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L’hôtel de ville de Saint-Louis-du-Mile-End

12 juin 2019
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Véritable pastiche des châteaux de la Loire, l’édifice n’a abrité les élus de Saint-Louis que quatre ans, les coûts de sa construction ayant précipité l’annexion de la municipalité à Montréal.

Mile End - hôtel de ville

Carte postale monochrome montrant l'hôtel de ville de Ville Saint-Louis.
Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Collection Magella Bureau.
La « Maison municipale » de Saint-Louis-du-Mile-End se trouvait initialement sur la rue Saint-Dominique, au sud du boulevard Saint-Joseph, à l’emplacement de la cour de l’actuelle école Saint-Enfant-Jésus. Mais, lorsque le village acquiert le statut de ville, en 1895, les élus songent à un édifice plus prestigieux et font l’acquisition d’un terrain situé au coin des voies Saint-Louis (actuelle avenue Laurier) et Saint-Laurent.

Le 2 août 1897, l’ingénieur municipal, Joseph-Émile Vanier, qui est également architecte, offre au conseil de concevoir les plans du nouvel édifice. Il propose une « bâtisse confortable et sans prétention », qui abritera, en plus du conseil municipal, le poste de police, une caserne de pompiers, un bureau de poste et la cour municipale. Le conseil accepte l’offre, mais il recule en septembre, face à l’opposition de contribuables qui estiment que les coûts prévus — 60 000 dollars — sont trop élevés.
Le projet est relancé en 1902 et, même si les plans montrent que la bâtisse « sans prétention » se veut une copie des châteaux de la Renaissance française, avec donjons, mâchicoulis et tourelles, les coûts ont été baissés de moitié. Malgré cela, l’opposition d’une partie des citoyens demeure vive et les travaux ne commencent qu’en 1904. Le nouvel hôtel de ville est finalement inauguré en décembre 1905.

Un ensemble urbain remarquable

Mile End - carte postale

Carte postale montrant la station de pompier no 30, la Merchants Bank et le bureau de poste.
Collection du Centre d’histoire de Montréal. 645.
L’édifice vient couronner l’ensemble civique prestigieux aménagé par les élus de la ville de Saint-Louis autour du parc Lahaie, la place publique centrale. L’ensemble vise à donner l’image d’une banlieue d’exception et prospère : on érige une nouvelle façade néobaroque de l’église Saint-Enfant-Jésus, une succursale de la Banque des marchands, un nouveau bureau de poste et, enfin, le majestueux boulevard Saint-Joseph, réservé aux seules écoles et résidences, qui est complété la même année.

Les élus municipaux ne sont toutefois pas au bout de leur peine. Toute la façade du nouvel hôtel de ville doit être reconstruite entre 1908 et 1910, car la maçonnerie s’effrite à cause des nombreuses infiltrations d’eau. L’entreprise en maçonnerie Latreille & Frère et l’architecte Vanier se renvoient mutuellement la responsabilité. Déjà, une « Ligue des citoyens », formée en 1905, avait fait du dépassement des coûts lors de la construction l’un des principaux enjeux de la campagne électorale de 1906 : ceux-ci avaient doublé, rejoignant les prévisions de Vanier en 1897.

Et c’est sans compter que la durée de vie de l’édifice comme hôtel de ville est fort brève, puisque Montréal annexe la ville de Saint-Louis, lourdement endettée, le 1er janvier 1910. Les projets de prestige, comme l’hôtel de ville et le boulevard Saint-Joseph, auront contribué à cette dette.

Hôtel de ville St-Louis

Photo en noir et blanc représentant un édifice de pierre à l’architecture évoquant un château.
Archives de la Ville de Montréal, CA M001 VM094-Y-1-17-D0409.

Des rénovations effectuées en 1950 ont fait en sorte qu’il ne reste que peu de choses du caractère d’origine à l’intérieur du bâtiment, hormis une voute ornementée, cachée sous un faux plafond, et les cellules au sous-sol. L’édifice héberge aujourd’hui la caserne no 30 du Service des incendies de Montréal et, depuis 1980, le Musée des pompiers de Montréal.

Cet article est tiré du texte Hôtel de ville de Saint-Louis, rédigé par Yves Desjardins en 2016 et disponible sur le site Internet de Mémoire du Mile End. 

Référence bibliographique

DESJARDINS, Yves. Histoire du Mile End, Québec, Septentrion, 2017, 355 p.