendre l’origine, il faut se rappeler que les autorités coloniales de la Nouvelle-France avaient la volonté de convertir les Premières Nations et de les installer dans la vallée du Saint-Laurent en tant qu’alliés politiques. Cet effort débute dès 1637 à Sillery, près de Québec, et la même volonté anime la fondation de Montréal en 1642.

Une mission sur la montagne

Mais la région est aux prises avec la menace iroquoise et ce n’est qu’à partir des années 1660 qu’une première mission prendra naissance près de Montréal, soit celle de Saint-François-Xavier-du-Sault, à La Prairie. D’abord occupée par des Iroquois Oneïouts (Oneidas) convertis, elle s’agrandira rapidement avec l’arrivée d’Onontagués (Onondagas) et d’Agniers (Mohawks), apportant avec eux un fort contingent de captifs hurons pris lors de la destruction de la Huronie en 1649.

Au début des années 1670, quelques familles autochtones, possiblement huronnes, s’étaient regroupées dans un petit hameau sur le versant sud du mont Royal. En 1675, des Hurons de la mission du Sault, qui veulent s’affranchir de leur condition, viennent graduellement s’installer dans le hameau en question. Les Sulpiciens font borner le terrain et construisent un fort de charpente qui accompagne la mission. Le premier missionnaire est rapidement remplacé en 1680 par François Vachon de Belmont, qui consacre une part de sa fortune personnelle à construire la mission. Il fait bâtir une chapelle nommée Notre-Dame-des-Neiges, une maison pour les missionnaires et une palissade qui vient enfermer tous les bâtiments, dont ceux du village autochtone. En 1685, un enclos de maçonnerie est érigé autour des bâtiments français, formant dorénavant le fort de la Montagne. De forme rectangulaire, il est flanqué de quatre tours aux angles. Les deux tours sud sont celles qui subsistent aujourd’hui, faisant d’elles l’un des plus anciens ensembles bâtis de Montréal. En 1690, une grande bassecour, un verger, un pigeonnier et même une fontaine agrémentent la mission. Un village palissadé de plus de 120 cabanes d’Autochtones se situe sur le côté ouest du fort.

Le feu ravage la mission

Mission de la montagne

Plan de la mission de la montagne en 1694
Plan de la Mission de la Montagne, 1694, François Vachon de Belmont. Archives nationales de France, Collection de cartes, plans et dessins d'architecture, Série N, N/III/Canada/12.
Un incendie majeur perturbe profondément la mission en septembre 1694. Un jeune guerrier tire un coup de fusil dans la cabane de son ennemi. Les occupants ont le temps de fuir, mais le feu prend et se répand rapidement à la faveur de grands vents. En trois heures, près d’une cinquantaine de cabanes d’Autochtones, une quinzaine de maisons de charpente, l’église lambrissée de planches et couverte de bardeaux ainsi que la palissade entourant le village sont emportées par les flammes.

Cet évènement porte un coup dur à la mission et, dès 1696, une première migration a lieu vers un nouvel emplacement, au Sault-au-Récollet, sur la rivière des Prairies. Elle est suivie d’une autre en 1699, puis encore d’une autre en 1704-1705. Le déménagement est également motivé par l’épuisement des sols pour la culture du maïs et la proximité grandissante des colons dans le quartier Saint-Joseph, la côte Sainte-Catherine et la côte des Neiges. Il semble que certaines familles autochtones demeurent dans la mission jusqu’en 1731. Le terrain est maintenant occupé par le Grand Séminaire de Montréal depuis sa construction dans les années 1850.

Avant-après : Tours du fort de la Montagne

Aquarelle offrant une vue des tours et des bâtiments de la mission des sulpiciens sur le flanc ouest du mont RoyalPhoto montrant les tours et le Grand séminaire de Montréal

2065, rue Sherbrooke Ouest

Avant

1847. La ferme des prêtres [de Saint-Sulpice], de Charles Dawson Shanly. Musée McCord. M971.171.

Après

2014. Le Grand Séminaire de Montréal, par Denis-Carl Robidoux. Centre d’histoire de Montréal.