À partir des années 1950, les séfarades arrivent nombreux à Montréal. Leur venue modifie le visage de la communauté juive montréalaise, jusqu’alors à prédominance ashkénaze et anglophone.
Séfarades
Entre 1880 et 1914, près de 60 000 juifs ashkénazes qui fuient les pogroms de la Russie arrivent à Montréal. La communauté juive de Montréal gagne alors en importance et elle est majoritairement composée d’ashkénazes.
Les bouleversements à la suite de la Seconde Guerre mondiale
Séfarades
Entre 1960 et 1991, 7995 juifs marocains s’établissent dans la ville. Les juifs algériens sont moins nombreux à venir s’établir à Montréal, la plupart d’entre eux ayant obtenu la nationalité française en 1870, ce qui facilite leur établissement en France. En 1967, la guerre des Six Jours, qui se déroule entre Israël et les pays arabes, contribue à l’exode des séfarades de l’Afrique du Nord, vers Montréal. Des juifs séfarades libanais, syriens, iraniens arrivent à Montréal pendant ces mêmes années.
En 2014, le parlement israélien adopte une loi pour la commémoration des juifs réfugiés des pays arabes et d’Iran. La communauté séfarade de Montréal, dont les membres sont en grande partie arrivés au Québec pendant cette période d’exil du XXe siècle, commémore cette journée à la fin du mois de novembre chaque année.
L’organisation d’une communauté francophone
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La fondation de l’association séfarade francophone, en 1966, puis la création de l’école Maïmonide en 1969 illustrent bien la vitalité de la communauté. La mise sur pied de cette institution met un frein à l’anglicisation des séfarades qui fréquentaient des écoles juives anglophones. Offrant les cycles primaires et secondaires, l’institution d’enseignement suit les programmes du ministère de l’Éducation en plus d’offrir des cours d’études juives. Du point de vue culturel, le Festival Séfarad de Montréal met à l’honneur l’art et la culture séfarades chaque année depuis sa création en 1980.
Une synagogue au fil des siècles
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Contribution à la recherche et à la rédaction : Daisy Boustany
En 2011, 22 225 personnes comptaient parmi la communauté séfarade établie dans la région métropolitaine de recensement de Montréal. Elles représentaient alors près du quart de la communauté juive de ce territoire, qui totalisait 90 780 personnes. Le quartier Côte-Saint-Luc compte à lui seul 5580 séfarades, alors que l’arrondissement de Saint-Laurent en recense 3365 et que 2205 sont établis dans l’ouest de l’ile de Montréal.
L’écrivain Naïm Kattan, né à Bagdad en 1928, s’établit à Montréal en 1954 après avoir séjourné à Paris. Amoureux de la langue française, il s’implique dès son arrivée au Québec dans l’organisation de la communauté séfarade et fonde le Bulletin du Cercle juif. Il se démarque comme critique littéraire au quotidien Le Devoir et œuvre au rapprochement de la communauté juive et des francophones. Son apport à la littérature québécoise est reconnu, comme en témoignent les nombreux prix qui lui sont décernés pour ses romans. Pendant plusieurs années, il se trouve à la tête du Service des arts et des lettres du prestigieux Conseil des Arts du Canada. Riche de ses racines multiples, il révèle dans son œuvre l’identité juive orientale et le parcours de l’émigré du Moyen-Orient vers l’Amérique.
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