Gardien de la mémoire collective du Quartier chinois, le personnage de Timothy Chiu Man Chan demeure aujourd’hui une source de sagesse et un symbole de résilience.
Dans le cadre de l’exposition Dialogue avec la communauté sino-montréalaise, le MEM est allé à la rencontre de personnes de la communauté. Ici, le parcours de Timothy Chiu Man Chan.
—
Tout immigrant en sait long sur les joies et les peines de quitter ses repères pour se faire un avenir à la hauteur de ses rêves. Reconnu comme l’historien de facto par sa communauté, Chan a dévoué plus d’un demi-siècle à documenter et à préserver les récits des lo wah kiu (vieux Chinois d’outre-mer) afin de les transmettre aux prochaines générations.
Un « fils sur papier »
Timothy Chan
Comme environ 11 000 Chinois, Timothy est arrivé au Canada en tant que « fils sur papier ». En effet, après l’abrogation de la Loi d’exclusion, les restrictions sur l’immigration chinoise se sont poursuivies : seuls les conjoints et les enfants des citoyens canadiens ainsi que les résidents permanents ont le droit d’entrer au pays. Grâce à des documents achetés par son oncle, Timothy adopte l’identité d’une personne née sur le territoire canadien. Comme la plupart des « fils sur papier », il doit garder secrète sa véritable identité et limiter ses interactions sociales sous crainte de déportation.
La découverte d’une nouvelle culture
Dongfeng newspaper
L’appel du vent de l’Est
Timothy Chan
En 1973, la société Dongfeng ferme ses portes et cesse la publication de son journal. « Les membres ont commencé à avoir des familles, et on ne pouvait s’occuper du journal que dans la soirée. Je suis vraiment fier de tout ce qu’on a accompli durant ces années. Je pense qu’on a renforcé les relations diplomatiques entre les deux pays, et on a pu permettre aux Canadiens de mieux comprendre nos combats », déclare Chan.
Écrire le périple sino-canadien
Timothy Chan
Depuis que Chan a posé les pieds au Canada, il s’est engagé à défendre son héritage et à faire valoir la contribution des Chinois d’outre-mer à la société canadienne. Après avoir participé à de nombreuses organisations et occupé des postes importants, il se donne la mission d’écrire l’histoire sino-canadienne, trop souvent ignorée. Il visite alors plusieurs personnes âgées, documente leur vie et recueille des textes, des images et d’autres empreintes culturelles qui conservent tous de précieux souvenirs. La réputation de maître Chan dans le domaine de l’étude sino-canadienne se fait connaître : il est en demande et donne de nombreuses conférences universitaires à travers le pays. En 2007, Chan fait une présentation à l’exposition de photos de l’histoire canadienne-chinoise inaugurée au musée McCord. « Cette exposition s’est terminée en avril 2008. Les visiteurs sont venus du monde entier. J’ai été vraiment ému. Après l’exposition, j’ai fait don des photos au musée », explique Chan.
En 2013, l’historien se rend en Chine avec le maire de Montréal et fait une visite distinguée à Guangzhou pour y présenter le premier numéro du journal Dongfeng au musée des Chinois d’outre-mer de Guangdong. La même année, il organise des visites guidées dans le Quartier chinois pour raconter l’histoire de chaque bâtiment, arcade et rue qui ont marqué les pages de sa jeunesse.
Au fil de sa carrière, Chan accumulera plus de 400 reliques culturelles dont il fait don à plusieurs institutions canadiennes et chinoises.
Le souhait d’un vieil historien
Malgré ses 85 ans, Chan reste vif d’esprit et continue à étudier et à écrire sur l’histoire des Chinois d’outre-mer. Son plus grand souhait « est de préserver cette histoire afin de la transmettre aux prochaines générations. » Il espère que le système d’éducation intègrera ces récits dans ses programmes d’enseignement et que la société canadienne n’oubliera jamais la contribution des Chinois qui ont fait preuve de courage et de résilience pour surmonter le racisme et d’autres formes de discrimination sociale.
加拿大华人历史文化学会
「我是唐人街历史学家,已经记录了唐人街的发展和历史超过60年。」
—
「我在加拿大见证华人历史已有60多年。不幸的是,因为在学校里并没有教授相关的知识,人们对此知之甚少。我最大的愿望是能够保留这段历史,并传给我们的后代。我希望我们的孩子意识到并牢记祖先对加拿大社会所做出的宝贵贡献。这整段历史里包含了许多艰难且痛苦的时刻,但正是经历了这些挑战,我们才从中找到了力量和韧性。这些故事塑造了我们的身份,是不容忘记的。」- 陈超万
—
La traduction en chinois simplifié a été faite par Serena Xiong (熊吟) et révisé par Philippe Liu (刘秦宁).
加拿大華人歷史文化學會
「我是唐人街歷史學家,已經記錄了唐人街的發展和歷史超過60年。」
—
「我在加拿大見證華人歷史已有60多年。不幸的是,因為在學校沒有教授,人們了解不多。我最大的願望是能夠保留此歷史,傳給我們的後代。我希望我們的孩子意識到並牢記祖先對加拿大社會所做的寶貴貢獻。每個故事都經歷過艱難的時刻、痛苦的時刻,但是經過這些挑戰,我們鍛煉到能量和應變能力。這些故事塑造了我們的身份,是不容忘記的。」- 陳超萬
—
Traductrice : Wai Yin Kwok.