Dans les années 1930 et 1940, le Rockhead’s Paradise a connu une popularité folle. Son fondateur, Rufus Rockhead, a été le premier propriétaire noir d’un club à Montréal.
Rufus Rockhead
En 1928, il achète le Mountain Hotel, situé au coin des rues de la Montagne et Saint-Antoine, à quelques pas de la Petite-Bourgogne, à Montréal. Quelques années plus tard, il rénove l’édifice et y ouvre le Rockhead’s Paradise, devenant ainsi le premier propriétaire noir d’un club à Montréal. L’établissement se déploie sur trois étages : le bar occupe le rez-de-chaussée, avec un comptoir d’une longueur de 23 mètres, un des plus longs au Canada à l’époque, tandis que la scène se trouve au deuxième étage. En lieu et place des chambres du Mountain Hotel, le troisième étage abrite une deuxième salle de spectacle avec une ouverture au milieu du plancher qui permet aux spectateurs de voir la scène située un étage plus bas.
Une renommée continentale
Rufus Rockhead
Le Rockhead’s Paradise maintient le cap malgré plusieurs problèmes de licence d’alcool au fil des ans. En effet, en 1937, un an après l’arrivée de Maurice Duplessis à la tête du gouvernement provincial, la licence de Rufus Rockhead est révoquée, et celui-ci se voit dans l’obligation de fermer sa boîte de nuit durant une courte période. Puis, entre 1953 et 1962, Rufus perd de nouveau son permis parce qu’il aurait vendu de l’alcool après l’heure de fermeture légale des boîtes de nuit de l’époque. Il est ainsi contraint de n’ouvrir que la taverne située au rez-de-chaussée au moment où l’âge d’or des cabarets bat son plein à Montréal. Il reprend ses activités par la suite, mais sans connaître la popularité folle des années 1930 et 1940.
Rufus Rockhead - verre
Ce texte de Maryse Bédard est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 61.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
GILMORE, John. Une histoire du jazz à Montréal, trad. de l’anglais par Karen Ricard, Montréal, Lux Éditeur, 2009, 411 p.