Pour Michel Barette, l’été 1967 est celui des grandes découvertes. Le p’tit gars d’Alma, qui s’extasie de la modernité de l’Expo comme de celle de Montréal, est touché par la démesure du monde.
Michel Barrette enfant
Il y a deux Expo 67.
Tout d’abord celle inscrite dans le grand livre d’histoire, qui se décline en statistiques et fait partie du passé.
Puis l’autre, plus intime qui, malgré son 50e anniversaire, n’a pas pris une seule ride. Cette Expo-là vit toujours dans le cœur de ceux et celles qui l’ont visitée. Dès que la porte de la mémoire s’entrouvre, les visages s’animent, les yeux s’enflamment.
Chacun a son histoire. Chacun a son souvenir. Chacun a son Expo.
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Prenez Michel Barrette par exemple. Il a célébré son 10e anniversaire 2 jours avant l’ouverture de l’Expo 67, et son père lui a promis de l’emmener visiter cette exposition, pour laquelle le paternel avait une véritable fascination. « Je quittais le lac Saint-Jean pour la première fois; pour un p’tit gars d’Alma, c’était toute une aventure. Nous sommes partis pour la grande ville avec les conseils d’usage : “Barrez vos portes, parlez à personne, Montréal c’est la pègre et la prostitution.” En d’autres mots, je m’en allais en enfer. »
Expo 67 - embouteillage 15 sud
La porte de l’enfer, c’est le pont Jacques-Cartier. Mais c’est au contraire le paradis qui apparaît sur les îles qu’il enjambe. Si bien que le père de Michel arrête la voiture sur le tablier dudit pont, pour montrer aux enfants les pavillons qu’il n’a vus alors qu’en photo. « Une file d’autos était arrêtée derrière nous, mais l’enthousiasme de mon père le rendait sourd aux klaxons. C’est ainsi, au beau milieu du pont Jacques-Cartier, que j’ai découvert l’Expo. »
Installée chez tante Vicky, la petite famille découvre aussi Montréal. « J’étais très impressionné par les gratte-ciels du centre-ville, alors qu’à Chicoutimi le plus gros bâtiment c’était l’hôpital! Puis on a pris le métro, qui était pour moi un train en dessous de la terre; le gars de char que je suis a jamais eu aussi peur de sa vie! »
Au-delà de l’imagination
Une fois sur le site de l’Expo, toutes les craintes se dissipent. Le pavillon des États-Unis, entre autres, impressionne vivement le petit Michel. « À Alma, on s’amusait dans le seul escalier mécanique de la ville, qui nous emmenait du premier au deuxième étage. On le montait et on le descendait à répétition, au point d’en avoir mal au cœur. Quand j’ai vu celui du pavillon des États-Unis, alors le plus long au monde, j’ai fait un méchant saut! »
Pavillon du téléphone - Bill Cotter
« Dans le cœur d’un enfant de 10 ans, c’est extraordinaire de découvrir la grande ville et le monde en même temps. Comme c’était aussi les années Bobino, Cré Basile et Peace and Love, jamais je ne pourrai oublier l’été 1967! Pensez-y : en quelques mois, j’avais vu une reine, St-Hubert BBQ et l’Expo! »