Des commerces, comme le célèbre restaurant Schwartz’s, représentent les emblèmes visibles d’une communauté dont les contributions sont passées à l’histoire.
Communauté juive - monument national
À la suite de la Conquête britannique, quelques juifs sépharades originaires d’Angleterre s’installent à Montréal, où ils fondent une première congrégation en 1768, Shearith Israël (les vestiges d’Israël). Jusqu’à la fin du XIXe siècle, cette communauté demeure marginale et se fond dans la majorité anglophone de la métropole.
Une vague yiddish
Synagogue Sherith Israel
Dans la métropole, les juifs d’Europe de l’Est passent de quelques milliers en 1901 à 60 000 en 1931. Ces nouveaux arrivants sont de pays et de cultures diversifiés. Les congrégations juives se multiplient. Les Roumains fondent leur propre synagogue, pendant que les Autrichiens font de même. Leur point commun demeure leur idiome, le yiddish, qui devient la troisième langue parlée dans la métropole. Premier groupe non chrétien de l’ile, les juifs ashkénazes font leur place au sein d’une ville divisée et conçue pour deux groupes majoritaires, les protestants anglophones et les catholiques francophones.
Des Montréalais yiddishophones
Bibliothèque publique juive
Entre les « deux peuples fondateurs », la communauté juive développe ses propres institutions culturelles et caritatives. Le rapport complexe avec les commissions scolaires confessionnelles entraine l’ouverture d’écoles privées yiddish. Des institutions culturelles sont également mises sur pied. L’ouverture de la Bibliothèque publique juive (1914), en plus du succès du théâtre et de la littérature yiddish, fait de Montréal une des capitales culturelles de la diaspora juive.
Grève Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames
La crise économique des années 1930 et le contexte d’antisémitisme lancinant au Canada provoquent une baisse importante de l’immigration juive. Les Montréalais d’origine juive sont alors victimes de diverses stratégies discriminatoires. L’accès au logement et à l’emploi leur est difficile. Leurs commerces sont boycottés. Ils sont aussi la cible de fortes têtes ouvertement antisémites, comme Adrien Arcand qui fonde le journal Le Fasciste canadien et le Parti national chrétien.
Prospérité et diversité
Communauté juive - Camillien Houde
La communauté juive est-européenne se démarque par l’importance accordée à l’éducation. Les enfants d’ouvriers accèdent aux professions libérales. La prospérité d’après-guerre fait fleurir les petits commerçants. Cet enrichissement entraine le déplacement de ce groupe vers les quartiers anglophones de l’ouest de l’ile.
École Maïmonide
Les juifs ashkénazes sont originaires de l’Europe centrale et orientale. Ils sont de langue et de culture yiddish. À l’échelle internationale, ils représentent la plus importante frange du judaïsme.
Les juifs sépharades incarnent les traditions liturgiques des juifs dont les ancêtres ont vécu en Espagne et au Portugal, jusqu’à ce que ces pays les expulsent en 1492. Les juifs sépharades sont originaires des vastes régions d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et des pays européens telles l’Italie, la Hollande, la France, l’Allemagne et l’Angleterre.
ANCTIL, Pierre. « Les Juifs yiddishophones. Un siècle de vie yiddish à Montréal », dans BERTHIAUME, Guy et autres. Histoires d’immigrations au Québec, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2012, p. 61-76.
ROBINSON, Ira. « Le judaïsme à Montréal », dans ANCTIL, Pierre, et Ira ROBINSON, dir., Les communautés juives de Montréal. Histoire et enjeux contemporains, Québec, Septentrion, 2010, p. 23-37.