La Petite Italie est le cœur de la présence italienne à Montréal. Pourtant, les Italo-Montréalais se sont installés dans tous les quartiers et colorent généreusement le paysage de la ville.
Carlo Honorato Catelli
Les premiers Italiens
Les livres d’histoire de l’Amérique du Nord mentionnent souvent l’apport de Jean Cabot, cet explorateur engagé par l’Angleterre pour découvrir une route vers les Indes. De son vrai nom, Giovanni Cabotto, il serait l’un des premiers Italiens (Vénitien) à mettre le pied sur le continent (1497). Bien après M. Cabotto, des Italiens sont de passage à Montréal comme militaires, que ce soit avec le régiment Carignan-Sallières (1665) ou, après la conquête britannique, avec l’armée anglaise. Au XIXe siècle, comme en témoigne l’histoire des Catelli, des Italiens viennent comme artisans ou commerçants. En 1881, ils sont une centaine à Montréal. À partir de ce moment, leur nombre ne fait que décupler.
La grande migration
Statue de Giovanni Caboto
Grâce aux agents recruteurs qui travaillent pour le compte de géants comme le Canadien Pacifique, des canaux de communication se créent entre Montréal et les villages d’Italie. Ces agents font miroiter aux Italiens des contrats attrayants. Pourtant, à leur arrivée dans la cité, ces derniers connaissent les difficultés des ouvriers saisonniers et les conditions de travail imposées par un capitalisme sauvage.
Plusieurs Italiens décident de s’installer définitivement à Montréal et encouragent leurs famille et amis à les rejoindre. L’immigration de parrainage supplante bien vite le système des agents. En 1901, on compte près de 1500 Italiens à Montréal. Dix ans plus tard, 7000 Italiens vivent dans la métropole.
Les premières paroisses italiennes
Square Dante
Les Italiens de la Petite Italie partagent leur quotidien avec une majorité canadienne-française. En 1930, ce sont 30 % des Italo-Montréalais qui y demeurent. La présence italienne est partout dans métropole. Les gens se rassemblent en fonction de leur village et de leur région d’origine. Les mariages et les organismes communautaires témoignent de cette fidélité à leur ville natale.
Fascisme et conflit mondial
Orphelinat italien San Giuseppe.
Une succession de facteurs provoquent un ralentissement important de l’immigration italienne vers le Canada. Dans les années 1920, Benito Mussolini, président de l’Italie, impose une loi pour restreindre l’émigration. Dans les années 1930, la crise économique pousse le Canada à fermer ses portes aux immigrants. La Seconde Guerre mondiale diminue à son tour les déplacements internationaux.
À Montréal, cette période est assombrie par l’émergence d’un discours fasciste. Une propagande entretenue par le consulat italien et des membres de l’élite de la communauté cherche à rallier les Italiens expatriés au régime fasciste de leur mère partie. Cet épisode provoque des tensions internes et externes chez les Italo-Montréalais. Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs d’entre eux sont mis sous surveillance ou internés comme « étrangers ennemis ».
L’après-guerre
Italiens - pique-nique
Ces néo-Montréalais viennent en majorité grâce au parrainage. La Petite Italie déborde désormais vers Saint-Michel, Montréal-Nord et Saint-Léonard. D’autres Italiens demeurent à Lachine ou à Ville-Émard. Un réseau grandissant d’entrepreneurs italiens encourage cette expansion. Ces derniers adaptent le classique duplex montréalais aux besoins de leur communauté, soit en offrant des logements avec un sous-sol (pour les charcuteries) et, évidemment, un espace pour le potager. Avec leurs briques blanches et leurs ornementations, ils donnent une couleur architecturale qui se remarque dans plusieurs zones de la ville.
Bien qu’un groupe d’hommes d’affaires influents s’enrichissent, la majorité des Italiens sont des ouvriers qui connaissent des conditions de travail difficiles. Ils tirent toutefois profit de la prospérité de l’après-guerre et, de manière générale, leurs enfants atteignent un meilleur niveau de vie. En 2011, ce sont 264 000 Montréalais qui se déclarent d’origine italienne.
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