Hôpital général de Montréal
Historique d'ensemble
Genèse de l'institution
Un organisme de charité composé de femmes, la Female Benevolent Society, met sur pied en 1817 un petit établissement de soins qui accueille des clientèles démunies, notamment des immigrants. La House of Recovery est d’abord installée dans une maison du faubourg des Récollets, à l’ouest de la ville. Un groupe de médecins et d’hommes d’affaires philanthropes visant à établir un véritable hôpital réunit des fonds permettant à l’établissement d’emménager temporairement, en 1819, dans une maison plus grande de la rue Craig (actuelle Saint-Antoine), où il peut accueillir 24 patients.
Les donateurs forment un conseil d’administration qui prend les rênes du modeste hôpital et fait construire un hôpital général permanent; l’Hôpital général de Montréal est donc fondé sur ces bases en 1821. Dès l’année suivante, l’Hôpital général de Montréal inaugure son nouvel édifice situé sur la rue Dorchester (actuel boulevard René-Lévesque Est) entre les rues Saint-Dominique et De Bullion. Quatre médecins de l’hôpital mettent dès lors sur pied la Montreal Medical Institution, la première école de médecine au Canada. Une entente est conclue entre la Montreal Medical Institution et l’Université McGill pour former la Faculté de médecine, créant une affiliation entre l’hôpital et l’université et marquant les premiers jalons de la fondation de cette dernière. L’affiliation permet d’introduire l’enseignement au chevet des patients dans la formation médicale.
L’Hôpital général de Montréal de la rue Dorchester est agrandi à maintes reprises et occupé pendant plus d’un siècle, jusqu’à ce que les possibilités d’expansion soient épuisées sur le site, qui accueillera plus tard la résidence Saint-Charles-Borromée (actuel CHSLD Centre-Ville de Montréal). Les administrateurs, à la recherche d’un autre terrain plus vaste pour y ériger un nouvel hôpital, achètent en 1948 le domaine du défunt juge Alexander Cross, situé sur le flanc sud du mont Royal, entre les avenues des Pins et Cedar.
Le domaine comprend alors deux maisons : la résidence principale Amelia Lodge (démolie) en plein centre de la propriété boisée et la résidence de Selkirk Cross, le fils du juge (maison Durnford), à la limite sud-est du terrain. Le choix de cet emplacement est motivé par l’étendue du terrain et par la proximité de la population anglophone, de l’Université McGill et d’autres institutions de santé comme l’Hôpital Shriners (de biais sur l’autre côté de l’avenue Cedar), le Children’s Memorial Hospital (en face, acquis en 1956 par la Ville et démoli pour adjoindre le terrain au parc du Mont-Royal) et l’Hôpital Royal Victoria. La construction de l’Hôpital général de Montréal, qui sera le cinquième établissement de santé à occuper le versant sud du mont Royal, peut s’amorcer grâce au produit de la vente de l’édifice de la rue Dorchester et, surtout, grâce aux souscriptions publiques qui financent les trois quarts du projet.
Phases d'aménagement et de construction
Le nouvel Hôpital général de Montréal, conçu par la firme d’architectes McDougall, Smith & Flemming, est inauguré en 1955. Il comprend alors l’édifice Pine Avenue (ailes A, B et C), l’édifice Cedar Avenue (ailes D et E) et le pavillon Livingston (aile L). Les deux premiers immeubles abritent les unités de soins alors que le pavillon Livingston sert aux infirmières en formation ou en poste. Les trois immeubles revêtus de brique adoptent une architecture fonctionnaliste, basée sur des plans en forme de T ou de H et dont l’articulation des façades et les toits plats permettent de distinguer l’emplacement des entrées principales et des cages d’ascenseurs.
Le complexe pavillonnaire d’origine comprend aussi la maison Durnford qui se trouvait sur la propriété, ainsi que l’immeuble des anciens appartements Travancore (aile T) situé sur le terrain voisin sur l’avenue Cedar, acheté en 1951 pour servir de résidence pour les internes. En 1955, l’ancienne maison de John Henry Birks, située à l’est sur l’avenue des Pins, est léguée à l’Hôpital général de Montréal. Elle héberge maintenant l’Unité d’alcoologie et de toxicomanie, Centre Griffith Edwards, du Centre universitaire de santé McGill.
Une seconde phase de développement s’amorce en 1966 par l’ajout de trois étages à l’édifice Pine Avenue pour abriter des laboratoires et des services cliniques et professionnels. À la suite de la généralisation de l’usage de l’automobile, la construction d’un stationnement étagé à l’est des ailes principales se déroule de 1971 à 1973, afin de loger un nombre maximal de voitures sur une superficie restreinte. En parallèle, l’Hôpital général de Montréal construit également en 1972-1973 un bâtiment de cinq étages dans la partie sud-ouest du site, l’Institut de recherche (aile R), relié au pavillon Livingston par un passage intérieur au rez-de-chaussée.
