Implanté dans les communautés culturelles et lié à la pègre internationale, le crime organisé montréalais s’impose dans toutes les activités illégales. Il corrompt aussi le monde légal et politique.
Maison de jeu, 1946
À partir des années 1940 émerge la figure de Vic Cotroni, à la tête d’un clan calabrais, qui sera le parrain de la mafia italo-montréalaise pendant presque 30 ans. Avec son associé Armand Courville, il tisse des liens avec des gangsters juifs et noue des complicités dans le monde politique. Courville se vantera même à un moment d’être « l’organisateur en chef » du Parti libéral. Cotroni doit en partie son ascendant à ses dons de conciliateur. Il se fait remarquer par Carmine Galante, l’émissaire de la famille mafieuse new-yorkaise des Bonanno, lorsque celle-ci décide de s’implanter à Montréal au milieu des années 1950.
Les activités du crime organisé
Rue Sainte-Catherine - Vic café
De plus en plus, on entend parler de la mafia, une organisation structurée de façon hiérarchique et dominée par un parrain ayant autorité sur des lieutenants et des soldats. Les profits de leurs activités criminelles remontent le long de cette pyramide, palier par palier, chacun récupérant sa part au passage. Une structure en apparence très solide et dont on connaît mal le fonctionnement réel, qui est peu à peu perçue par la population comme la prochaine grande menace contre l’ordre et la paix sociale. L’enquête sénatoriale Kefauver, qui couvre les États-Unis en 1950 et 1951 et dont les audiences télédiffusées seront extrêmement populaires, répandra les connaissances et les rumeurs au sujet de cette organisation secrète.
Harry Davis - journal
Ce texte de Mathieu Lapointe est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 154-156.
Caricature « Lifting the Lid »
« La pègre c’est un milieu. C’est le monde des criminels professionnels, des délinquants, qui plus souvent qu’autrement opèrent en groupes plus ou moins organisés, plus ou moins structurés. […] La pègre montréalaise, et on pourrait dire la même chose de la pègre québécoise (et c’est vrai partout dans le monde), […] prend la couleur de la réalité sociologique et de la réalité ethnoculturelle. » C’est ainsi que l’auteur Jean-Pierre Charbonneau décrit le monde du crime.
CHARBONNEAU, Jean-Pierre. La filière canadienne, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2002, 597 p.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
DE CHAMPLAIN, Pierre. Histoire du crime organisé à Montréal de 1900 à 1980, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2014, 502 p.
LAPOINTE, Mathieu. Nettoyer Montréal : les campagnes de moralité publique, 1940-1954, Québec, Septentrion, 2014, 395 p.