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Ethel Bruneau ou « Miss Swing »

09 septembre 2019

Reine des claquettes, danseuse et chanteuse, Ethel Bruneau conquiert dès les années 1950 la scène montréalaise, où elle côtoie les plus grands artistes. Son aura nimbe encore le monde des claquettes.

« I was the novelty act ‘cause I tapped, danced and I sang. I guess I was the Beyoncé of that era! »
[« J’étais la nouvelle attraction parce que je faisais des claquettes, je dansais et je chantais. Je crois que j’étais la Beyoncé de l’époque! »]
– Ethel Bruneau

Ethel Bruneau en 2013

Photo en couleurs d’une femme noire portant des lunettes et prenant la pose.
Photo d’Antonio Pierre de Almeida, Centre d’histoire de Montréal.
Née à Harlem à New York en 1936, Ethel Mae Waterman enfile ses premiers chaussons de danse dès l’âge de trois ans. Après avoir étudié le ballet et la danse à claquettes à la réputée Marie Bruce’s School of Dance, elle poursuit ses études à la High School of Performing Arts à New York.

Alors qu’Ethel accompagne une amie qui participe à une audition de danse pour se joindre à la tournée nord-américaine du très populaire chanteur jazz Cab Calloway, elle est remarquée par les recruteurs, qui lui offrent un poste dans la troupe de danse. C’est ainsi qu’elle se retrouve à Montréal en 1953 alors qu’elle n’a que 16 ans. Durant trois semaines, elle danse dans le spectacle de Calloway à Montréal et, électrisée par l’ambiance festive de la métropole, elle décide d’y rester.

« Miss Swing », reine des claquettes

Ethel Bruneau

Une jeune femme en costume de scène deux pièces exécute une figure arquée vers l’arrière.
Collection personnelle d’Ethel Bruneau
Ses multiples talents de danseuse et de chanteuse lui assurent des contrats dans les différents clubs de la ville, dont le populaire Rockhead’s Paradise, le Montmartre et le Mocambo, où elle côtoie les grands artistes de l’époque comme Alys Robi, Olivier Guimond, Jean Grimaldi, Gilles Latulippe et bien d’autres. Elle travaille avec dévouement toute la semaine et élabore des numéros différents chaque mois. Affectueusement surnommée « Miss Swing », elle introduit au Québec le rhythm tap dance, un style de claquettes sans musique, et épate le public montréalais avec ses numéros de danse afro-cubaine. Son métier l’amène également à voyager un peu partout en Amérique du Nord, pour son plus grand plaisir.

En 1957, Ethel fait la rencontre d’Henri « Ti-Rouge » Bruneau, serveur dans les boîtes de nuit, qu’elle épouse peu de temps après. Au début des années 1960, elle fonde sa propre école de danse et enseigne parallèlement les soins infirmiers. Sa passion pour la danse la suit toute sa vie et, en 2009, on lui décerne le prix Martin Luther King Jr. pour souligner sa contribution exceptionnelle au milieu artistique et culturel afro-canadien.

Ethel Bruneau sur la mafia dans les clubs

Ethel Bruneau sur la mafia dans les clubs

Durée : 3 min 52 s

Extrait de l’entrevue avec Ethel Bruneau réalisée dans le cadre de l’exposition Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960, présentée au Centre d’histoire de Montréal du 15 novembre 2013 au 2 avril 2017.

Réalisation : 
Antonio Pierre de Almeida

Ce texte de Maryse Bédard est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 63.

Référence bibliographique

CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.