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Les origines du parc Jeanne-Mance

31 août 2016
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Le parc Jeanne-Mance, situé à l’est du mont Royal, a porté plusieurs noms et a accueilli de multiples fonctions. Il fait ainsi partie du paysage montréalais depuis fort longtemps.

Fletcher's Field

Carte postale montrant des gens, en famille ou entre amis, assis sur l'herbe
Carte postale, Centre d'histoire de Montréal.
L’histoire du parc Jeanne-Mance est étroitement liée à celle de l’aménagement du mont Royal. Afin d’embellir la ville qui enregistre une importante croissance, la construction de parcs et d’espaces publics connait un essor à Montréal dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dans ce contexte, une commission mise sur pied par la Ville confie à l’architecte Frederick Law Olmsted la tâche d’aménager le mont Royal. La Ville acquiert alors les terrains qui se trouvent à l’est de la montagne jusqu’à l’avenue de l’Esplanade, entre les avenues des Pins et du Mont-Royal, et les intègre au parc.

Fletcher’s Field

Fletcher's Field - revue militaire

Carte postale montrant une revue militaire sur la ferme Fletcher.
Avant 1911. Military Review on Fletcher's Field - Montreal. - Revue militaire sur la Ferme Fletcher. Carte postale, Centre d'histoire de Montréal.
L’avenue du Parc, inaugurée en 1883, divise le territoire du parc du Mont-Royal qui se situe à l’est de la montagne. Le terrain à l’ouest de cette avenue comprend une surface plane et un petit monticule, connu sous le nom de « Fletcher’s Hill ». Cet endroit sert à la fois de terrain de golf et de lieu d’exercice militaire dans les années 1870 et 1880. Un funiculaire y est aménagé pour atteindre rapidement l’observatoire en 1885. La population anglophone attribue à l’ensemble le nom de « Fletcher’s Field », parfois traduit par les francophones de l’époque par l’appellation « Ferme Fletcher ».

Le terrain situé à l’est de l’avenue du Parc accueille à la fin du XIXe siècle l’Exposition provinciale. Cette exposition se tient de part et d’autre de l’avenue du Mont-Royal entre 1878 et 1896 et elle entraine la construction de pavillons et d’estrades. Des travaux sont entrepris à la fin du XIXe siècle pour aplanir le sol du parc au sud-est de l’avenue du Parc, puis un terrain de jeu pour enfants est aménagé à cet endroit en 1902. À partir des années 1890, le vocable Fletcher’s Field est aussi utilisé pour désigner la partie du parc qui se trouve à l’est de l’avenue du Parc.

Parc Jeanne-Mance

Congrès eucharistique 1910 - messe en plein air

Messe en plein air tenue au Fletcher’s Field dans le cadre du Congrès eucharistique de 1910.
10 septembre 1910. Grande messe en plein air du congrès eucharistique. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Carte postale, CP 5889.
Lors du Congrès eucharistique de 1910, le Fletcher’s Field est l’endroit choisi pour la grande messe en plein air du samedi soir, qui rassemble près de 200 000 fidèles selon les journaux de l’époque. Dans la foulée de ce congrès, des catholiques montréalais exercent des pressions pour que cette partie du parc soit renommée en l’honneur de Jeanne Mance, fondatrice du premier Hôtel-Dieu de Montréal, alors situé sur la rue Saint-Paul. L’hôpital, déménagé en 1861 sur l’avenue des Pins, est situé tout près du parc. De manière officieuse, plusieurs Montréalais francophones désignent la portion du parc du Mont-Royal qui se trouve à l’est de l’avenue du Parc sous le nom de « parc Jeanne-Mance » dès 1910. Les communautés anglophones et juives qui fréquentent aussi le parc continuent pour leur part à utiliser le nom « Fletcher’s Field » pendant de nombreuses années, comme en témoignent entre autres les romans de l’écrivain Mordercai Richer. En 1990, le toponyme du parc Jeanne-Mance est officialisé.

Références bibliographiques

ABBOUD, Christiane. Les rues de Montréal, répertoire historique, Montréal, Éditions du Méridien, 1995, p. 250-251.

DAGENAIS, Michèle. « Entre tradition et modernité : espaces et temps de loisirs à Montréal et Toronto au XXe siècle », The Canadian Historical Review, vol. 82, no 2, 2001, p. 308-330.

DE LA PLANTE, Jean. Les parcs de Montréal des origines à nos jours, Montréal, Éditions du Méridien, 1990.

LAPERRIÈRE, Guy. « Le congrès eucharistique de Montréal en 1910 : une affirmation du catholicisme montréalais », Études d’histoire religieuse, vol. 77, 2011, p. 21-39.