Lieu essentiel pour la communauté noire de la Petite-Bourgogne et de Montréal, l’Union United Church est associée à deux figures marquantes, Anne Greenup et le révérend Charles Este.
Lieu : 3007, rue Delisle
1907 : Fondation de l'Union Congregational Church
Union United Church - chemin de fer
Le dévouement d’Anne Greenup
Union United Church - groupe de femmes
Ainsi, une communauté noire anglophone se forme, particulièrement dans le quartier de la Petite-Bourgogne. Plusieurs industries reliées aux chemins de fer y sont situées. La situation des Noirs canadiens est alors particulièrement difficile. Ils ne peuvent ni loger, ni travailler, ni même étudier où ils le souhaitent. Les Noirs se voient même refuser l’entrée des lieux de culte.
Dans ce contexte, des épouses et filles de porteurs ferroviaires, dont Anne Greenup, forment le Coloured Women’s Club of Montréal (CWC) en 1902. Ce club promet de « venir en aide aux Noirs de Montréal par tous les moyens dont il dispose ». Les besoins sont nombreux pour cette communauté, ignorée par la majorité, au point que même les réseaux de solidarité font la sourde oreille. Avec ses compagnes, Anne – épouse d’un cheminot parti des États-Unis pour s’établir à Montréal à la fin du XIXe siècle – organise des refuges, distribue la soupe, soigne les malades, conseille les mères célibataires, aide les sans-abri et sans-emploi des quartiers Saint-Henri et Saint-Antoine. L’action de Mme Greenup a encore des échos de nos jours. Depuis 1997, le Prix Anne-Greenup pour la solidarité, décerné par le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration du Québec, souligne la contribution exceptionnelle d’individus et d’organismes pareillement engagés.
La première église noire de Montréal
Union United Church - 2017
La Union United Church se démarque rapidement des autres institutions religieuses de l’époque. Par exemple, pendant la Première Guerre mondiale, en raison du manque d’hommes, certaines femmes dirigent la messe. Puis, pendant la prohibition et au début des années 1930, de nombreux musiciens et chanteurs noirs américains viennent se produire à Montréal. Plusieurs jouent au Rockhead Paradise, un club célèbre situé à proximité. Malgré les nuits endiablées, beaucoup de ces jazzmen se rendent chaque dimanche matin au service de la Union United Church. Les premières chorales gospel de Montréal seraient ainsi nées sous l’influence de ces Américains de passage.
L’influence du révérend Charles Este
Révérend Charles Este
Dans les années 1930, lors de la Grande Dépression, le révérend Este s’assure d’aider les cheminots qui ont perdu leur emploi, en sollicitant par exemple des dons auprès d’entreprises et d’organisations diverses. Este réclame que les Noires aient accès à la formation d’infirmière dans les hôpitaux. Le révérend proteste contre les politiques discriminatoires et racistes des Forces armées — permettant ainsi l’engagement de sa communauté dans l’effort de guerre. Par surcroît, l’Union Church et son révérend développent toute une panoplie de programmes sociaux et de formations en danse, en cuisine et en menuiserie, des occupations courantes pour les Noirs à l’époque. C’est ainsi que naissent le Debating Club, le Negro Theatre Guild ou le Negro Community Centre, qui siègent pendant plusieurs années dans le sous-sol de l’église. C’est aussi dans cette église que les jeunes Oscar Peterson et Oliver Jones, deux grands du jazz montréalais, font leurs débuts au piano.
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Le révérend Este annonce sa démission en 1967, après 42 ans de travail auprès de la communauté noire de la Petite-Bourgogne et de Montréal.
L’Union United Church depuis 1967
Negro Community Centre - enfants et Drapeau
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Dans les années 2000, la Petite-Bourgogne est un quartier où vivent des Montréalais de toutes origines. L’Union United Church semble alors avoir fait son temps après 100 ans d’existence et menace de s’effondrer. Elle ferme ses portes pendant quatre ans, et on fait appel à tous les Montréalais pour réunir le million de dollars nécessaires aux travaux. Le 14 juin 2015, l’église rouvre enfin ses portes. Lors du premier office, Oliver Jones accompagna même les chants des fidèles au piano. Complètement rénovée, l’église accueille à ce jour plus de monde que jamais. De quoi continuer encore pendant 100 ans!
Contribution à la recherche et à la rédaction : Neal Santamaria.