Des traces d’occupation humaine datant de 5000 ans jusqu’à la présence des Autochtones dans l’actuelle grande région métropolitaine, voici toute une histoire à raconter.
Des milliers d’années avant l’arrivée du premier Européen sur l’île de Montréal, de nombreux Autochtones la fréquentent déjà, et ils y sont toujours demeurés après l’arrivée de nouveaux colons. Les Premières Nations évoluent dans la ville coloniale française, puis dans la ville anglaise. Dans la grande région métropolitaine montréalaise, encore aujourd’hui, les Autochtones sont bien présents. Mais il faut beaucoup d’attention pour y déceler les traces de leur histoire.
Il y a 5000 ans
L’arrivée des premiers groupes humains en sol nord-américain remonte à la toute fin de la dernière période glaciaire, il y a 14 000 ans, peut-être même plus. Venus d’Asie par voie terrestre entre la Sibérie et l’Alaska, ils colonisent rapidement l’Amérique du Nord et du Sud. Le sud du Québec est graduellement peuplé à partir de 12 000 ans avant aujourd’hui.
Couple d'Algonquins
Les siècles suivants marquent une tendance à la sédentarisation. Pendant la saison chaude, les Autochtones s’installent près des meilleurs sites de pêche. En hiver, ils continuent de se déplacer à cause de leurs activités de chasse. Il est certain qu’à partir de ce moment la présence humaine sur l’île se maintient en continu jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs sites archéologiques nous instruisent sur des présences humaines : on y reconnaît diverses traditions culturelles qui se succèdent au cours des millénaires et qui participent aux réseaux commerciaux, politiques et idéologiques qui façonnent l’histoire de la région. Ces sites se concentrent en grande partie dans le Vieux-Montréal en raison de la plus grande quantité de travaux archéologiques qui y ont eu cours, mais ils se situent aussi un peu partout sur l’île, tant sur les rivages que sur les versants de la montagne, de la pointe ouest à la pointe est.
Des artefacts révélés sur plusieurs sites
Par exemple, des outils en pierre datant de l’époque où apparaît la poterie dans ce coin du continent, il y a environ 3000 ans, ont été déterrés sur le site de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours ainsi que près de la rue Saint-Sulpice au nord de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal. Des fragments de poterie datant d’entre 2400 et 1000 ans ont été mis au jour à différents endroits riverains, comme à Pointe-aux-Trembles, dans le Vieux-Montréal, à Verdun et sur de nombreuses îles de l’archipel montréalais, dont l’île Sainte-Thérèse, les îles de Boucherville, l’île des Sœurs, etc.
Couple d’Abénaquis
Entre les années 1000 et la fin des années 1500 de notre ère, des Autochtones sédentaires, appelés Iroquoiens du Saint-Laurent, s’installent sur l’île de Montréal. L’actuelle place Royale est un lieu très fréquenté pendant cette période, et de nombreuses activités quotidiennes, telles que la pêche et l’accostage de canots, s’y tiennent. Mais les villages sont situés plus à l’intérieur, comme le constate Jacques Cartier quand il visite Hochelaga en 1535. Le site archéologique Dawson, situé en plein centre-ville, témoigne également de cette époque.
Pour le meilleur et pour le pire
Vers 1580, les Iroquoiens quittent la vallée du Saint-Laurent à cause de bouleversements géopolitiques subis par plusieurs groupes autochtones, possiblement liés à la présence européenne accrue sur la côte atlantique. Dans les décennies suivantes, les Français prennent une place grandissante dans le commerce des fourrures et signent des alliances avec plusieurs groupes comme les Micmacs, les Algonquins et les Hurons. Lorsque les premiers colons français viennent s’établir sur l’île de Montréal en 1642, accompagnés des fondateurs de Ville-Marie, Jeanne Mance et Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, le village d’Hochelaga n’existe alors plus depuis un siècle environ. L’île continue toutefois d’être un lieu de campement pour plusieurs nations autochtones. L’effort de christianisation des peuples autochtones lié à la fondation de Ville-Marie entraîne l’établissement de nombreuses missions sur l’île et dans ses environs. La création de la mission jésuite de Kahnawake, sur la rive sud de Montréal, remonte à cette époque. Une communauté mohawk y habite toujours.
Mission du Sault-Saint-Louis en 1670
En marge du conflit franco-anglais, les besoins reliés aux échanges d’armes et de produits européens contre des fourrures influencent les relations entre Français et Autochtones. Les foires estivales de fourrures sont des moments forts : échanges, pourparlers diplomatiques et fêtes marquent le début du XVIIe siècle. Les rivalités commerciales viennent par contre envenimer les relations. À Lachine, en 1689, une armée iroquoise tue une partie des habitants et fait plusieurs prisonniers. À l’été 1701, le gouverneur Louis Hector de Callière invite à Montréal les représentants de 39 nations autochtones pour négocier avec eux une entente appelée la Grande Paix. En août 1701, l’accord est signé grâce à l’entremise du chef huron Kondiaronk. Il garantit, entre autres, la neutralité des cinq nations iroquoises en cas de conflit entre les Français et les Anglais, en plus d’éliminer la menace iroquoise sur Montréal. Cette entente sera respectée jusqu’à la fin du Régime français.
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Cet article est paru dans le numéro 47 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il a été mis à jour en 2019.
BEAULIEU, Alain, VIAU, Roland. La Grande Paix, chronique d’une saga diplomatique, Montréal, Libre Expression, 2001, 127 p.
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