De Jacques Viger à Valérie Plante, 44 hommes et une femme se sont succédé à la mairie. Mais très peu d’électeurs pouvaient voter en 1833. Le processus de démocratisation a toutefois suivi son cours depuis.
William Hales Hingston et la variole
Lors du premier scrutin, en juin 1833, seuls 44 électeurs exercent leur droit de vote, le quartier Sainte-Anne étant le seul où des candidats se disputent les deux postes de conseillers. Pour voter, il fallait être de sexe masculin, âgé d’au moins 21 ans, être propriétaire et résider à Montréal depuis un an. En 1860, s’y ajoutent les hommes locataires ayant payé leurs taxes et acquitté la corvée. En 1889, on étend le droit de vote aux veuves et aux filles majeures propriétaires et, 10 ans plus tard, à celles qui sont locataires. Les femmes mariées propriétaires et celles mariées sous le régime de séparation de biens ne pourront s’en prévaloir qu’en 1934. Le suffrage universel n’est adopté qu’en 1968, faisant passer le nombre d’électeurs de 380 068 aux élections de 1966 à 698 369 à celles de 1970. Ajoutons que le scrutin secret est introduit en 1889.
Les voies vers la politique
Mairie - Dépouillement de votes, 1947
Le conseil est composé majoritairement d’anglophones jusqu’en 1882. Il faut se souvenir que Montréal compte davantage d’anglophones jusqu’en 1867. Ce qui n’empêche pas certains francophones de se démarquer, tel Jean-Louis Beaudry, le premier maire à cumuler 10 mandats. À la mairie, il existe une règle non écrite d’alternance entre maires anglophone et francophone, mais cette règle est régulièrement transgressée. À partir de 1914, cette pratique est carrément abandonnée. Médéric Martin et Camillien Houde sont sans conteste les figures dominantes de cette première moitié du XXe siècle. Avec ses 30 ans de règne, Jean Drapeau est un cas à part tellement l’homme est identifié aux grands projets et à l’image internationale de Montréal.
Des régimes municipaux en évolution
Médéric Martin
Depuis l’octroi de sa première charte en 1832 jusqu’à aujourd’hui, Montréal a connu pas moins de sept régimes de gouvernement différents. Octroyée pour quatre ans, la première charte de la Corporation de la Cité de Montréal ne fut pas renouvelée en 1836, l’Assemblée législative ne siégeant pas. Une deuxième charte est accordée à Montréal en 1840. Jusqu’en 1852, le maire est choisi par les conseillers. Charles Wilson fut le premier maire élu par les électeurs. Le poste de maire, bien que prestigieux, ne donne que peu de pouvoirs à son titulaire; il ne siégera au comité exécutif qu’en 1949. Ce sont véritablement les présidents des comités (finance, voirie, santé, etc.) qui administrent la Ville. En 1909, suite à un référendum, un bureau des commissaires est créé, l’ancêtre du comité exécutif. À la suite des difficultés financières de la Ville, le gouvernement provincial impose sa tutelle de 1918 à 1921 et de 1940 à 1944. En 1940, le gouvernement soumet Montréal à un nouveau régime fort complexe. Le conseil municipal est désormais composé de 99 conseillers issus de trois catégories : les 33 conseillers de la classe A sont élus par les propriétaires, ceux de la classe B par les propriétaires et les locataires et les conseillers de la classe C sont nommés par 13 associations. La classe C est abolie en 1960 et la classe A en 1962. Les années 1950 voient les premiers partis politiques municipaux s’organiser; ils sont reconnus officiellement en 1980.
Mairie - Conseillers municipaux en 1947
Cet article est paru dans le numéro 37 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Le Centre d'histoire de Montréal a présenté l'exposition « Leurs Honneurs, Messieurs les Maires » du 18 septembre au 6 décembre 1998.
Jacques Viger, Peter McGill, Joseph Bourret, James Ferrier, John Easton Mills, Édouard-Raymond Fabre, Charles Wilson, Wolfred Nelson, Henry Starnes, Charles-Séraphin Rodier, Jean-Louis Beaudry, William Workman, Charles-Joseph Coursol, Francis Cassidy, Aldis Bernard, William Hales Hingston, Sévère Rivard, Honoré Beaugrand, John Caldwell Abbott, Jacques Grenier, James McShane, Alphonse Desjardins, Joseph-Octave Villeneuve, Richard Wilson-Smith, Raymond Préfontaine, James Cochrane, Hormidas Laporte, Henry Archer Ekers, Louis Payette, James John Edmund Guerin, Louis-Arsène Lavallée, Médéric Martin, Charles Duquette, Camillien Houde, Fernand Rinfret, Adhémar Raynault, Jean Drapeau, Sarto Fournier, Jean Doré, Pierre Bourque, Gérald Tremblay, Michael Applebaum, Laurent Blanchard (intérim), Denis Coderre, Valérie Plante
MARSOLAIS, Claude-V., et autres. Histoire des maires de Montréal, Montréal, VLB Éditeur, 1993, 323 p.
DAGENAIS, Michèle. La démocratie à Montréal, de 1830 à nos jours, Montréal, Ville de Montréal, 1992, 52 p.
BOURASSA, Guy. « Les élites politiques de Montréal : de l’aristocratie à la démocratie » dans Richard DESROSIERS. Le personnel politique québécois, Montréal, Boréal express, 1972, pp. 117-142. (Coll. « Études d’histoire du Québec, no 3 »).