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Oliver Jones, jazzman de Montréal

09 septembre 2019
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Dès l’âge de neuf ans, Oliver Jones se produit en spectacle et goûte à la vie nocturne montréalaise. Ce prodige musical s’est ensuite fait un nom sur la scène jazz locale et internationale.

« Montreal had so many nightclubs and dance halls, il y avait une ambiance, it was just the place… it was alive! It was really the city to be in, if you’d like nightlife. » [« Montréal avait tant de boîtes de nuit et de salles de danse, il y avait une ambiance, c’était là où il fallait être… c’était vivant! C’était vraiment la ville idéale si vous aimiez la vie nocturne. »]
– Oliver Jones

Oliver Jones en 2013

Photographie en couleurs, d’un homme noir assis devant un piano. Sur le piano est posée une partition de Chopin.
Photo d’Antonio Pierre de Almeida, Centre d’histoire de Montréal.
Oliver Theophilus Jones naît à Montréal dans le quartier Petite-Bourgogne en 1934 de parents barbadiens, à quelques jets de pierre du « Corner » . L’intersection des rues Craig (aujourd’hui Saint-Antoine) et de la Montagne est le berceau du jazz montréalais. Le Rockhead’s Paradise et le Café St-Michel se partagent ce mythique emplacement où le jeune Oliver fait très tôt ses premières armes.

Il se met au piano dès l’âge de trois ans et suit des cours auprès de Daisy Peterson, la sœur du célèbre Oscar Peterson, que Jones voit d’abord comme un mentor puis comme un ami. Cette amitié inébranlable a eu une influence durable sur le style musical de Jones. Le prodige musical, qui fera salle comble aux quatre coins du monde, connaît un début modeste, mais décapant, sur les scènes montréalaises. À neuf ans, on lui demande de jouer pour un enterrement de vie de garçon au Café St-Michel en compagnie de trois effeuilleuses. Jones accepte de se produire, mais évite de justesse le « panier à salade » lorsque la police débarque au club et embarque ceux qui contreviennent aux lois. Jones continuera de faire résonner le Café St-Michel au son de sa musique jusqu’à ses 10 ans, mais seulement la fin de semaine, et il ne peut rester au club passé 23 heures…

Oliver Jones raconte l'histoire de son premier numéro sur scène à l’âge de 9 ans.

Oliver Jones raconte l'histoire de son premier numéro sur scène à l’âge de 9 ans.

Durée : 8 min 29 s

Extrait de l’entrevue réalisée dans le cadre de l’exposition Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960, présentée au Centre d’histoire de Montréal du 15 novembre 2013 au 2 avril 2017.

Réalisation : 
Antonio Pierre de Almeida

Vivre l’âge d’or de la scène montréalaise

La Petite-Bourgogne et le jazz - Oliver Jones et musiciens

Oliver Jones au piano entouré de ses musiciens
Photo Ed Bermingham. Avec l'aimable autorisation d'Oliver Jones. Fonds John Gilmore. Service des archives de l’Université Concordia. P004-02-054.
Après ce départ rocambolesque, Oliver Jones offre des prestations dans différents cabarets et boîtes de nuit de la ville. Il vit pleinement l’âge d’or de la vie nocturne montréalaise, bien conscient que la plupart des établissements appartiennent à la pègre ou sont sous sa protection. Comme bien d’autres musiciens, animateurs, chanteurs, serveuses et cigarette girls, il ne voit et n’entend rien de ce qui se passe, se contentant de faire son travail. Jouer sur scène n’est pas une mince affaire à l’époque. Jones se produit à tour de rôle avec un cheval, un serpent, un chimpanzé et un phoque, le tout en essayant de se démarquer à travers des numéros de claquettes, de chant, de musique, etc.

Il demeure dans la métropole québécoise jusqu’en 1963 avant de s’établir à Puerto Rico où il dirige un orchestre aux saveurs calypso. Il revient à Montréal en 1980 et s’associe à Charles Biddle, un autre jazzman de renom. Ce partenariat permet à Jones de se faire un nom sur la scène jazz montréalaise. Sa carrière prend son envol et atteint des sommets internationaux. Il se produit à de nombreuses reprises au Festival international de jazz de Montréal (FIJM) et ses tournées l’amènent autant en Europe qu’en Australie, aux États-Unis qu’en Afrique. D’ailleurs, sa tournée africaine fera l’objet d’un documentaire de l’Office national du film (ONF) en 1989 : Oliver Jones in Africa.

Récipiendaire de plusieurs récompenses, notamment le prix Oscar Peterson du FIJM (en 1990) et le prix Martin Luther King Jr (en 1992) pour son apport à la communauté noire canadienne et à Montréal, Oliver Jones enregistre plus de 20 albums solos et contribue à plusieurs reprises à ceux de ses collègues et amis. Il prend officiellement sa retraite en 2016 après quelques ennuis de santé.