La courte vie de la mission autochtone de la Nouvelle-Lorette ou quand les autorités coloniales manigancent afin de créer la paroisse du Sault-au-Récollet.
Carte île de Montréal vers 1730
C’est à la fin du XVIIe siècle que prend naissance la mission de la Nouvelle-Lorette. En 1691, le missionnaire en charge de la mission de la Montagne, François Vachon de Belmont, fait construire au Sault-au-Récollet un fort de pieux. Il prépare déjà un éventuel déménagement de la mission de la Montagne, qu’il considère trop proche de Montréal et de Lachine pour les Autochtones qui y habitent, car ils peuvent s’y procurer trop facilement de l’eau-de-vie. De plus, ils sont aussi trop accessibles aux Iroquois de la mission du Sault-Saint-Louis qui incitent leurs anciens captifs hurons, maintenant établis à la mission de la Montagne, à les y rejoindre.
De la montagne au sault, et du sault au lac
Mission de la Nouvelle-Lorette
Mais les Sulpiciens ont déjà en tête de transférer la mission ailleurs. C’est ainsi que dès 1721, une partie des Autochtones de la Nouvelle-Lorette doivent s’installer dans la nouvelle mission du lac des Deux-Montagnes, ce mouvement se poursuit dans les années subséquentes, jusqu’en 1736. Les documents historiques révèlent qu’il était même planifié, à la suite du défrichement des terres par les Autochtones, que leur déménagement devait profiter à l’installation des colons canadiens dans la nouvelle paroisse du Sault-au-Récollet. L’établissement au lac des Deux-Montagnes se justifie également par le fait qu’il est avantageux de protéger la colonie par une présence autochtone à l’ouest de l’île. Les autorités peuvent donc jouer de stratégies régionales tout en offrant des terres nouvellement défrichées aux colons.
Où était la mission?
Plan de l'île de Montréal vers 1702
Quant au village autochtone, il était sans doute situé à côté du fort, auprès de la rive, mais il n’a pas été repéré encore. Il logeait une population de plus de 200 personnes et devait compter au moins une quarantaine de maisons. Le secteur du Sault-au-Récollet est en bonne partie urbanisé aujourd’hui, et ces vestiges ont sans doute été, en grande partie, perturbés.