Possédant des talents d’animateur, comédien et chanteur, Jacques Normand a été la vedette de plusieurs cabarets montréalais. Il a aussi connu le succès à la radio et à la télévision.
« Ça prenait quelqu’un qui avait du pouvoir, du charisme, et Jacques Normand, lui, il l’avait l’affaire! »
– Thérèse Vallée-Fiorilli, cigarette girl
Jacques Normand, l’animateur vedette
Jacques Normand
Après la fermeture du Faisan Doré en 1950, Normand devient l’animateur-vedette du Saint-Germain-des-Prés, qui ouvre ses portes rue Saint-Urbain, près de Sainte-Catherine. À la même époque, il prête sa voix à la chanson composée par Jean Rafa, Les nuits de Montréal, qui deviendra culte au Québec. Il fait son entrée à la télévision en 1952 avec l’émission Café des artistes, qui présente les artistes québécois au grand public. Ses grands talents d’animation lui valent d’être à la barre de différentes émissions de divertissement au fil du temps, comme Music-Hall et la très populaire Les couche-tard dans les années 1960.
Son sens de l’humour, son charisme et son charme auprès des femmes, sa répartie légendaire et son côté parfois provocateur valent à Jacques Normand le surnom d’« enfant terrible » de Montréal. Il décède en 1998 à l’âge de 76 ans d’un cancer, trois ans après avoir été reçu chevalier de l’Ordre national du Québec.
Travailler au Faisan Doré
Au Faisan Doré
Embauchée par Jacques Normand, Thérèse commence sa journée de travail à 19 h et la termine au petit matin. Alors qu’elle est à l’emploi du Faisan Doré, la jeune femme gagne 17 sous par heure en plus des pourboires qui sont souvent très généreux. Il y a chaque soir au cabaret une deuxième cigarette girl, en plus des filles et des garçons de table qui font le service auprès des 500 personnes pouvant assister aux différents spectacles de vedettes locales et internationales, comme Michel Louvain, Charles Aznavour ou Charles Trenet.
Le Faisan Doré bien connu et apprécié des Montréalais et des touristes grâce à ses spectacles haut de gamme est la propriété de la famille Cotroni. Polis et tranquilles, Vic Cotroni et ses acolytes viennent souvent prendre un verre et sont servis par Thérèse, qui ne voit et n’entend rien de ce qui se passe à table. Après une longue soirée de travail, elle se déplace au mythique Montreal Pool Room pour se restaurer d’un hot dog sur la Main.
Ce texte de Maryse Bédard est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 37.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.