Usines de fabrication, commerces spécialisés, ateliers de réparation… les entreprises liées à la radio se multiplient à Montréal dans le deuxième quart du XXe siècle.
Radio - P48,S1,P22904
Les publicités inondent les journaux et alimentent l’enthousiasme des amateurs. Des magasins spécialisés ouvrent leurs portes, et les grands détaillants de meubles se dotent de rayons radio. Les entreprises envoient des brochures informatives aux adeptes pour les familiariser avec la nouvelle technologie. Déjà en 1922, un commentateur du magazine La Canadienne écrit : la « radio est devenue chose si universelle, je dirais même si commune, qu’il est utile à chaque homme, chaque femme, chaque enfant du nouveau siècle, d’en connaître les principes fondamentaux ». À la fin de la décennie, presque 40 % des ménages de la métropole possèdent un récepteur.
Une compagnie pionnière
Whitman Radio Compangy
Avec l’arrivée des premières stations de radio commerciales en 1922, un réel engouement s’empare de Montréal. La Presse en profite pour publier de nombreux articles expliquant le fonctionnement de cette nouvelle technologie. Plus encore, on y détaille les différentes étapes pour assembler un récepteur. Les plus téméraires pourront ainsi tenter de construire un appareil radio eux-mêmes afin d’économiser.
La compagnie Marconi a prévu le coup : elle ouvre en 1922 une filiale nommée The Scientific Experimenter au 33, avenue McGill College, où l’on peut se procurer toutes les pièces nécessaires pour réaliser le projet. Le magasin se vante d’ailleurs dans son catalogue de 1922 d’avoir « le plus grand assortiment d’appareils et d’accessoires de radio de tout le pays! » Chez Whitman, au 261, rue de Bleury, on promet même aux clients de pouvoir monter, à l’aide des pièces vendues en magasin, un récepteur radio entier pour seulement 5 $. Considérant que les radios les plus chères de l’époque peuvent coûter jusqu’à 900 $, c’est un pensez-y-bien!
Rendez-vous sur la rue Sainte-Catherine
Magasin Hartney
À deux pas se trouve aussi le magasin de meubles de N. G. Valiquette, installé entre les rues Saint-Hubert et Saint-André depuis 1894 jusqu’à sa fermeture au début des années 1980. Dans un article de 1931, M. Langevin, directeur du magasin, rappelle que « la radio doit allier la beauté musicale à celle de l’apparence ». Ainsi, outre l’intérêt technologique de la radio, le meuble en soi doit être bien choisi pour s’agencer avec tout le reste du mobilier. Des experts en design sont même sur place pour aider les clients à bien harmoniser leur décor.
Du côté ouest, dans les années 1930, deux grandes chaînes se font concurrence. Impossible pour un passant de ne pas remarquer les imposantes vitrines du magasin Hartney, entre les voies McGill College et University (aujourd’hui Robert-Bourassa). Les clients peuvent y payer leur radio en plusieurs versements, pour seulement 1 $ par semaine. On garantit même « 2 heures d’épreuves rigoureuses » avant de livrer le meuble.
Au 1112 Sainte-Catherine Ouest, près de la rue Peel, le magasin Lindsay’s se spécialise quant à lui en vente de pianos, orgues et radios. On y propose des meubles radio aux noms thématiques assez évocateurs, comme Rondo ou Operetta! La compagnie mise sur la qualité sonore de ses produits : elle inaugure des « salons de démonstration » où le consommateur peut comparer différents récepteurs et choisir celui qui, « d’après son oreille, son jugement et son goût, offre le plus d’avantages ».
Un problème? Appelez le réparateur de radio du quartier!
Radio - Victoriatown
Avec l’arrivée de la télévision dans les années 1950, la plupart de ces entreprises doivent s’adapter et proposer de nouveaux produits et services. Aujourd’hui, les ateliers de réparation, autrefois chose commune dans les quartiers, sont presque tous disparus. Quelques entreprises, toutefois, continuent d’offrir des services semblables, mais les spécialistes sont rares. C’est le cas de Radio St-Hubert, établi sur la rue du même nom depuis 1963. Sur l’avenue du Parc, près de la rue Van Horne, Radio Hovsep existe aussi depuis 1967. L’entreprise tire son nom de son fondateur, Joseph Hovsepian, immigrant grec d’origine arménienne. On y répare les vieilles radios et on y vend de l’équipement ancien, au grand plaisir des nostalgiques qui fréquentent l’endroit! Certaines institutions montréalaises, comme l’institut Teccart, situé dans la rue Hochelaga, continuent d’offrir une formation pour les futurs techniciens en télécommunications.
Merci à Alain Dufour de la Société québécoise des collectionneurs de radios anciens d’avoir contribué à la vérification du contenu de cet article.
Dossier radio
« La maison N. G. Valiquette », Le Devoir, 19 septembre 1931, p. 13.
« Marconi et Hartney », La Presse, 12 octobre 1936, p. 8.
« La maison Lindsay », Le Devoir, 19 septembre 1931, p. 13.