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Norman Bethune, la jeunesse d’un héros

17 février 2019
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Né dans un village ontarien, Bethune est élevé par une famille religieuse qui l’influence grandement. La Première Guerre interrompt ses études, mais ne le dissuade pas de devenir chirurgien.

Bethune vers 1905

Photo noir et blanc de Norman Bethune jeune homme
/ Bibliothèque et Archives Canada. PA-160709.
Henry Norman Bethune vient au monde le 3 mars 1890 à Gravenshurst, un village forestier situé à 160 km au nord de Toronto. Il est le deuxième enfant de Malcolm Nicolson Bethune, révérend presbytérien canadien, et de Elizabeth Ann Goodwin, une missionnaire de la même Église, rencontrée par son futur époux à Hawaï à l’issue d’un aventureux voyage en Australie.

La famille déménage souvent; pas moins de sept fois, au gré des communautés où le révérend Malcolm est appelé à prêcher. Ces nombreux changements initient le jeune Bethune au déracinement et au voyage. Il développe très tôt le goût du risque et de l’aventure. À six ans, il traverse seul la ville de Toronto sur 16 kilomètres, revenant à la tombée de la nuit au grand désespoir de ses parents et de la police, qui s’étaient lancés à ses trousses. Élevé dans l’obéissance et la crainte de Dieu, il développe un sentiment de révolte contre l’autorité et un esprit indépendant qui provoqueront plus tard d’innombrables conflits. Mais la ferveur de ses parents l’incite aussi à lutter pour de grandes causes.

Son grand-père Norman, chirurgien, artiste et écrivain, l’inspire, bien qu’il l’ait à peine connu. À huit ans, l’enfant exige de se faire appeler Norman et non plus Henry. Avant d’entamer ses études de médecine à Toronto en 1912, Bethune exerce d’innombrables emplois : garçon de table, chauffeur sur un navire des Grands Lacs, journaliste à Winnipeg. Au Reading Camp Association, un collège missionnaire de brousse, il bûche le jour et enseigne le soir à ses compagnons de travail. Il découvre le plaisir d’une vie rude alliant travail physique et effort intellectuel. Le jeune homme ne devient sans doute pas chirurgien par hasard. Ce métier s’est transmis sur quatre générations alors que ses ancêtres vivaient encore sur l’île de Skye, près des côtes écossaises.

Bethune en 1911

Photo noir et blanc de neuf hommes dans un camp de bûcherons en hiver
Bibliothèque et Archives Canada. C-056826.
En 1914, la Première Guerre mondiale amène le jeune Bethune en France, puis en Belgique. Il passe trois mois au front comme brancardier, et il découvre l’horreur de la guerre des tranchées, loin de l’imagerie des épopées héroïques : « La boucherie a commencé à me consterner. Je me demande même si elle en vaut la peine. Dans les services médicaux, je vois peu la gloire de la guerre, mais tout de sa dévastation. » Bethune est blessé à la jambe par un éclat d’obus. Il revient au pays, termine ses études de médecine et commence à exercer à Stratford, en Ontario. Mais, piqué au vif par une jeune femme qui lui reproche de ne pas servir sa patrie, il repart bientôt en Europe où il s’engage comme lieutenant chirurgien de la Royal Navy pendant 14 mois à bord du porte-avion HMS Pegasus.

Après la guerre, à l’aube de la trentaine, il poursuit son apprentissage de la pédiatrie et de la chirurgie à Londres et à Édimbourg. Il y découvre aussi la bohème, le flirt et la bonne chère…

Ce texte est tiré de l’exposition Les aventures de l’imprévisible Dr Bethune présentée par le Centre d’histoire de Montréal du 17 novembre 2009 au 29 août 2010.