L’Hôpital général de Montréal s’étend à nouveau, mais de façon plus modeste, dans les années 1980. Il fait en 1981 l’acquisition de l’ancien tennis couvert attenant à la propriété de John Wilson McConnell pour y loger le Centre de réadaptation, offrant des services de psychiatrie. L’immeuble situé sur un plateau entre deux pentes abruptes se trouve à l’est du stationnement étagé et derrière la maison Birks. Enfin, en 1988, un petit agrandissement est construit dans la courette avant de l’immeuble Travancore.
Toujours affilié à la Faculté de médecine de l’Université McGill comme hôpital d’enseignement universitaire, l’Hôpital général de Montréal est intégré au regroupement d’hôpitaux formé en 1997 sous la dénomination Centre universitaire de santé McGill (CUSM). En 2015, l’ouverture du nouvel hôpital du CUSM sur le site Glen et la fermeture de l’Hôpital Royal Victoria entraînent des changements à l’Hôpital général de Montréal, qui demeure en fonction et doit être modernisé : réorganisation et transfert de certains services dans d’autres établissements du CUSM, aménagement d’une urgence psychiatrique et unité de court séjour, intégration de cliniques du Royal Victoria, création de zones de soins ambulatoires et rénovation de certaines unités de soins.
L'ensemble dans l'histoire du site patrimonial du Mont-Royal
L’Hôpital général de Montréal et d’autres ensembles institutionnels de la santé et du savoir, comme l’Hôpital Royal Victoria et l’Université McGill sur le flanc sud du mont Royal et l’Université de Montréal sur le flanc nord, forment sur le pourtour de la montagne une frange densément construite de grande qualité architecturale contrastant avec les espaces verts et boisés de la montagne. On observe d’ailleurs une concentration des hôpitaux sur le flanc sud, sur les avenues des Pins et Cedar : l’Hôpital général de Montréal, l’Hôpital Shriners, l’Hôpital Royal Victoria et l’Hôtel-Dieu. Ces emplacements situés au pied de la montagne offraient à la fois un certain prestige, une facilité d’accès et un environnement plus sain et plus calme que la partie basse du centre-ville, où se trouvaient auparavant les premiers hôpitaux.
L’ensemble de l’Hôpital général de Montréal jouit d’une localisation procurant des vues panoramiques sur la montagne au nord et sur le centre-ville et le fleuve Saint-Laurent au sud. L’édifice Cedar Avenue est le plus élevé et le plus visible de l’ensemble, agissant même comme point de repère. Derrière l’apparente simplicité architecturale des pavillons principaux de l’Hôpital général de Montréal se cachaient pourtant des défis de conception causés par la topographie escarpée du site, comptant 36,6 mètres de dénivellation entre les avenues des Pins et Cedar. Les concepteurs devaient trouver le moyen de permettre la circulation entre les unités de soins et les pavillons : malgré le fait que le rez-de-chaussée de l’édifice Cedar Avenue se trouve à la hauteur du sixième étage de l’édifice Pine Avenue, les deux édifices parallèles sont reliés sur quelques étages par une aile perpendiculaire (aile C). Une cour intérieure est formée par les ailes A, C, D et L.
L’Hôpital général de Montréal bénéficie d’une proximité immédiate avec le parc du Mont-Royal, qui commence juste en face sur l’avenue Cedar. C’est justement cet emplacement privilégié dans la montagne qui suscite depuis sa construction des réactions de controverse, notamment à l’égard de la hauteur des immeubles, afin de préserver les vues sur la montagne. Les projets d’expansion de l’Hôpital général de Montréal, comme d’autres projets dans les environs, sont scrutés de près, surtout depuis l’adoption de mesures de protection et de mise en valeur du mont Royal à partir de la fin des années 1980. Ainsi, des projets d’agrandissement envisagés dans les années 2000, après plusieurs controverses et modifications, n’ont pas encore vu le jour.
Unité topographique
Localisation
Hôpital général - Ensemble de bâtiments - Plan de localisation.pdf
Sujet
Sommet
Arrondissement/ville
Patrimoine
Liste des bâtiments
- Unité d’alcoologie et de toxicomanie, Centre Griffith Edwards, du Centre universitaire de santé McGill
- Travancore , Aile T - Hôpital général de Montréal
- Stationnement - Hôpital général de Montréal
- Pavillon Livingston - Hôpital général de Montréal
- Maison Durnford - Hôpital général de Montréal
- Centre de réadaptation -Hôpital général de Montréal
- Ailes D et E - Hôpital général de Montréal
- Ailes A et B - Hôpital général de Montréal