Au début du XXe siècle, l’Afrique est peu connue des Montréalais. C’est à travers les lunettes des missionnaires qu’ils en font la découverte.
Centre Afrika
La maison des Pères blancs de Montréal
Pères blancs
Il faut attendre 1934 pour voir l’ouverture de la maison des Missionnaires d’Afrique à Montréal, la plus grande ville catholique en Amérique du Nord. Les quelques religieux en tunique blanche algérienne s’installent au 1626 rue Saint-Hubert dans le quartier Saint-Jacques. Lorsqu’une bâtisse voisine (au 1644 rue Saint-Hubert), celle de l’Académie Saint-Ignace (un collège pour filles), se libère en 1941, les Pères blancs y emménagent. Ils occupent toujours cet espace en 2017.
Pères blancs
Récits missionnaires et charité chrétienne
Pères blancs
De notre point de vue contemporain, certaines représentations de l’Afrique proposées alors par les missionnaires peuvent être jugées racistes, paternalistes et ethnocentriques. Elles suggèrent souvent l’infériorité des Africains, leur besoin d’être « civilisés » et, avant tout, évangélisés. À l’époque, elles suscitent néanmoins la charité chrétienne des Montréalais. Entre 1920 et 1948, environ 10 millions de dollars et des tonnes de matériaux sont amassés pour les missions canadiennes-françaises, qu’elles visent l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique du Sud.
Pères blancs
Les Montréalais originaires d’Afrique
La période suivant la Seconde Guerre mondiale annonce d’importants bouleversements au Québec et dans le monde. La vie missionnaire prend un nouveau tournant. Elle fait désormais la promotion du dialogue interreligieux et d’une charité libre du paternalisme et du moralisme d’antan. Au Québec, les communautés religieuses sont ébranlées par le mouvement de laïcisation des institutions et des services. Les Pères blancs n’échappent pas à cette période de réflexion. Ils réaffirment leur engagement envers l’Afrique et décident d’investir plus de temps à la sensibilisation des Canadiens au travail des missionnaires.
Centre Afrika
Le Centre Afrika
À la demande des Montréalais d’origine africaine, les Pères blancs mettent en place le Centre Afrika, au sous-sol de leur bâtiment. Le Centre Afrika devient, au fil du temps, un lieu d’accueil, de rencontre et de soutien pour tous les Africains, sans égard à leur origine ou à leur religion.
Centre Afrika - Journées africaines à l'Écomusée
Merci au Centre Afrika et à l’Écomusée du fier monde d’avoir contribué à la recherche nécessaire à la rédaction de cet article et à la validation de son contenu.
Charles Lavigerie, originaire de France, occupe le siège épiscopal d’Alger à partir de 1866. Interpellé par le continent africain, il fonde, en 1868 et 1869, les Missionnaires d’Afrique, surnommés les Pères blancs, et les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, les Sœurs blanches. Son œuvre trouve rapidement des échos au Canada français avec l’ouverture du postulat de Québec en 1901.
Au début du XXe siècle, plusieurs communautés religieuses destinées au missionnariat sont créées. En 1953, le nombre de missionnaires canadiens en Afrique est estimé à 925. Six ans plus tard, 1500 sont dénombrés qui proviennent de 48 sociétés religieuses et sont présents dans 22 pays. Les Canadiens français composent 80 % des effectifs missionnaires du Canada.
L’accroissement rapide du missionnariat canadien est, entre autres, favorisé par l’expansion coloniale européenne en Afrique. Le partage politique et économique de l’Afrique, lors de la Conférence de Berlin (1884-1885), s’accompagne d’une volonté « civilisatrice » qui repose notamment sur la religion. Les pays colonisateurs facilitent ainsi l’arrivée des missionnaires.
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