Artistes et architectes montréalais se sont inspirés de l’Égypte ancienne pour créer des monuments funéraires ou commémoratifs comme des pavillons éphémères ou un gratte-ciel pérenne.
Obélisque - cimetière
Parmi les différents monuments inspirés par l’Égypte ancienne, l’obélisque est le plus répandu à Montréal. Entre le milieu du XIXe et le début du XXe siècle, de nombreux Montréalais provenant des strates socio-économiques supérieures se font inhumer sous des obélisques de marbre. Cet élément est particulièrement populaire parmi les élites anglo-protestantes en Europe comme en Amérique du Nord. Les monuments funéraires de John Redpath (1796-1869) ou de Hugh Allan (1810-1882) dans le cimetière protestant du Mont-Royal en témoignent. L’obélisque réussit à transcender les clivages religieux, se retrouvant également dans les sanctuaires montréalais juifs et catholiques.
Spirituellement, les lignes épurées de l’obélisque guident l’âme du défunt vers les cieux, le rapprochant, selon la conception judéo-chrétienne du paradis et de l’immortalité. L’imposant monolithe de marbre, dont la couleur varie du blanc au noir, est un monument ostentatoire et onéreux. Visible de loin et surplombant ses voisins, il renforce symboliquement pour l’éternité le statut social du défunt. La comparaison des différents obélisques funéraires montréalais démontre qu’une certaine rivalité existait entre les artistes-sculpteurs pour fournir le plus beau monument aux élites insulaires. Généralement monument funéraire individuel, l’obélisque peut également servir collectivement comme cénotaphe dans une concession familiale.
Un obélisque pour les premiers colons français
Place d’Youville vers 1930
La pyramide s’affirme comme la deuxième forme égyptienne la plus rencontrée à Montréal. Les plus anciennes pyramides sont probablement érigées dans le cadre de l’Exposition universelle de 1967. Parmi les 90 pavillons construits pour l’Expo 67 par les plus grands architectes du moment, trois figurent des pyramides.
Katimavik - Lucie Laporte
Symbolisant une forêt verdoyante, le pavillon des pâtes et papiers du Canada se composait de nombreuses structures pyramidales. Fortement aiguës, ces structures représentant originellement des conifères peuvent également rappeler les tombeaux pyramidaux nubiens de Nouri et de Méroé, au Soudan, construits entre le VIIe siècle avant Jésus-Christ et le IVe siècle de notre ère.
Voyage spatial dans une pyramide blanche
Gyrotron
Un édifice unique à Montréal combine ces deux formes architecturales typiquement égyptiennes. Inaugurée en 1992, la Tour McGill (1501, rue McGill College), haute de 158 mètres, est un imposant obélisque de verre surplombé par une pyramide ajourée à quatre étages, qui rappelle la pyramide à degrés du complexe funéraire du pharaon Djéser à Saqqarah. Le pyramidion qui couronne la tour montréalaise est, comme un phare d’Alexandrie moderne, muni d’un système d’éclairage visible dans toute la partie sud de la métropole québécoise. Selon les saisons et la réussite de l’équipe de hockey des Canadiens, les couleurs des lumières varient, entourant d’une aura romantique les cieux de Montréal.
À Montréal, l’Égypte ancienne a ainsi inspiré les artistes comme les architectes, influençant autant la construction monumentale funéraire que la sphère publique, commémorative, récréative et privée. Si les formes restent typiques des périodes pharaoniques, elles servent aujourd’hui des pratiques bien plus contemporaines.