Atteint de tuberculose, Bethune profite d’un séjour en sanatorium pour parfaire ses connaissances de la maladie. Il s’établit à Montréal, une fois guéri, pour combattre ce fléau.
Tuberculose affiche
Après avoir nié l’évidence, Bethune accepte de suivre la cure de repos prescrite et séjourne dans un sanatorium. Se portant de mieux en mieux, il retourne à Détroit, mais la maladie le ramène à l’hôpital quelques semaines plus tard. Irrité de se voir condamné par l’impuissance de la médecine, il remet en question la cure de repos comme méthode exclusive de thérapie. Il consacre alors de longues heures à l’étude d’ouvrages scientifiques et y découvre un traitement chirurgical relativement nouveau, le pneumothorax artificiel : une aiguille creuse est insérée entre les côtes et on insuffle de l’air dans la cavité pleurale. Le poumon infecté s’affaisse, tombe en repos, ce qui accélère la guérison.
Patient difficile, Bethune fume, fait des escapades nocturnes à la taverne du coin et « soigne » ses camarades par des fêtes clandestines arrosées de vin venu de Montréal en contrebande, prohibition oblige! Son état de santé s’aggrave. Croyant sa mort imminente, il plonge dans la dépression et songe même au suicide. Il insiste pour avoir recours au pneumothorax, même si l’opération est risquée. Un mois plus tard, le patient est guéri.
Changement de cap
Bethune 1933
Sous sa direction, Bethune se hisse rapidement au sommet de sa profession. Partisan du traitement chirurgical de la tuberculose, il multiplie les plaidoyers en faveur du pneumothorax artificiel et de l’examen des poumons par rayons X. Bousculant la tradition, il innove, dessine et invente de nouveaux et populaires instruments chirurgicaux, dont plusieurs seront commercialisés sous son nom par la société Piling aux États-Unis.
Si Bethune irrite ses collègues par son attitude irrévérencieuse et sa pratique parfois téméraire de la chirurgie, il s’attire l’admiration et l’amour de ses patients, étudiants et subalternes par sa bonne humeur et sa chaleur humaine. Il étonne par sa créativité, son style vestimentaire et son caractère fantasque. À la longue, ses relations avec ses collègues s’enveniment. Même Archibald, homme intègre au jugement posé, le voit comme un égocentrique qui marche sur les pieds de tout le monde. Il le congédie à l’automne 1932.
Une réputation internationale
Hôpital du Sacré-Cœur
La crise économique semble peu le toucher, mais le contact quotidien avec les malades lui confirme qu’il existe une tuberculose du riche et une tuberculose du pauvre : le riche s’en tire et le pauvre en meurt. Bethune, médecin humaniste, ne peut rester indifférent.
Ce texte est tiré de l’exposition Les aventures de l’imprévisible Dr Bethune présentée par le Centre d’histoire de Montréal du 17 novembre 2009 au 29 août 2010.