Votre histoire fait l’Histoire : l’histoire orale au Centre d’histoire de Montréal

C’est en lisant des comptes rendus de procès pour voies de fait à Montréal au XVIII^e siècle qu’est né l’intérêt de Jean-François Leclerc pour l’histoire orale. Devenu directeur du Centre d’histoire de Montréal, il tisse des liens avec le Museu da Pessoa (Musée de la personne), au Brésil, une institution pionnière dans la collecte d’histoires de vies. Au tournant du XXI^e siècle, l’histoire orale fait son apparition au Centre d’histoire de Montréal. Elle y occupe depuis une place de choix par l’entremise d’une série de projets où la vie des Montréalais, telle que racontée par eux-mêmes, devient objet de collection et d’exposition.

Plus que parfaites, le début d’une aventure

Inaugurée en 2001, l’exposition sur les aides familiales à Montréal, Plus que parfaites. Chroniques du travail en maison privées, 1920-2000, présente des extraits sonores recueillis par Raphaëlle de Groot, artiste et commissaire d’exposition invitée par le Centre d’histoire de Montréal. On y découvre, en prêtant l’oreille, les souvenirs de ces domestiques et des gens pour qui elles ont travaillé.

Vient ensuite Encontros. La communauté portugaise. 50 ans de voisinage, en 2003. L’exposition marque le 50^e anniversaire de l’arrivée des premiers immigrants portugais à Montréal. Trésors de familles et témoignages oraux de membres de la communauté portugaise y sont mis en valeur. Les entretiens se font dans le cadre d’une clinique de mémoire. Cette formule originale d’enregistrement de témoignages, inspirée par les collectes de sang, a été mise au point par le Centre d’histoire de Montréal.

La diffusion par voie virtuelle

Un autre 50^e anniversaire, celui des Habitations Jeanne-Mance en 2009, est l’occasion d’une importante collecte de témoignages. Cette fois, l’information fournie par les habitants de ce vaste complexe de logements sociaux sert de matière première à une exposition virtuelle.

L’exposition Quartiers disparus, quant à elle, connaîtra une deuxième vie sous forme virtuelle. Elle est d’abord présentée au Centre d’histoire de Montréal, de 2011 à 2013, avec une mise en scène qui permet au visiteur d’entrer physiquement dans le récit. Combinant des archives photographiques et de nombreux témoignages, elle raconte l’importante transformation du paysage montréalais durant les années 1950 et 1960.

Cette fois, les témoignages audiovisuels sont véritablement au cœur de l’expérience du visiteur. Le travail préparatoire sur le terrain dure 10 mois, au cours desquels 55 personnes triées sur le volet sont interviewées. Pour passer au niveau supérieur de la diffusion de l’histoire orale par l’audiovisuel, l’aide de professionnels devient nécessaire. Le Centre d’histoire de Montréal lance sa première « exposition-documentaire ». La réaction est très positive, fréquentation à l’appui! Véritable point tournant pour le Centre d’histoire, Quartiers disparus reçoit en 2012 le Prix Excellence de la Société des musées québécois, celui de l’Association des musées canadiens, volet Recherche, et celui de la Oral History Association (États-Unis).

Scandale!

L’exposition temporaire du Centre d’histoire de Montréal qui se tient de novembre 2013 à octobre 2015 et qui porte sur le vice, le crime et la moralité à Montréal de 1940 à 1960 s’intitule Scandale! L’expérience acquise avec Quartiers disparus y est mise à profit : on consolide les acquis, on corrige les défauts, on rehausse la qualité des productions audiovisuelles. Misant sur un environnement évocateur, l’exposition présente des minidocumentaires constitués de témoignages d’historiens, d’artistes, d’employés de cabarets, de policiers, de citoyens ordinaires… Les visiteurs sont conquis par l’expérience multisensorielle qui leur fait revivre l’époque révolue du Red Light.

Une collection et une expertise au service des Montréalais

Les nombreux témoignages recueillis par le Centre d’histoire de Montréal au fil des projets forment maintenant une collection, un patrimoine immatériel, dont il faut prendre soin et assurer l’accessibilité. La gestion et l’archivage des enregistrements sonores ne sont pas une mince affaire. Conscient de la valeur de cette documentation unique, le Centre d’histoire a fait le choix de lui accorder une priorité.

Le Centre d’histoire de Montréal partage aussi son expertise en histoire orale avec les citoyens. Vous avez un projet de collecte de témoignages dans votre quartier, votre communauté ou votre entreprise? Vous trouverez ici les informations nécessaires à l’étude d’une demande.