En 1900, un jeune Américain, apparemment le premier architecte paysagiste installé à Montréal, se lance dans l’aventure : créer d’inspirants havres de nature dans une trépidante ville moderne.
Frederick Gage Todd - Lovell
Ville grise et ville verte
Todd arrive dans une ville en forte croissance où la pollution et le bruit s’intensifient, où l’urbanisation s’étend rapidement et où les grands espaces de refuge naturels tendent à s’amenuiser. Cet homme discret va passer sa vie à réfléchir à comment préserver des espaces de nature dans les villes, et, comme urbaniste, il va concevoir des villes où la nature fait partie du tissu urbain. Ses projets, dont celui de l’île Sainte-Hélène, contribuent au mieux-vivre des Montréalais et des Montréalaises. La réputation de l’architecte paysagiste croît avec les divers projets qu’il réalise à travers le Canada. Il devient l’un des plus importants architectes paysagistes de sa génération au Canada et vraisemblablement le premier à s’établir à Montréal.
Ville de Mont-Royal
Todd réfléchit sur l’apport esthétique et utilitaire de la nature dans l’espace urbain au fil de ses expériences et de ses projets. Il s’inspire en partie des concepts du City Beautiful propulsés par l’Exposition universelle de Chicago (1893), un mouvement qui prône une ville planifiée, ordonnée, prospère, mais aussi belle et saine. Il dessine les plans de la ville modèle de Mont-Royal (1910-1914), une banlieue-jardin où les rues mènent à un parc central. Il compte aussi d’illustres clients privés comme les Montréalais Richard Bladworth Angus du Canadien Pacifique et Louis-Joseph Forget, sénateur. Les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que plusieurs grandes villes canadiennes, entre autres Vancouver (Colombie-Britannique, 1907), St. John’s (Terre-Neuve, 1913) et Québec pour les plaines d’Abraham (1909), font appel à ses services. À Montréal, il collabore au grand rêve du frère Marie-Victorin, le Jardin botanique de Montréal. Son crayon s’aiguise pour concevoir le lac aux Castors en forme de trèfle (1936), le cimetière Parc commémoratif de Montréal et le Jardin du chemin de la croix près de l’Oratoire Saint-Joseph. De tous ses projets, Todd déclare que c’est celui du parc de l’île Sainte-Hélène qui lui a apporté le plus de « satisfaction pour l’âme » (traduction libre).