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Le bain Émard

07 novembre 2017
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Le bain Émard est inauguré en 1914, quelques années après l’annexion des quartiers Émard et Saint-Paul à la Ville de Montréal.

Lieu : 6071, rue Laurendeau

1913 : Date de construction

Bain Émard

Photo noir et blanc de l'extérieur du bain Émard vu de la rue. Une jeune femme marche sur le trottoir devant.
Archives de la Ville de Montréal. VM166-R3123-2-002.
En 1910, l’échevin Joseph-Ulric Émard demande au conseil municipal l’établissement d’un bain public pour desservir les quartiers Émard et Saint-Paul, annexés la même année à la ville de Montréal. La question des bains publics prend de l’importance au tournant du XXe siècle : dans les quartiers ouvriers en développement, peu de foyers ont accès à l’eau chaude ou à une baignoire. On se baigne donc dans les rivières ou dans le fleuve Saint-Laurent, points d’eau pollués et dangereux à l’époque. En 1911, les journaux rapportent par exemple qu’un jeune homme de 17 ans est mort noyé alors qu’il prenait son bain dans le canal de Lachine, tout près de Ville-Émard.

Le projet de bain public dans les quartiers Émard et Saint-Paul est mis en branle en 1913. La Ville mandate alors l’architecte Théodore Daoust pour faire les plans d’un nouveau bain public. Au mois de novembre de cette même année, on décide de placer le bain dans la rue Rielle (maintenant Laurendeau). L’emplacement choisi sème la controverse au sein du conseil municipal : dans un article du Devoir, on explique que le bain public sera « construit à 1200 pieds de toute habitation dans une partie boisée et inaccessible, sans trottoirs, rue ou éclairage pour y mener ». Une carte du secteur, produite en 1912, confirme ces craintes : l’espace, mis à part quelques habitations situées dans les rues avoisinantes, est totalement vide. M. Émard, accusé d’avoir choisi le terrain sans avoir consulté ses pairs, se défend en expliquant que les quartiers Émard et Saint-Paul sont en pleine expansion et que, bien vite, cet espace deviendra central. Le temps lui donnera raison.

Le bain Émard, ouvert pendant plus de 100 ans

Bain Émard

Vue de face du bain Émard
Photo de Denis-Carl Robidoux. Centre d'histoire de Montréal.
Le bain Émard est l’un des 16 bains publics construits par la Ville entre 1883 et 1927. La popularité du lieu est mentionnée dans un article de journal de 1924 : au mois de juillet de cette année-là, pas moins de 10 342 personnes visitent l’établissement, ce qui en fait à l’époque le septième bain public le plus fréquenté de Montréal. Au courant du XXe siècle, on y tient aussi plusieurs compétitions sportives et cours de nage. Le bain Émard a même ses vedettes! En 1958, la championne du bain, Monique Savard, 11 ans, remporte les honneurs à l’épreuve de brasse d’une compétition entre les différentes piscines municipales de la ville. Plus tard cet été-là, la Ville tient des « Olympiques » à l’Île-Sainte-Hélène. Louise Brown, du bain Hogan, remporte quatre médailles. Savard arrive toutefois deuxième à l’épreuve de nage. Le bain Émard récoltera finalement 12 médailles aux Olympiques 1958, bien derrière l’équipe du bain Hogan, avec 88 mentions.

Le bain est également le sujet de nombreuses rénovations, notamment en 1932, en 1946, en 1959 et en 2005. En 2011, toutefois, la mairie d’arrondissement dépose son budget pour l’année 2012 et annonce la fermeture de la piscine. Plus de 6000 citoyens se mobilisent et signent une pétition afin de tenter de sauver le bâtiment. Ils obtiennent finalement gain de cause : le bain Émard, présent dans ce secteur de Côte-Saint-Paul depuis ses premiers balbutiements, reste aujourd’hui l’un des sept anciens bains publics de Montréal encore en fonction.

Contribution à la recherche : Société d’histoire Saint-Paul-Émard